La chanson francophone en voie d’extinction

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Il est urgent d’assumer toute la compétence constitutionnelle en communications


Comment ne pas rebondir sur l’article intitulé «Who is Ariane Moffatt?», publié le 13 avril dernier par Sophie Durocher, texte à la fois percutant et inquiétant sur la disparition tranquille et néanmoins bien réelle de la chanson francophone au Québec ?  


En effet, parler de son piètre état et du peu de visibilité qu’elle a depuis la fin des années 90 n’est pas un luxe. L’alarme est sonnée depuis plus de 20 ans déjà, notamment par l’animatrice Monique Giroux – et bien d’autres encore –, mais à ce jour, rien n’est fait pour que les choses changent. Et pourtant, il y a péril en la demeure.








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Il est douloureux pour le mélomane que je suis de devoir faire face à un tel constat. J’aime un peu de tout, du classique jusqu’au jazz et depuis les Beatles jusqu’à Madonna. Mais je me suis toujours fait un devoir, même une fierté, de m’intéresser à la chanson francophone d’ici et d’ailleurs et de la promouvoir autant que faire se peut. Et ceci pour une raison évidente : parce qu’il s’agit de notre culture, de notre langue si belle et si riche et que, pour moi, Je t’aime dans une chanson, c’est aussi beau qu’I Love You. L’argument tient la route.


Peu de français à la radio


De 1968, année de la création de CFGL-FM par Jean-Pierre Coallier, jusqu’au début des années 2000, de nombreuses stations de radio diffusaient presque exclusivement de la chanson francophone, qu’elle soit du Québec ou de l’Europe. L’une des plus belles était CIEL-MF, dont le slogan, Paroles et musique des gens d’ici, résumait tout.





Seulement voilà, ces stations n’existent plus ou elles ont complètement changé de vocation, ne diffusant plus que de la pop anglophone sans saveur. De façon générale, la radio est devenue terne, les stations se ressemblant toutes. Toujours le même son, de telle sorte qu’au bout d’une heure, on a l’impression de n’avoir écouté qu’un seul morceau, et rarement en français.


Il y a peu, la question ne se posait pas ; les artistes québécois avaient leur place à la radio et ceux d’Europe venaient tous ici en grand nombre, attirés par un public qui leur garantissait le succès. D’Aznavour à Goldman, tous faisaient volontiers le voyage jusqu’à Montréal pour présenter leurs nouvelles créations. En ce sens, on peut dire que nous assistions constamment à une grande célébration de notre belle culture francophone.



Urgence d’agir


Mais depuis l’an 2000, peu de Français viennent ici. Bruel, Cabrel à l’occasion, et encore. Pourquoi ? Parce que leurs disques ne passent plus en radio. Alors comment peuvent-ils espérer en faire la promotion ? C’est impossible. Les gens n’achèteront pas ce qu’ils ne connaissent pas, c’est logique. Et pourtant, ces artistes nous offrent encore aujourd’hui des albums magnifiques et les plus jeunes, inconnus chez nous (Cyril Mokaiesh, Gauvain Sers, Vianney...), offrent du matériel plus qu’intéressant qui devrait impérativement être présenté aux Québécois.


Afin que la chanson francophone puisse continuer d’exister chez nous, il faut pouvoir l’entendre. Il y a donc urgence d’agir. Maintenant.






Photo courtoisie Dominick Trudeau




Donald Bilodeau, Écrivain, Anjou




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