Aussant part en suggérant à Marois de démissionner

Le député de Nicolet-Yamaska, n'a plus confiance en Pauline Marois

Pacte électoral - gauche et souverainiste



Jean-Martin Aussant, député de Nicolet-Yamaska, a annoncé qu’il quittait le caucus du Parti québécois.
Photo : Clément Allard - Le Devoir

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Québec — Le Parti québécois perd un autre député: Jean-Martin Aussant, de Nicolet-Yamaska, a annoncé qu’il quittait le caucus du parti ce mardi matin en suggérant à Pauline Marois de «penser à la souveraineté d’abord» et de démissionner. Selon lui, «la souveraineté va se faire avec quelqu’un d’autre» qu’elle.
Bien que cette dernière pourrait faire une «très bonne première ministre» — bien meilleure que Jean Charest — elle n’a «pas assez de tirant dans la population pour faire un référendum gagnant», juge-t-il. Contrairement à ses collègues Lapointe, Curzi et Beaudoin, qui ont quitté le caucus lundi, sa décision de s’en retirer n’est pas principalement motivée par le dossier de l’amphithéâtre de Québec et le projet de loi privé 204. Il a tout de même souligné ne pas avoir aimé la manière dont son parti avait fait les choses dans ce dossier.

M. Aussant a expliqué être entré en politique en 2008 d’abord pour «convaincre ses concitoyens que le Québec a tout à gagner à devenir un pays souverain» et ensuite pour «faire au plus vite de la politique différemment». Après trois ans d’efforts, il a dit se «rendre à l’évidence qu’il est difficile d’y arriver quand les personnes qui sont aux commandes, tous partis confondus, ne partagent pas cette vision des choses».

Selon lui, l’entourage de Pauline Marois cherche à faire de la politique de la même manière que Jean Charest. Se trouvant constamment en délicatesse avec les décisions de son caucus et de la direction du parti, il a dit choisir de claquer la porte plutôt que de devenir un éternel «élément perturbateur». Il a en a appelé à un renouveau de la politique au Québec laquelle souffre du poids de la partisanerie à tout crin. Selon lui, le principal responsable du marasme politique actuel au Québec est le premier ministre Jean Charest. Il en a appelé à l’indignation des élus libéraux: «Levez-vous et décriez aussi ce qui ne fonctionne plus chez vous. C’est le système au complet qui doit être revu et votre parti est le plus encrassé de tous. Ôtez vos bâillons et sortez du rang!»

Homme de 40 ans au franc-parler, M. Aussant, avant le congrès de la mi-avril, avait émis des doutes concernant la notion de «gouvernance souverainiste». Détenteur d’une maîtrise en sciences économiques et ancien employé pendant deux ans de la grande banque d’affaires Morgan Stanley Capital International/Barra, à Londres, M. Aussant était l’un des quatre députés phares de la tournée ABCD (Aussant, Blanchet, Cloutier Drainville) de la souveraineté, qui visait à développer et présenter un nouvel argumentaire pour le projet politique. M. Aussant a eu la gorge nouée en saluant ses «collègues et amis» du PQ.

Changer le PQ

Plus tôt mardi matin, le PQ a tenu au parlement un caucus spécial très animé, qui a été suspendu vers 10h et reprendra à l’heure du dîner. À son arrivée, Pauline Marois s’est refusée à tout commentaire. Bernard Drainville a annoncé qu’il restait au PQ bien qu’il ait «un profond malaise» à l’égard du projet de loi privé 204. Il a dit souhaiter changer le parti «de l’intérieur» après quoi il a laissé entendre que la chef prenait trop de place et occultait son équipe. À ses yeux, le PQ a du mal à faire passer son message: ce qui perce ce sont souvent ses critiques et non les propositions qu’il a à offrir.

Les députés Claude Cousineau (Bertrand) et Sylvain Pagé (Labelle) ont réclamé de pouvoir voter «selon leur conscience» sur le projet de loi 204 ou sur la loi 13, un «bill omnibus» sur le monde municipal. À la sortie du caucus M. Cousineau s’est dit que la progression des débats était satisfaisante. Selon nos informations, Mme Marois aurait évoqué la possibilité de permettre à certains de s’absenter le temps du vote. À combien de ses 48 députés peut-elle donner cette permission? «Il ne faudrait pas qu’elle se retrouve toute seule au salon bleu », a confié une source au PQ.

Au Devoir hier, (http://www.ledevoir.com/politique/quebec/324946/ou-s-arretera-l-hemorragie) M. Cousineau, qui siège depuis 1998 à l’Assemblée nationale, avait dit ne jamais avoir «vu ça, de se faire dire “tu suis la ligne de parti ou alors c'est des sanctions”. Aussi durement que ça, jamais». Se ralliant à sa chef, Danielle Doyer (Matapédia), quant à elle, a offert une autre interprétation de la crise actuelle: pour plusieurs, il est inacceptable de voir une «femme exercer l’autorité», a-t-elle dit en entrant au caucus.


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