Félix avait raison

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Leclerc était beaucoup plus conservateur que ce que ne le laisse croire la mythologie révolutionnaire-tranquille


Pas mal tout a été dit sur les tentations inquiétantes de censure qui pointent partout en 2020. Un texte du grand poète Félix Leclerc heurte les sensibilités de quelques parents bien-pensants et il est retiré du parcours scolaire des enfants. 


La symbolique des gestes est importante : on ne fait pas seulement annoncer aux enfants que le texte ne sera plus étudié ; il est physiquement retiré du cartable ! Histoire de baigner dans la rectitude politique cristalline, on insiste pour dire que ces quelques feuilles furent mises au recyclage. Comme si, la planète venant d’être sauvée, tout le reste était moins grave. 


Je n’en rajouterai pas sur l’importance de se tenir debout en pareilles circonstances. Enseignants comme directions d’école doivent tenir le fort devant les esprits purs, autoproclamés porteurs de cette vérité qui mène droit à un monde meilleur. 







Travailler 


J’insisterai plutôt sur le fond. « La meilleure façon de tuer un homme, c’est de le payer à ne rien faire » dit la célèbre chanson. Félix Leclerc a raison. Ancré dans sa logique de bâtisseur, il lance un avertissement qui retentit encore aujourd’hui. 


Je n’ai pas connu Félix Leclerc. Mais je demeure convaincu que cet humaniste ne s’opposait pas à l’existence de programmes de dernier recours pour répondre aux besoins d’une famille dont le principal soutien perd son emploi. Leclerc a connu les crises économiques. Son message aux gouvernements et aux compagnies était : « Trouvez du travail aux gens ! » « Permettez à chacun de gagner fièrement son pain ! » 


Ce texte de Félix Leclerc ne dénonce pas la solidarité d’une société qui vient en aide à celui ou celle qui connaît la déveine pour quelques mois. Ce texte constitue surtout un hymne au travail. L’humain doit travailler. Pour gagner sa croûte, oui, mais aussi pour son estime de soi. Tous ceux qui en ont la capacité doivent pouvoir connaître la satisfaction d’avoir contribué à la société. 







L’aide sociale 


Bien sûr qu’on pourrait y voir la critique de l’aide sociale qui devient un mode de vie. Peut-être notre chansonnier-poète avait-il anticipé ce risque... Dois-je rappeler que les parlementaires qui ont conçu le programme d’aide sociale avaient en tête une aide temporaire pour traverser une tempête ? Personne à l’époque n’envisageait que ce programme pourrait se substituer à une vie au travail pour des années, voire des décennies, dans le cas de certains individus. 


Il me semble difficile de qualifier de réussite collective une vie passée sur l’aide sociale, et même parfois son malheureux transfert à la génération suivante. Tout devrait être fait pour éviter ces scénarios. Aider les gens à se remettre au travail, quitte à devoir serrer la vis un peu. 


J’ai visité il y a quelques jours un centre de travail adapté, une entreprise où les postes de travail sont adaptés pour des personnes vivant avec un handicap physique ou intellectuel. Tous m’ont parlé de leur fierté de travailler, de faire partie d’une équipe, de contribuer. Avant de mentionner la paye. 


Nos enfants gagnent à entendre un message fort sur le travail. Encore en 2020. 





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