La banalisation

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L'absence de réponse ferme de l'État donnera des idées à l'extrême gauche anticapitaliste


On aura beau être pacifiste, les événements de cet hiver nous rappellent que le respect de la loi et d’un certain ordre demeure la seule condition du vivre-ensemble. Autrement, on finit par avoir des groupes, puis des groupuscules qui causent un dérangement disproportionné à des millions de personnes. 


Au jour de l’An 2020, tous les Canadiens se seraient entendus pour dire que bloquer une voie ferrée constitue un geste extrême et inacceptable. Tout à coup, les tensions autochtones ont conduit à de tels blocages, notamment sur des territoires mohawks. Pris de court et voulant éviter un affrontement, les gouvernements ont toléré la chose. 







Le cas Saint-Lambert 


La semaine dernière, les événements ont pris une autre tournure lorsque des militants radicaux de gauche ont grimpé sur les rails en pleine ville de Saint-Lambert, sur la Rive-Sud. Parmi ces gens masqués, nous n’avons jamais su s’il se trouvait des Autochtones. La rumeur parlait d’étudiants universitaires ou collégiaux et d’activistes professionnels. 


Ils n’étaient pas des milliers. Tantôt une quinzaine, parfois jusqu’à trente, ils empêchaient la circulation d’un train de banlieue ainsi que les services de VIA Rail pour l’Est du Canada. Des milliers de passagers privés de service.  


Pourquoi bloquaient-ils la voie ferrée ? Certains se disaient en appui aux chefs héréditaires de Wet’suwet’en. D’autres évoquaient carrément un programme écologiste : on ne veut plus voir de pipelines au Canada. D’autres encore, ignorant la situation en Colombie-Britannique, se disaient solidaires de la nation Wet’suwet’en... même si la majorité dans cette communauté souhaite la fin des blocus et la réalisation du projet de pipeline. 


En résumé, pour un petit éventail de causes floues concernant un événement qui se déroule en Colombie-Britannique, une poignée de militants bloque la voie ferrée à Saint-Lambert. La vérité, c’est que la raison qui les amène à bloquer la voie ferrée, c’est que c’est soudainement permis. C’est toléré, sans conséquence. Ça peut même devenir un jeu ou un défi. 


Moi aussi ! 


Au fil des jours, des militants sont montés sur les voies ferrées à L’Isle-Verte, à Rimouski, en Gaspésie et sur le Go Train entre Niagara Falls et Hamilton. Une douzaine ici, une vingtaine là, pas besoin d’être nombreux pour avoir du fun. Puis hier, en cours de journée, des étudiants sont allés se placer sur les rails à Lennoxville (voir photo) dans les Cantons-de-l’Est. Pourquoi pas ? 


Je suis convaincu que la majorité des gens qui ont posé ce geste auraient vu la chose impensable il y a quelques mois à peine. Bloquer les trains ! Enlever ce moyen de transport aux passagers. Paralyser près de la moitié des transports de marchandises du pays. Puis une fois qu’on en voit d’autres le faire, on les imite. 


Ce processus se nomme la banalisation. Rendre banal ce qui était absurde, saccageur, illégal et criminel. Avec pour conséquence que tout le monde finit par recourir à ce nouveau « moyen de pression » comme quelque chose de normal. 


On se demande vraiment comment Justin Trudeau va rétablir tout cela. 





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