Feu, les «purs et durs»

Pauline Marois - le couronnement


Il n’y a pas de concept plus galvaudé que celui de ce groupe de «purs et durs» du Parti québécois, qui feraient la pluie et le beau temps dans le parti et qui, de temps en temps, pour assouvir quelque pulsion étrange, sacrifient un chef…
Pourtant, depuis l’arrivée de Pauline Marois à la tête du PQ – elle en est, de facto, le chef depuis dimanche matin – on n’entend plus parler d’eux, même si elle a proposé d’entrée de jeu de ne plus lier un référendum à l’élection d’un gouvernement péquiste.
C’est parce qu’on se méprend sur la force réelle de ces «purs et durs». Oui, ils existent et, oui, ils sont capables de faire tomber un chef. Mais cela ne s’est produit formellement que dans une seule circonstance : quand le chef a abandonné l’idée même de la souveraineté. Donc, quand René Lévesque s’est lancé dans le «beau risque» du fédéralisme renouvelé sous Brian Mulroney et quand Pierre Marc Johnson a voulu abandonner la souveraineté au profit de «l’affirmation nationale».
Autrement, le PQ est notoirement dur avec ses chefs, mais ce n’est pas toujours la faute de ceux qu’on appelle les «purs et durs». Ceux qu’on n’appelle les «purs et durs» ne sont pas un mouvement organisé, Ainsi, on dit souvent que le SPQ Libre est le repaire des «purs et durs»; mais c’est une erreur. Il s’agit de l’aile gauche du PQ, sans doute. Mais il n’y a pas plus réfractaire à la stratégie ouverte qu’un syndicaliste. Dans la tradition CSN, on ne télégraphie pas à l’avance la date de son vote de grève!
Les «purs et durs» sont des gens que l’on retrouve un peu partout au PQ et qui utilisent des forums comme la revue L’Action nationale ou d’autres pour promouvoir leurs idées.
En fait, ce que cette faction du PQ a réussi à faire depuis plusieurs années, c’est de créer de toutes pièces des tests de pureté idéologique souverainiste. Pendant un temps, il fallait le souveraineté sans association ou sans trait d’union entre souveraineté et association.
Un test qui a échoué en 1995, quand le Oui s’en allait dans le mur sur un projet de souveraineté «pure et dure» et qui a fini par passer à quelques voix de gagner uniquement parce que Lucien Bouchard avait forcé Jacques Parizeau à faire un «virage» vers l’association.
Puis, le test est devenu le calendrier référendaire. On était un vrai souverainiste quand on allait faire un référendum rapide. Pas question de gouverner longtemps le «Québec-province». C’est ainsi qu’est née l’idée du référendum «le plus rapidement possible» dans le premier mandat. On a vu, aux dernières élections, les résultats de cette brillante stratégie.
Si les purs et durs en mènent moins large depuis quelques semaines, c’est que leurs idées n’ont pas marché. Tout simplement.
Il reste une idée que certains voudraient encore transformer en test de pureté idéologique : l’utilisation des fonds publics pour faire la promotion de la souveraineté. On dit que si Mme Marois veut remettre le référendum à plus tard, elle ne pourra remettre la promotion de la souveraineté.
Sauf qu’utiliser les fonds publics pour faire la promotion de son option, ça ressemble juste un peu trop à une version souverainiste du scandale des commandites : utiliser l’argent des citoyens pour acheter leur allégeance.
Les «purs et durs» auront beau essayer, il est peu probable qu’ils puissent faire très peur à Pauline Marois avec des arguments comme ceux-là…


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