Rapport de forces et syndrome de la femme battue

Que l'on sache à l'extérieur que les bassesses collectives qu'on nous inflige ne resteront pas sans lendemains

Tribune libre - 2007

Le vol des listes de membres du Parti Québécois et la surveillance par la police d'État du Canada de René Lévesque et autres militants de l'indépendance du Québec, comme la crise d'octobre 70, la Loi des mesures de guerre et l'envoi de l'armée au Québec, procèdent d'une indescriptible ignorance, de la lâcheté, la bassesse, la petitesse, la méchanceté, la malice, l'outrecuidance et l'esprit chagrin. Et nous n'avons pas fini.

Sur le coup du moment, compte tenu de la surprise, et de la colère qui nous saisit tous avec la révélation du document qui témoigne de la surveillance dont René Lévesque était l'objet, y compris les révélations à caractère sexuel qui peuvent servir au chantage et aux diverses manipulations de la basse politique, nous ne réagissons pas. L'habitude bien ancrée chez nous de la peur et la culpabilisation morbide nous fait reculer et chercher refuge dans notre coquille comme des colimaçons. Nous n'avons pas même la force morale de défendre au moins notre droit au respect élémentaire de nos élus, acquis par les sacrifices des générations précédentes et par les sacrifices de tous les peuples. Notre civilisation n'est faite que d'idolâtries adressées aux grands personnages. Même nos érudits universitaires ne visent que la gloire de quelque éminence politique, sociale, littéraire ou religieuse. Nous vivons encore à genoux devant des grands personnages qui se prennent pour des dieux et méprisons copîeusement nos propres défenseurs naturels lorsqu'ils subissent les basses attaques de nos ennemis.

Sun Tsu et Klauzewitz enseignent que la véritable stratégie d'État est terre à terre et s'accomplit par des gens ordinaires comme ceux qu'on rencontre tous les jours, dont la force est dans la connaissance des grands principes de l'action d'envergure, des gens qui ne cherchent pas leur gloriole mais le bien général. Nous savons maintenant, enfin, qu'une économie d'État, qu'une politique d'État, ne sont pas le fait ni l'accomplissement des grands de ce monde qui vont chercher gloire et fortune avec le travail et la misère des autres, mais du travail suivi des gens les plus humbles. Quant à nos dirigeants naturels, ils sont copieusement ridiculisés et méprisés. Jamais les Québécois n'ont apprécié les efforts et les souffrances d'hommes tels qu'Honoré Mercier, Maurice Duplessis, Daniel Johnson père, René Lévesque et Jacques Parizeau. Les Québécois sont des adorateurs des vedettes qui les exploitent, non des gens qui travaillent réellement pour eux. Et ce qui est encore plus grave, les Québécois approuvent les attaques dirigées contre ceux qui se sont sacrifiés pour que le Québec devienne une nation et un État. Combien de Québécois-es se sont bassement moqués de Maurice Duplessis, vertement attaqué par les média de son temps. Quant à Daniel Johnson père, la consigne avait pour objet de l'ignorer et les Québécois l'ignorent encore. René Lévesque a été l'objet d'attaques continuelles et dégradantes de la part de nos ennemis et beaucoup de Québécois ont opiné du bonnet et ont approuvé. Pauline Marois ose prendre une initiative nécessaire au développement et au maintien de notre identité collective, elle est aussitôt l'objet d'attaques hystériques que beaucoup de Québécois s'empressent d'appuyer. Quelle honte que cette mentalité d'inféodés habitués à la soumission servile.



La résistance doit s'organiser afin d'obtenir des excuses et des réparations pour ces affronts qui nous ont été faits par Ottawa, sous prétexte de défendre la canadian unity, entendez l'inféodation servile et dégradante du Québec et du peuple québécois au pouvoir unitaire et arbitraire des Orangemen, des United Empire Loyalists et des Québécois veules, cupides et lâches qui les servent au point de se tourner contre leurs propres frères et soeurs.

En plus de protestations individuelles, une motion du Parlement du Québec s'impose. Elle ne pourra être faite que lorsque Pauline Marois aura pris le pouvoir et nous devons la pousser dans ce sens. Que l'on sache à l'extérieur que les bassesses collectives qu'on nous inflige ne resteront pas sans lendemains.

J'ai protesté à ma manière contre les tentatives d'interventions armées contre le Québec, seulement pour me rendre compte que j'étais finalement seul et que si j'avais été arrêté et jeté en prison, je serais resté seul. Je ne m'attendais pas à autre chose. Le monde est rempli d'invertébrés. Ceux et celles qui ont des vertèbres doivent se tenir debout pour les autres qui se conduisent comme des vers de terre.

Nous devons poursuivre cette affaire jusqu'au bout et pousser madame Marois à préparer les demandes d'excuses et de réparations quI s'imposent pour l'affront fait à René Lévesque. Autrement, sachant que nous ne sommes que des mous, on peut être absolument sûrs que lorsque viendront les grandes questions de statuts collectifs, nos adversaires n'auront qu'à toussoter et nous tomberons à genoux pour avoir osé exiger ce qui nous appartient. Cette mentalité n'a pas encore changé au Québec.

Si nous n'avons pas la fortitude morale pour faire valoir nos droits, comment aurons-nous la force d'imposer les pouvoirs réels que nous avons acquis avec la reconnaissance de notre État Nation?

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René Marcel Sauvé217 articles

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J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].





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1 commentaire

  • Jean Pierre Bouchard Répondre

    14 novembre 2007

    C'est possible d'écrire au site du Parti Québécois afin d'inciter la direction péquiste de Pauline Marois à réagir contre cette surveillance subie par René Lévesque sans s'imaginer que cette pratique criminelle origine d'une époque lointaine.
    Nous devons réapprendre à nous souvenir. Salutations aux travaux et à la résistance intelligente de René Marcel Sauvé
    contre le Canada unitaire.