Et maintenant?

Québec 2007 - le facteur «Canada»


Le débat des chefs est maintenant chose du passé. Nous avons demandé à trois observateurs privilégiés de la scène politique de faire le point à moins de deux semaines du scrutin.
Tout a été dit, ou presque, sur le débat des chefs; je n'y reviens que pour ajouter mon grain de sel.
Ce débat, à mon avis, a servi de révélateur à la fois des contenus et des plates-formes des partis politiques ainsi que de la personnalité des trois chefs. Et en ce sens, sans l'intermédiaire des journalistes, pour la première fois de la campagne, les citoyens-électeurs ont pu se forger une opinion en les écoutant aller au fond des choses. Nous savons mieux maintenant pour qui et pourquoi nous voterons le 26 mars. André Boisclair a été excellent en particulier dans les segments concernant l'environnement et l'économie, Mario Dumont, souvent efficace lorsqu'il abordait les questions de la famille et Jean Charest curieusement éteint pendant les trois quarts du débat.
La grande absente
Mon seul regret et je joins ma voix à celle du milieu culturel pour le déplorer, la culture a été la grande absente de ce débat et de l'ensemble de la campagne, du moins jusqu'à aujourd'hui. Comment peut-on passer deux heures à discuter de tous les grands enjeux de la société québécoise et laisser de côté ce qui fonde notre différence, notre identité? Notre culture dont les intellectuels québécois se demandent actuellement ce qu'elle devient et s'inquiètent, pour beaucoup, de son avenir.
Le Parti québécois aurait eu d'autant plus avantage à aborder la question qu'il a sérieusement fait ses devoirs puisque Daniel Turp a passé la dernière année à rencontrer tous les intervenants pour élaborer une position forte et pertinente et que l'arrivée de Pierre Curzi dans ses rangs renforce considérablement sa crédibilité. Et maintenant?
Le Québec livré à Ottawa
Nous attendons le pavé dans la mare de cette campagne: le budget fédéral du 19 mars. Une intervention directe - qu'il faut dénoncer - dans la campagne électorale de la part de Stephen Harper, de connivence avec Jean Charest et la bénédiction de Mario Dumont qui ne rendra public son fameux cadre financier que le lendemain.
Voilà une action majeure du premier ministre canadien prévue pour orienter le choix des Québécois en faveur de Jean Charest, une action, lorsque l'on tient compte du sens des choses, qui ne dénote que du cynisme à l'égard du processus démocratique. Plusieurs commentateurs semblent trouver normal que le gouvernement canadien "injecte" en quelque sorte dans la campagne du PLQ des milliards de dollars qui pourraient, si les électeurs ne sont pas vigilants, peser lourd dans la dernière semaine.
Heureusement, si je puis dire, rien ne se passe comme prévu dans cette campagne pour Jean Charest et son parti. Cette intrusion pourrait devenir une arme à double tranchant: les Québécois accepteront-ils qu'Ottawa leur prenne la main dans l'isoloir pour leur montrer quelle case cocher?
Beaudoin, Louise
Ancienne ministre du Parti québécois, l'auteure est professeure associée au département de science politique de l'UQAM.


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