Québec obtiendra 2,2 milliards de plus d'Ottawa

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"Sans le vouloir, le ministre des Finances, James Flaherty, mettra son grain de sel dans la campagne électorale québécoise. " - GESCA...


Joël-Denis Bellavance - Sans le vouloir, le ministre des Finances, James Flaherty, mettra son grain de sel dans la campagne électorale québécoise. Le budget qu’il présentera aujourd’hui permettra au Québec d’obtenir tout près de 2,2 milliards de dollars de plus en transferts dès cette année.
Cette somme, qui fera partie du plan du gouvernement Harper visant à régler le déséquilibre fiscal, donnera une bonne dose d’oxygène aux finances publiques du Québec, qui doit faire des pirouettes comptables pour arriver à équilibrer son budget année après année.
En déliant ainsi les cordons de sa bourse à une semaine du scrutin au Québec, le gouvernement Harper souhaite donner un coup de pouce aux libéraux de Jean Charest, qui ont du mal à relancer leur campagne depuis le débat des chefs. Mais les conservateurs cherchent surtout à isoler le Parti québécois d’André Boisclair.
Et ce, même s’il faut aider aussi au passage la cause de l’ADQ. Au cours des derniers jours, Mario Dumont s’est d’ailleurs employé à limiter les retombées positives que pourrait avoir le deuxième budget du gouvernement Harper pour les libéraux de Jean Charest. Si le Québec obtient la part du lion des nouveaux transferts fédéraux, ce sera parce que « Stephen Harper respecte ses promesses, contrairement à Jean Charest », a-t-il déclaré jeudi dernier à Beauharnois, en Montérégie.
Chose certaine, les trois partis, qui sont presque à égalité dans les sondages, pourraient être tentés de faire de nouvelles promesses à la suite du budget Flaherty. Mario Dumont a déjà fait savoir qu’il précisera le cadre financier de son parti après avoir pris connaissance du budget fédéral.
Le premier ministre Stephen Harper avait promis de régler le déséquilibre fiscal dans un important discours à Québec en décembre 2005, durant la dernière campagne électorale. Après des mois de pourparlers parfois difficiles avec les provinces, le ministre James Flaherty dévoilera aujourd’hui la solution du gouvernement.
Selon ce que La Presse a appris hier, le ministre Flaherty remettra 2,2 milliards de dollars au Québec pour l’exercice financier 2007-2008. Cette somme comprendra une partie des 350 millions de dollars provenant du programme Éco-Fiducie Canada, annoncé en février par Stephen Harper pour aider le Québec à financer ses programmes de lutte contre les changements climatiques.
Le reste proviendra essentiellement d’une hausse des paiements de péréquation versés aux provinces moins riches (près de 1,6 milliard de dollars) et d’une majoration des transferts pour l’éducation postsecondaire et les infrastructures.
En outre, le gouvernement Harper abandonnerait son plan controversé d’accorder annuellement 250 millions de dollars en crédits d’impôt aux entreprises et à des groupes communautaires pour créer 125 000 nouvelles places en garderies. En lieu et place, Ottawa remettrait cette somme directement aux provinces. Le Québec obtiendrait ainsi environ 60 millions de dollars.
«Nous allons respecter notre promesse et régler le déséquilibre fiscal. Et je crois que le Québec va être satisfait», a déclaré hier à La Presse le ministre des Transports, Lawrence Cannon, qui est aussi le lieutenant politique de Stephen Harper au Québec.
Dans une entrevue accordée hier au réseau CTV, le ministre Flaherty a affirmé que son budget permettra aux provinces au budget plus serré de respirer un peu. «Nous allons régler ce problème une fois pour toutes», a dit le ministre, interrogé dans le cadre de l’émission Question Period.
Ayant à sa disposition des surplus d’environ 10 milliards de dollars, le ministre Flaherty n’oubliera pas les contribuables, à qui il consentira une réduction d’impôts d’au moins un milliard de dollars cette année. Cette somme représente essentiellement les économies en frais d’intérêts sur la dette réalisées au cours du dernier exercice financier. L’an dernier, Ottawa a en effet épargné 800 millions de dollars en intérêts après avoir consacré tout le surplus de 13 milliards au remboursement de la dette, qui s’élève aujourd’hui à 481,5 milliards.
M. Flaherty devrait aussi annoncer un nouveau crédit d’impôt afin d’aider les travailleurs moins nantis à sortir du cycle de la pauvreté. Ce crédit d’impôt pourrait coûter entre 500 millions et un milliard de dollars au Trésor fédéral, selon des données qui circulaient hier. Et le ministre confirmera aussi que les couples âgés pourront fractionner leur revenu afin de réduire leurs impôts à partir de cette année.
Ce budget constitue un test crucial pour l’avenir du gouvernement Harper puisqu’il fera l’objet d’un vote de confiance le 26 mars, jour des élections au Québec. Si les trois partis d’opposition rejettent le budget, le gouvernement perdra la confiance de la Chambre des communes et M. Harper devra déclencher des élections.
Hier, le chef du Parti libéral, Stéphane Dion, a indiqué que son parti pourrait voter en faveur du budget s’il contient des mesures acceptables. « Si ce budget n’est pas néfaste pour les Canadiens, nous allons peut-être voter en faveur », a-t-il déclaré hier durant l’émission Question Period.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a indiqué en fin de semaine que son parti évaluera le budget avec rigueur, mais il tient à ce qu’Ottawa remette au Québec la somme de 3,9 milliards de dollars par année d’ici trois ans pour régler le déséquilibre fiscal.


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