Le budget 2010-2011 a défini une stratégie pour un nécessaire retour à l'équilibre budgétaire en 2013-2014. Cette stratégie s'appuie sur la rigueur et la discipline, protège les services publics et évite les coupes brutales que d'autres gouvernements ont dû imposer à leurs citoyens. Pour y parvenir, elle invite chacun à faire sa part: gouvernement, entreprises, citoyens.
Le budget reconnaît aussi la nécessité d'accroître les ressources financières des universités, pour que celles-ci demeurent ou deviennent de calibre mondial. Le plan de financement augmentera de 1 milliard de dollars environ le budget de fonctionnement des universités par rapport à 2010-2011, un investissement majoritairement défrayé par le contribuable québécois. En toute cohérence, nous avons demandé aux étudiants d'assumer 17% du coût total de leurs études en 2016, contre 13% en 2010. 4% de plus!
La majorité des étudiants accepte de faire sa part, mais une minorité refuse. Non seulement ils ne veulent pas payer un peu plus pour leur éducation universitaire, mais il s'en trouve pour réclamer de réduire cette part. Pour cela, certains sont même disposés à priver leurs collègues de leur droit à l'éducation, voire à saccager la propriété publique et privée. Au nom, disent-ils, de l'accessibilité financière aux études universitaires.
Et pourtant! Une fois, deux fois, le gouvernement a modifié le scénario de rattrapage et bonifié le régime de prêts et bourses. Si bien que les Québécois, sauf les mieux nantis, auront désormais un meilleur accès aux études.
Loin de s'en réjouir, des leaders étudiants ont plutôt choisi de redéfinir l'enjeu. Plus question d'assurer l'accessibilité financière, il faut geler les droits de scolarité, voire cheminer vers la gratuité - malgré le caractère régressif d'une telle mesure qui serait, si on la suivait, tout aussi généreuse envers les plus riches qu'envers les plus démunis.
Au-delà de l'iniquité inhérente à cette mesure, la question se pose de savoir d'où viendrait l'argent nécessaire à sa mise en oeuvre. Les étudiants ont une réponse toute prête: AILLEURS. Faites payer les riches, les minières, éliminez le «gras dans le système» [...]
Sauf que les riches du Québec ne sont ni assez nombreux ni assez riches pour payer toutes les factures qu'on voudrait leur envoyer.
Sauf que les minières du Québec sont dorénavant largement plus imposées que leurs voisines de l'Ontario.
Sauf que le «gras» prétendument à couper dans le système n'offre pas un potentiel d'économies qui permettrait miraculeusement de mieux servir tant la minorité d'étudiants dans la rue que la majorité qui étudie ou voudrait le faire.
Les ressources financières du gouvernement du Québec ne peuvent augmenter que par la croissance économique. Il faut pour cela fournir aux entreprises, aux travailleurs et aux investisseurs un cadre qui leur permette d'être concurrentiels: entre autres, une fiscalité compétitive et des diplômés compétents et créatifs.
Plus performante que bien des économies développées, l'économie québécoise affiche néanmoins une croissance modérée. Par conséquent, la capacité des Québécois de payer a ses limites. Ce que le gouvernement consent à un groupe, il doit l'enlever à un autre.
Tout en se drapant ostensiblement de la justice sociale et de la solidarité, la minorité d'étudiants qui persiste dans son intransigeance cherche en fait à s'approprier des ressources destinées à d'autres groupes. Quel poste budgétaire amputer? Celui de l'enseignement primaire et secondaire? Celui des services de garde ou de la lutte contre la pauvreté? Celui du logement social, de la santé ou du soutien à la culture?
Ou faudrait-il plutôt renoncer à accorder au réseau universitaire les ressources financières dont il a absolument besoin pour servir les étudiants?
Le présent conflit étudiant masque les vrais enjeux de la réforme de l'enseignement universitaire au Québec, à savoir sa qualité et son accessibilité financière. Nos budgets et nos propositions récentes sont des réponses efficaces, équitables et réalistes aux deux enjeux. La majorité des étudiants l'a compris. Cette majorité n'a pas à être l'otage d'une minorité qui poursuit ses propres objectifs.
Une minorité intransigeante
Sauf que les riches du Québec ne sont ni assez nombreux ni assez riches pour payer toutes les factures qu'on voudrait leur envoyer.
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