La première bombe est tombée. Je ne l’ai pas vue tomber, ni aperçu son explosion. J’en ai par contre, de loin, entendu parler. Et puis d’autres bombes ont explosé, produisant une série d’assourdissantes détonations. Je ne les ai pas vues, non plus. Mais d’autres personnes en témoignaient, indubitablement. Certaines l’avaient échappé belle. Les bombes tuent, impitoyablement! Leurs bruits tuent également, de terreur.
La terreur devançant l’ennemi, nous l’avons massivement fui. Aveuglement. Nous ignorions qui était-il, ou qu’il était, et qui allait l’arrêter. Sans raison nous lui avons laissé nos fermes, nos usines et nos maisons, ne sachant pas quoi faire pour les récupérer. Précipitamment, nous nous sommes réfugiés dans des grottes, isolement. Des grottes d'évitements, de confinements. De jour et de nuit, nous gardions les yeux grand ouverts, croyant surveiller le danger. Aussi, nous retenions la respiration, bouchions la bouche et le nez, pour ne pas l'attirer par nos halènes. Nous nous empoisonnions, inconsciemment! Le jour comme la nuit, le ciel demeurait obscur. Un sombre nuage, de peurs, cachait le soleil, un soleil lumineux que paradoxalement plus personne ne pouvait voir. Même les cerveaux éclairés, s’étaient éteints. Obstinément, on se serra les coudes, se nourrissant mutuellement de la peur de mourir.
Ainsi avons-nous stupidement perdu une triste guerre, sombre, et un pays qu'on appelait Rwanda. Peu de gens risquèrent leur vie, et partirent à la rencontre de l’ennemi, déterminées à partager leurs espaces avec lui. Vingt cinq ans plus tard, l’ennemi est encore actif, mais ses bombes ne tuent plus massivement, bruyamment. Elles se sont tues, elles sont embellies. Oui l'ennemi est toujours là, sournois mais connu, tel un virus il a muté. Heureusement, de courage des braves l’ont apprivoisé, intelligemment, par la lumière sans vaccin. Ainsi soit-il!
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