Après Mario, les médias en panne d’inspiration!?

Des promesses électoralistes qui font le chou gras des médias !

Tribune libre 2008


Ils, les politiciens, ont besoin d’intéresser voire séduire l’électorat.
De leur côté, les médias au credo de cote d’écoute cherchent rien qu’à
émouvoir l’auditeur ou le lecteur dont l’attention s’avère hélas plus
éveillée en présence du feu, de la fumée ou de mauvaises senteurs. Ainsi,
sommes-nous constamment ramenés dans le giratoire en face d’une falaise
imaginairement hostile, tout autant en périodes électorales qu’en temps
ordinaires. «Est-ce que les politiciens peuvent faire des promesses
électorales qu’ils ne sauront réaliser ?» Avec cette question, des
magiciens de l’opinion ont meublé plusieurs carreaux de leur espace
médiatique, et ont fait baver plus d’un dans des forums citoyens cette
semaine. La question serait-elle pertinente ? Je crois, autant qu’elle
peut être troublante.
Poser la question est plus inquiétant que la promesse elle-même. Ici, des
formateurs publics rejettent l’ambition des projets d’intérêt public en
période électorale. Or, gouverner, c'est avant tout rêver et faire rêver.
Ce n'est pas mettre la table! Imaginer que les politiciens peuvent tout
livrer, c'est ignorer qu'ils peuvent aussi livrer beaucoup plus que ce qui
est prévisible si de bons vents soufflent du bon bord. On ne peut pas juger
un rêve, il faut juger de la capacité et la souplesse d'ajustement du tir
aux abords et sorties de tournants. Les grands pas sont tous venus des
imaginations que les «réalistes» qualifiaient d'utopiques, folles, voire
débiles. Les exemples sont nombreux, hélas les gens s'habituent vite dans
le confort et oublient facilement l'origine des étoiles.
Du cadre financier surréaliste ou plutôt optimiste de Mme Jérôme-Forget.
Le média sème le doute en s'appuyant sur son enquête journalistique auprès
des entreprises considérées par les planificateurs gouvernementaux. Sans
vouloir mettre en doute à mon tour la validité du test du Journal de
Montréal, je note que les projets d'investissement sont normalement de
nature stratégique, que l'intérêt de les dévoiler avant l'extrême maturité
n'est pas du tout évident. Les scientifiques ne me contrediront pas, ce qui
est du domaine de la stratégie vitale ou de succès de l'entreprise n'est
jamais connu avant la mise en chantier.
Alors, les réponses qu'a recueillies le journal ne signifieraient pas ce
qu'il semble en déduire. Et dans ce contexte, j'accorderai plus de
crédibilité aux fonctionnaires du Trésor. D’ailleurs, gouverner ne serait
synonyme de cuire le gâteau ni de moissonner. C’est plutôt cultiver
l’inspiration et l’ambition, nourrir l’action. Des projets d’avenir peuvent
être au stade embryonnaire et donc non garantis, mais le planificateur sera
bien fondé de les encourager entre autres en les inscrivant sur son écran
radar. Après tout, ce qui compte pour colmater une fissure n'est pas
vraiment ce qui est coulé dans le béton, plutôt la volonté, la disposition
et la détermination à couler du béton. Ma foi est que la gestion de cette
crise économique nécessitera un leadership déconstipé, alerte, ambitieux et
très actif. Aucun économiste sérieux ne pourra encore défendre des idées
rationalistes qui prêcheraient l'hibernation sociétale soi-disant pour voir
passer la crise. La dernière des attitudes à prendre, c'est de céder le
contrôle au pessimisme teinté d'un réalisme béat.
Mais alors, comment se fait-il que des médias «sérieux», tous je crois
sans exception, disons plutôt des plus gros qui savent m'envahir jusque
dans le recès de mon intimité, ont embarqué dans cette polémique à saveur
sensationnaliste? Il me semble qu'au Québec nous avons un problème de
gestion de la ressource médiatique en rapport avec les défis d'utilité et
d'efficacité publiques. Le problème, les médias critiquent (négativement)
mais n'accepteront aucune invitation à l'autocritique sérieuse, objective,
non complaisante. C'est ainsi qu'ils nous servent sans cesse des plats
constipants de défaillances en série dignes d'une société en déchéance. Ca
presse que les médias s'élèvent au dessus de la mêlée, et fassent montre de
la profondeur dans leurs productions.
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --

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François Munyabagisha79 articles

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Psycho-pédagogue et économiste, diplômé de l'UQTR
(1990). Au Rwanda en 94, témoin occulaire de la tragédie de «génocides»,

depuis consultant indépendant, observateur avisé et libre penseur.





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