Premier ministre d'un gouvernement minoritaire, Jean Charest avait une première épreuve à relever avec la composition de son conseil des ministres. Ce premier obstacle a été franchi avec succès. Lui reste maintenant à gouverner. Ce sera plus difficile.
Le mot «équilibre» qualifie bien ce nouveau conseil des ministres. À la fois expérimenté et renouvelé, il est composé d'un nombre égal d'hommes et de femmes de toutes les générations, issus aussi bien des régions que des grands centres urbains comme Montréal et Québec. Avec seulement 48 députés et la nécessité de réduire le nombre de fauteuils ministériels, trouver le bon dosage constituait un défi.
Les principales responsabilités de ce gouvernement se devaient, en raison de son caractère minoritaire, d'aller à des gens expérimentés. Confier les principaux ministères à des ministres qui étaient du gouvernement précédent s'imposait. Certains obtiennent de nouvelles responsabilités, ce qui les motivera. D'autres, comme Philippe Couillard, sont certainement déçus de garder leur ministère. Malgré les difficultés que le ministre de la Santé a rencontrées au cours du mandat précédent, il demeurait néanmoins l'homme tout désigné pour améliorer le fonctionnement du système de soins de santé. Au-delà de son enthousiasme qui peut être momentanément altéré, sa compétence demeure rassurante.
Avec la perspective de tomber en cours de route, ce gouvernement a peu de temps pour produire des résultats. C'est sans aucun doute ce qui a inspiré au premier ministre de faire de Monique Jérôme-Forget son numéro 2 en lui confiant la présidence du Conseil du trésor et le ministère des Finances. Rien ne pourra se faire sans l'accord de cette grande intendante qui pourra intervenir dans toutes les décisions. À la fois compétente et loyale, elle laissera à M. Charest la possibilité de se consacrer à des priorités plus politiques. La comparaison n'est pas parfaite, mais ce sera un peu comme dans les grandes entreprises où on retrouve un président du conseil responsable des stratégies de développement et un président-directeur général responsable des affaires courantes.
La taille réduite de ce conseil des ministres comportera des risques. Plusieurs ministres seront surchargés. Ce sera le cas de Michelle Courchesne à l'Éducation et à la Famille, de Jacques Dupuis à la Justice et à la Sécurité publique ou encore de Claude Béchard qui, en plus des Richesses naturelles et de la Forêt, devra assurer une présence dans trois régions où le Parti libéral ne compte pas de députés. Certains ministres sans expérience de gestion se retrouvent par ailleurs à des postes exigeants. C'est le cas de Yolande James aux Communautés culturelles. Le premier ministre devra trouver le moyen de les appuyer.
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Le caractère paritaire de ce conseil des ministres composé d'un nombre égal d'hommes et de femmes, une première au Canada, manifeste une intention de gouverner différemment. Aucun doute que cela aura un effet sur les attitudes. On verra bien si ce gouvernement sera moins partisan, ce dont il aura bien besoin s'il veut amadouer les deux partis d'opposition. Jean Charest nous a parlé hier de «rupture avec le passé» et de la nécessité pour les trois partis présents à l'Assemblée nationale d'agir de façon solidaire au nom du bien commun.
On peut voir dans ces propos une sorte de drapeau blanc tendu au Parti québécois et à l'Action démocratique. De la parole aux actes, il y a loin. On l'a vu avec les gouvernements minoritaires de Paul Martin et de Stephen Harper, qui en sont rapidement venus à se croire majoritaires et à vouloir imposer leurs volontés à l'opposition. Le budget que présentera la ministre des Finances à la rentrée parlementaire sera l'occasion de voir si le gouvernement Charest est prêt et apte à tenir ses promesses de changement. Un budget voté à l'unanimité de la Chambre serait une autre première.
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