Parizeau, le PQ et les autres

Indépendance - le peuple québécois s'approche toujours davantage du but!

J’aimerais vous entretenir sur le colloque des IPSO du 6 juin courant où le président des IPSO, Gilbert Paquette, a prononcé le discours d’ouverture en citant Gaston Miron: «Tant que l’indépendance n’est pas faite, elle reste à faire». L’objectif général du colloque, selon M. Paquette, fut de contribuer à «une convergence du mouvement souverainiste.»
Pendant la première ronde du colloque, il fut question d’un projet de société ou d’un projet de pays, de même que d’une constitution de pays pour rassembler le monde. La parole fut donnée à Louis Bernard, Françoise David et Robert Laplante.
Face aux projets de pays ou aux projets de société, M. Bernard dit qu’il en est venu à la conclusion que la meilleure approche est celle de l’indépendance pour l’indépendance, la souveraineté pour la souveraineté. L’indépendance étant une fin en soi, on ne pourrait être plus d’accord. Rechercher l’indépendance, c’est comme rechercher la liberté pour la liberté. Être libre, c’est être indépendant. Le Québec doit être souverain parce qu’il ne l’est pas. En bref, pour être maître chez nous.
Là où ça tombe plat, c’est quand M. Bernard reprend le même discours qu’il nous sert depuis quelques années, à savoir que le Québec ne peut pas déclarer son indépendance avant d’avoir demandé la permission de nos adversaires à Ottawa.
Selon la thèse de M. Bernard, on va être obligé de négocier notre indépendance avec le Canada, avant de la déclarer. Si on ne suit pas son conseil, on ne pourra pas bénéficier de la reconnaissance des autres États. Il soutient qu’à l’ONU, il n’y a aucun cas d’admission de pays sécessionnistes sans un accord avec le pays d’origine.
Sacré M. Bernard, qu’en est-il du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes? A-t-on prévu quelque chose en considération de notre peuple qui vit le très mauvais sort de son lot quotidien sous un régime postcolonial avec sa gouverneure générale et sa tutelle imposée, un peuple majoritaire-minoritaire qui est réduit à un État confisqué, rétrécissant. Ce même peuple devrait être en mesure d’axer son processus électoral démocratique sur l’indépendance, tout en proposant une constitution provisoire. Par la suite, on pourrait envisager d’en finir avec la référendite par un mécanisme démocratique portant sur l’adoption d’une constitution permanente dans laquelle les Québécois se reconnaîtraient.
Culturellement et économiquement, on ne saurait tirer un avantage quelconque d’une gouvernance revendicatrice de pouvoirs provinciaux. Le PQ n’a pas eu de congrès depuis 2005 et il n’est même pas allé chercher 20% du vote total en décembre 2008. La direction du PQ sent la soupe chaude. C’est tout simplement un abus de confiance et un affront aux membres du PQ que de suggérer une gouvernance provinciale. Les membres du PQ ont voté un programme lors du congrès de 2005 et il est toujours en vigueur, quoiqu’en dise le PQMarois. Pour la gouvernance provinciale, doit-on rappeler qu’on a le PLQ et l’ADQ?
D’autre part, il faut garder à l’esprit que le processus référendaire a été vicié. Il ne faudrait tout de même pas frissonner devant d’autres voies vers la liberté qui sont tout autant légitimes, qui pourraient être des solutions de rechange viables au référendisme dénationalisé et à la pièce du PQ.
Alors, qu’en est-il de notre nation historique qui fut «le» pays d’origine, malmené pendant quelques siècles par une minorité sans scrupules, nation des invisibles, nation de survivance qui se trouve encore sous le joug de cet ordre postcolonial? On doit faire l’indépendance pour l’indépendance, mais on ne pourrait pas faire la promotion de l’indépendance avec un programme électoral axé uniquement sur l’indépendance, nous dit M. Bernard.
Le discours de M. Bernard a été suivi par celui de Françoise David qui a exprimé, de son aveu, non tant ses idées que ses sentiments qui se résument à entrevoir très étroitement que le projet de souveraineté n’est pas suffisant pour convaincre les Québécois de voter pour un parti. Selon elle, nous n’avons pas encore convaincu autant les francophones que les autres... Ce qui est complètement faux, il suffit de consulter le sondage, cité plus loin par Jaques Parizeau, qui démontre très clairement qu’une majorité, près de 60% des Québécois veulent un pays qui serait le leur, mais ils ont été convaincus que ce n’est pas possible. Je reviendrai sur cette question un peu plus loin.
Mme David songe à vouloir reprendre le bâton de la Pèlerine souverainiste en précisant toutefois qu’on devrait songer à un pays de projets plutôt qu’à un projet de société. Selon elle, c’est une façon intéressante d’amener du rêve. Elle nous dit qu’on doit essayer de se mettre d’accord sur un certain nombre de valeurs, tout de suite, parce que le temps presse. En outre, à cause de la crise financière ou économique durement ressentie, beaucoup de gens réfléchissent aux problèmes économiques. Elle propose une société publique pour l’éolien qui nous appartiendrait. Elle envisage également d’exiger des redevances aux minières et aux forestières très bien accommodées par le PLQ. «Pourquoi est-ce que les retombées économiques ne nous appartiendraient pas? Est-ce qu’il faut être à gauche pour penser ça? Un état souverain, ça veut dire non seulement tous les pouvoirs, mais aussi les pouvoirs économiques.»
Après avoir écouté les discours de M. Bernard et de Mme David, je me suis remémoré les propos de Normand Lester lors d’une émission de radio avec Paul Houde, au mois de février, quand M. Lester ironisait à peine en déclarant que le PQ est maintenant un parti qui tourne en rond, un parti de faiseux de colloques qui a trouvé le moyen de dénoncer Patrick Bourgeois et Pierre Falardeau. «Ce n’est pas le PQ qui a empêché cette humiliation nationale qu’on proposait, ces fêtes pour commémorer le 250e de la conquête.» M. Lester a souligné que Falardeau et Bourgeois ne prônaient pas la violence, mais qu’il y aurait peut-être le danger que des gens se choquent. «Le PQ, comme d’habitude, ne savait pas trop quoi faire là-dedans.»
Malheureusement, selon M. Lester, le PQ est devenu très semblable à son équivalent français, le PS: «Des vielles barbes blanches tous issus de l’administration publique puis de l’enseignement. Le PQ est devenu un parti qui défend les acquis des fonctionnaires, un parti qui est là pour représenter les intérêts des syndicats de la fonction publique, des syndicats de l’enseignement et de la santé. Et Dieu sait qu’il n’y a rien au monde de plus réactionnaire que des fonctionnaires. On nous demande de changer un pays avec des grattes papier et des ronds de cuir.»
M. Lester affirme que le PQ a manqué de clairvoyance dans le dossier des commémorations du 250e et que «le PQ devrait être en train de courtiser les gens l’ADQ, les jeunes, les gens dynamiques, des gars entreprenant. Siphonner tout ce qu’il y a de meilleur à l’ADQ. Le PQ devrait avoir des stratégies pour les convaincre d’être de leur côté. Non, ils vont organiser des colloques et des tables rondes.»
Avec M. Lester lors de la même émission, Paul Houde a abordé la place du SPQ libre dans le PQ en précisant que le PQ ne pourra pas s’ouvrir vers le centre à cause du SPQ libre et c’est l’avenir du Québec qui se joue, selon M. Lester. Ça soulève tout le débat gauche-droite que M. Parizeau aborde également lors de son discours.
Maintenant, j’aimerais revenir au colloque des IPSO. Robert Laplante a livré, quant à moi, le meilleur discours de cette ronde matinale du colloque des IPSO, même s’il disait en introduction qu’il allait tenir des propos hors propos.
M. Laplante a expliqué qu’il a sursauté sur le pluriel du mot projet quand il a reçu le programme du colloque, parce qu’il n’y croit pas du tout: «Pourquoi ce pluriel, pourquoi cette insistance sur les projets? Qu’est-ce que ça nous révèle de nous et du mouvement souverainiste? Contrairement à Mme David, M. Laplante perçoit que le Québec n’est pas un rêve, mais que c’est un combat. «Et, ce qu’il y a derrière cette insistance sur les projets, me semble-t-il, c’est une recherche de plus en plus éperdue depuis qu’on s’éloigne de 1995… C’est une recherche donc, d’un contenu de mobilisation…Les souverainistes ont perdu l’initiative, voilà le fait brutal, nous avons perdu l’initiative du combat. Mais, nous n’avons pas perdu le combat.»
«Et, cette perte d’initiative nous a valu un assaut sans précédent par une machine de propagande inouïe qui a consacré des centaines et des centaines de millions pour trafiquer tous les repères du débat collectif au Québec. Il y a des limites à pratiquer l’angélisme là. Patrimoine Canada, les fonds secrets du conseil privé, les commandites. Tout ça, ce n’est pas sans effet sur le débat public québécois. Et, en fait, ils ont réussi, je crois, ces adversaires du Québec, à ranimer deux des caractéristiques principales de la politique provinciale telle qu’elle était pratiquée depuis cent cinquante ans: la peur de l’échec et surtout la peur de la confrontation; la chicane. Ils ont réussi à présenter toute affirmation de l’importance stratégique d’un enjeu comme une volonté chicanière. Et cette résurgence politique a marqué la politique politicienne au point où nous ne nous voyons plus aller, comme dit le poète Michel Garneau, on ne s’entend plus venir au monde.»
«Écoutez, encore cette semaine, une femme au parcours militant exemplaire s’est présentée devant l’électorat en qualifiant de handicap sa position indépendantiste. En s’excusant de ne parler que le français. Bien écoutez, on ne voit plus ce que nous sommes en train de faire. La régression politique des quinze dernières années a placé le discours des souverainistes dans les limbes. Dans, justement, cette recherche éperdue du projet rassembleur. Celui qui va nous permettre de faire l’économie de la confrontation, celui qui va nous permettre de rétablir un grand consensus comme par magie, puisque la vertu, on le sait, est rassembleuse.»
«En fait, nous avons du mal à apprécier, à sa juste valeur, la situation politique présente du Québec. Nous ne sommes plus capables de placer dans le débat public une critique fondamentale du régime. La politique politicienne fonctionne désormais à l’intérieur d’un registre fédéral … qui marque de part en part les catégories du débat public. Je pourrais vous citer des exemples, je n’en prendrai qu’un, désolant: l’assurance-chômage.»
«Nous sommes actuellement dans une crise économique grave. Le gouvernement fédéral et l’État canadien ont détourné cet instrument qu’est la caisse de l’assurance-emploi. Les travailleurs québécois, par centaines de milliers, sont menacés d’exclusion. Ils sont de fait exclus du régime. Et nous, souverainistes, nous discutons sur la nécessité de raccourcir le délai de carence. Le premier réflexe aurait été de dire: c’est notre argent, c’est notre caisse. Nous devons créer notre caisse. C’est à peine si on a entendu des revendications pareilles.»
C’est là une critique des plus pertinentes de la part de M. Laplante et j’en viens maintenant au discours de clôture de Jacques Parizeau.
Les médias ont surtout retenu les extraits suivants: «Il y a un de mes anciens assistants qui m’avait dit: «pour faire la souveraineté, il faut une crise.» Et puis, c’est bien embêtant, il y a des crises qui apparaissent de temps à autres, mais ce n’est pas toujours au bon moment pour nous. En fait, il faudrait qu’on suscite la crise. Et c’est évident qu’un référendum sur un sujet défini peut créer une crise. Il faut faire attention, cependant, avec ces référendums là, on ne peut pas en avoir plusieurs à 85 millions de la shot, les gens vont crier.» «Comment doit-on procéder pour réaliser l’indépendance du Québec? Il y a trois façons pour le Québec comme pour tous les pays du monde. Trois façons: la violence; un vote du parlement ou un référendum. Il n’y en a pas d’autres! Si on est contre la violence, contre un vote au parlement puis contre un référendum, ça veut dire qu’on ne veut pas que le Québec devienne indépendant. Il faut le dire là des fois! Il faut cesser de tataouiner à un moment donné, je ne peux pas croire. On va avoir honte de dire qu’on s’en va vers un référendum.»
Si on fait une écoute ou une lecture plus attentive du discours de M. Parizeau, dont j’ai fait une [transcription intégrale->20278], on se rend compte que son analyse et son examen de conscience sont tout aussi mordant, peut-être autant que ceux de M. Laplante et ça ressemble un peu à la critique de M. Lester dans une partie de son contenu.
Par exemple, je vais vous citer l’extrait suivant de son discours: «Le PQ, par définition, s’il veut rassembler beaucoup de gens, rassemble beaucoup d’opinions qui ne sont pas nécessairement très compatibles. Cette vision du parti, elle s’appui sur une sorte de ciment entre tout ce monde là et la souveraineté. La souveraineté, c’est le ciment qui met tout ce monde là ensemble. Par opposition à une vue, comment dire, l’aile sociale-démocrate du PQ qui a tendance à chasser tout ce qui n’est pas à gauche. Ça tente toujours beaucoup de gens au PQ, mais ils l’appliquent pas, pas vraiment. Parce que l’exercice du pouvoir, quand vous avez été au pouvoir pendant 18 ans sur les derniers 30 ans, vous en êtes revenus pas mal des rêves de la gauche. Il y a des choses, l’important c’est de garder j’allais dire, garder le cœur accroché à la bonne place, puis savoir qu’on est le parti du monde ordinaire. Puis qu’on doit être un peu comme Steinberg autrefois puis son slogan, «On est de leur bord.» Moi ça me désole de savoir que, par exemple, la FTQ a refusé d’appuyer le PQ aux dernières élections, c’est la première fois depuis longtemps. Louis Laberge, j’ai été, on était des frères et c’est désolant de savoir que ça tourne comme ça tourne à la FTQ, il y a des choses à régler.»
Il va sans dire que j’ai toujours éprouvé une grande admiration pour Jacques Parizeau. Je le considère comme étant le plus grand homme d’État que le Québec ait connu, éclipsant de loin tous les autres chefs politiques et premiers ministres québécois, tant par son érudition, que par sa curiosité insatiable et par sa volonté toujours imperturbable de faire du Québec un pays libre.
À ce colloque des IPSO, M. Parizeau soulignait qu’il est toujours aussi convaincu, tout en affirmant que le mouvement souverainiste est souvent bien mêlé et que ce mouvement a de la difficulté à se retrouver. Qu’il «a tendance à s’éparpiller depuis quelques années.» Il a présenté quelques impressions pour faire le point sur la situation en essayant de ne pas être nostalgique, disait-il, parce que rendu à son âge, il est apparemment plus facile d’être nostalgique. Il a rappelé qu’en octobre 1995, «on a passé tellement près, d’autant plus que, non seulement qu’on a passé près, mais on n’est pas tout à fait certain qu’on n’a pas gagné.»
M. Parizeau nous rappelle que «la dernière élection à Québec, ça a commencé très très mollo sur la souveraineté. Si vous regardez la plateforme électorale du PQ de l’élection du mois de décembre, je vous assure qu’il n’y en a pas épais sur la souveraineté, c’est vraiment le minimum, minimum minimorum. Et puis, la campagne commence et les dirigeants du PQ rentrent dans des salles où tout le monde se lève en disant: «On veut un pays ; on veut un pays…» Ils sont un peu mal pris. C’est gênant un peu, devant les journalistes, de dire devant tout le monde qui dit qu’on veut un pays : ben écoutez là, pas trop vite, on va faire ci, on va faire ça… Alors, la campagne s’est terminée pas mal plus souverainiste qu’elle avait commencé.»
Par ses paroles bien pesées, M. Parizeau laisse filtrer tout de même que le PQ est déconnecté de sa base la plus militante qui n’abandonne pas le combat. L’option souverainiste récolte toujours plus d’appuis que le parti censé représenter cette option. De dire que la campagne s’est terminé pas mal plus souverainiste qu’elle n’avait commencé n’est pas tout à fait une représentation adéquate de la réalité qui prévalait lors des dernières élections au Québec.
Suite à la démission forcée de M. Parizeau et l’affaire Yves Michaud, ce fut la panique des bien-pensants peureux au sein de la direction PQ. C’est dans ce climat d’angoisse identitaire imprégné de la honte de Lulu que les apparatchiks du PQ ont stupidement fait blâmer Yves Michaud à l’Assemblée nationale et ils ont tiré de leur chapeau fumeux cette concoction à la Bouchard-Taylor de nation civique, en opposition au nationalisme historique qui fut balayé sous le tapis de la rectitude ostentatoire, de la réforme et de la normalisation, tant au PQ que dans notre système éducatif déjà assiégé par l’adversaire multiculturel qui a pris la relève par le biais de la prise de pouvoir du PLQ en 2003.
Pour revenir à M. Parizeau, l’extrait suivant nous éclaire un peu mieux sur l’attentisme de la direction au PQ: «Alors nous, on voit apparaître des thèses dans le genre que la souveraineté, c’est le fait d’une génération, ça va passer avec cette génération là, la nôtre. Ça crée une sorte de morosité et une grande hésitation chez les partis politiques. Il faut bien comprendre que les partis savent qu’ils doivent faire quelque chose et dans les jours qui viennent, vous allez voir, que ça va bouger. Mais, forcément, pour avancer de façon un peu vigoureuse, ça prend un certain courage. Parce que beaucoup disent: «Oh mon Dieu ça me tenterait mais, c’est dangereux. J’entends ça de plus en plus souvent : «c’est dangereux, faut faire attention, heille, pas trop loin comme ça, pas trop vite, pas trop de ça ». J’ai tellement connu ça moi, au cours des trente, quarante dernières années.»
Une déclaration comme celle-là devrait en faire réfléchir plus d’une, car le courage n’est décidément plus à l’ordre du jour, même dans ce qui a été annoncé dans les jours à venir par M. Parizeau.
Depuis le discours de M. Parizeau, radio-cadenas a rapporté que le député de Marie-Victorin, Bernard Drainville, excédé par les nombreuses questions des journalistes au sujet de M. Parizeau, a répliqué: «C'est Mme Marois qui est la boss et nous sommes un groupe de députés très solidaire. On pense que l'on va rallier nos militants. C'est fini les chicanes de famille.» Petit clin d’œil à M. Robert Laplante en passant.
Le même reportage de radio-cadenas nous révèle que: «Marc Laviolette, souverainiste plus radical, a pour sa part lancé: « Moi, les crises, j'ai pas de problèmes avec ça. Aucun changement social ne s'est produit sans crise.»
Un autre clin d’œil à M. Laplante, de Pauline Marois ce coup-ci, avec la perle suivante prononcée la semaine dernière: «Il nous a menti sur la crise économique, il nous a menti sur le déficit, il nous a menti sur la Caisse de dépôt et placement, il nous a menti sur la TVQ, les tarifs, la péréquation. Jean Charest nous a menti et quand je dis ''nous'', c'est un ''nous'' inclusif.»
Depuis 1995, certains Québécois ont opté pour la témérité stérile offerte par le très unique pantin néocon nommé Mario Dumont. Face à la déconfiture récente de ce parti d’un seul homme, le PQ est encore un organe transi par la peur de la controverse qui est pourtant inévitable dans le cadre d’un combat historique inachevé. On n’est pas tous des tizamis.
Et c’est là que je me distancie quelque peu de l’analyse de Normand Lester, dans ce sens que c’est peut-être bien navrant, mais, le mouvement indépendantiste n’ira pas chercher grand chose chez les membres et députés de l’ADQ. Selon des sondages, la plupart sont passés chez les libéraux avec la queue entre les deux pattes. On devra chercher ailleurs pour une relève jeune et dynamique du PQ. Peut-être chez nos jeunes universitaires. Peut-être au RRQ?
Pendant son discours devant les IPSO, M. Parizeau a tendu la main à QS: «Comment dire, Québec-solidaire, comme parti politique, son représentant à l’Assemblée nationale, joue très bien ce jeu là de la présence sérieuse des souverainistes sur un certain nombre de dossiers.»
Ici, je vais me permettre tout de même d’écrire que QS dit promouvoir la souveraineté, mais une souveraineté très conditionnelle et sélective. Ni plus, ni moins, le parti inter-culturaliste du duo David-Khadir est un NPD Québec plein gaz multi-culturaliste animé par des gosseux de projets. Il va falloir que tout ce beau monde là s’entende sur une longue liste de choses avant que la sœur économe Françoise fasse sa Pèlerine de campagne souverainiste de centre d’achats avec ses copines religieuses qui se disent féministes.
Nos adversaires à Ottawa vont finir par la nommer sénatrice pour l’ensemble de son œuvre. Mme David suivrait ainsi les traces de son très libéral père, de son grand-père, de son arrière grand-père, etc. C’est une affaire d’hérédité, une question de feeling aussi intangible que les projets souverainistes du divertissant duo à demi-élu de QS.
Ceci dit, la conclusion de l’analyse de M. Parizeau sur un sondage du BLOC est très intéressante: «Vous comprenez comme ils sont sages ces gens là, ils se protègent des deux bords: ils voudraient avoir l’indépendance, mais puisqu’on n’est pas capable de l’avoir, au moins un statut particulier. Mais c’est un terrible jugement sur, chez ceux qui se considèrent les leaders du parti souverainiste ou le mouvement souverainiste. À notre égard, c’est un sacré jugement ça. Les gens sont persuadés que c’est possible, ils aimeraient ça, mais ils pensent que ça ne se fera pas.»
«Devant ça, il faut s’arrêter à ça et réfléchir un peu. Nous qui pensons appartenir à l’élite des souverainistes, qu’est-ce qu’on doit changer dans notre façon de faire? Puisque le monde ordinaire est où on veut qu’il soit, pourquoi est-ce qu’ils ne croient pas en nous, qu’est-ce qu’on fait de croche là?»
Et il ajoute plus loin: «Bien voilà, vous voyez, après cette espèce de condamnation terrible que représente ce sondage-là, pour des gens comme nous, il faut absolument qu’on retrouve le goût des objectifs clairs. Les idées simples et généreuses.»
C’est pourtant assez simple et limpide, le PQ du nationalisme civique reniant son programme de 2005 est moins populaire que l’option souverainiste que le PQ est censé défendre. C’est clair que c’est le PQ qui doit changer.
M. Parizeau a démontré une grande ouverture d’esprit en se montrant réceptif à des États généraux sur l’indépendance en s’exprimant ainsi: «Il y a le débat sur ce que vous avez appelé, soit les états généraux ou la convention, ce matin. Embêtant pour les partis politiques parce qu’ils ont l’impression qu’ils perdent le contrôle quand ils ouvrent ça. Ça a été mentionné d’ailleurs ce matin, à juste titre, ce n’est pas une niaiserie ça. Et d’autre part, quand on sait qu’on est en face de journalistes ou de journaux qui ne sont pas nécessairement convaincus de notre juste cause, ils se servent de ces choses là, comme on le voit souvent.»
«Je pense que, si on veut que la société civile, les mouvements sociaux, les mouvements souverainistes, travaillent avec les partis politiques. Il va falloir passer par quelque chose comme ça. Ça m’apparaît évident. Préparons bien ça en ce moment. Ne vous imaginez pas que ça prend une semaine de préparation ça. Puis, n’oubliez pas les études! Lâchez pas deux milles personnes «lousses», parce que si ça tourne au chaos, les journalistes s’amusent avec ça comme des p’tits fous.»
Avant de conclure, je suggère à Louis Bernard de méditer l’extrait suivant du discours de M. Parizeau: «Il n’y pas de raison non plus d’avoir honte de dire: «on pense qu’une élection référendaire suffirait.» Ce sont deux thèses qui s’affrontent depuis très longtemps. Pour ne rien vous cacher, au congrès de 1974, ça fait donc trente cinq ans, je dirigeais, j’avais l’honneur de diriger ceux qui pensaient que le Québec étant entré dans la confédération sur un vote de ses députés, pourrait en sortir sur un vote de ses députés. N’applaudissez pas, on a été battu… Et c’est là qu’on a accepté que ça se ferait par un référendum. Moi je suis bon soldat, la démocratie a joué. Et non seulement je suis rentré dans le rang, mais j’en ai même fait un, référendum.»
En conclusion, beaucoup de choses ont été dites sur M. Parizeau et je suis de ceux qui ne seront jamais embarrassés par son apport plus que considérable au débat public québécois.
Daniel Sénéchal
Montréal
[Transcription intégrale du discours de Jacques Parizeau->20278]


Laissez un commentaire



4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    29 juin 2009

    @ Monsieur Verrier:
    Je suis tout à fait d'accord avec vos propositions. C'est dans cette direction qu'il faut aller.
    @ Monsieur Sénéchal:
    Merci de votre compte-rendu pimenté de vos opinions. Fort intéressant!

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juin 2009

    Merci pour ce très utile article d'information.
    La position de Louis Bernard: «l'indépendance pour la liberté» est fondamentale. La démocratie sociale ne peut s'exercer sans l'indépendance nationale. S'il n'est pas nécessaire de renoncer à ses affinités et parti pris sociaux pour être indépendantiste, on ne peut en revanche faire de ceux-ci une condition d'appui à l'indépendance. Ce serait mal comprendre le rapport entre le social et le national, erreur encore trop répandue à gauche et ailleurs. À QS comme au PQ.
    Le PQ peut certes continuer sa route comme il l'entend, mais ce n'est pas le plus important dans l'avenir prévisible. Il faut plutôt rassembler et mettre en mouvement l'énergie des 3000 indépendantistes québécois dans un cadre qui est le leur. La structure et le programme du PI, la pugnacité du RRQ et surtout, les études de Parizeau, les Académies de Deshaies, les Universités d'été de l'indépendance, peu importe le nom donné, une institution de réflexion de haut niveau, libérée du fédéralisme, doit selon moi se constituer.
    Il faut se donner les moyens de former un corps articulé capable de donner les mots d'ordre cohérents en temps utile, comme dans le cas présent d'actualité sur les groupes anglophones à la St-Jean, cas où le leadership indépendantiste manque encore de parler d'une seule. Le PQ n'a jamais pu jouer ce rôle et il ne le fera pas pour bien des raisons...
    Voici ce que j'écrivais à la direction du PI le mois dernier :
    (...)
    «J'appuie le PI pour l'essentiel de son programme politique. Les turbulences dont je fais état ont toutefois entachées sa crédibilité et le condamnent à des progrès beaucoup trop lents.
    Un bilan sans complaisance est à faire. Le PI devra apprendre à travailler dans un esprit de réconciliation et amener les indépendantistes déterminés à coopérer les uns avec les autres. Travailler à l'unité (...) et se valoir graduellement l'estime de tous.

    Le mode d'accession à l'indépendance n'est pas une question de doctrine, ni de programme. Pourquoi buter sur un élément de stratégie politique et diplomatique dont les termes se poseront le moment venu selon la confiance en eux-même acquise par les Québécois, l'état des forces favorables ou défavorables dans le monde, la politique intérieure et l'attitude du Canada, bref l'ensemble du rapport de force ? Pour tenir la barre, il faudra alors s'appuyer sur des idées politiques claires et non sur une stratégie rigide. La position politique étant l'indépendance, c'est d'abord la définition de cet objectif qu'il nous faut préciser, approfondir, développer. C'est de l'indépendance des nations et du Québec en particulier qu'il faut traiter.

    Je suggérais à la fin ceci :

    «L'approfondissement de l'indépendance et de la souveraineté [par la] formation sous l'égide du Parti [indépendantiste] de l'Académie de l'indépendance (ou de l'Académie Maurice Séguin) regroupant des personnalités qui se sont distinguées par leur réflexion et leur contribution au développement de la pensée indépendantiste et nationaliste moderne (...) La formation d'un think tank indépendantiste, malheureusement absent de notre dispositif politique est indispensable.»
    Je peux me tromper mais je pense que les indépendantistes devraient gonfler à bloc le membership du PI et en faire leur château fort. Il nous faut un lieu de rencontres et le temps est peut-être venu de mettre nos égos de coté pour unir nos forces. Avec 3000 membres, ce parti serait méconnaissable. Il pourrait servir de base pour la réflexion et l'action, dans une perspective nationale englobante (i.e. agissant sur toutes les forces nationales et sur tous les partis politiques), en vue de l'indépendance.
    J'aimerais bien savoir ce que l'auteur du texte qui occupait un poste au PI pense de tout ça...
    Gilles Verrier

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juin 2009

    19 juin 2009 Bruno Deshaies
    Je suis intervenu à l’occasion de ce colloque et je vous invite à lire le résumé sur mon Blog (cf. l’hyperlien ci-dessous).
    Gébé Tremblay termine son commentaire ainsi :
    « Si Parizeau met sur pied une fondation civile de regroupement indépendantiste, je prend mon abonnement tout de suite. »
    En lieu et place d’États généraux, voilà une idée qui devrait faire son chemin dans l’esprit de monsieur Parizeau.
    Pour sa part, monsieur Sénéchal termine son article sur cette phrase :
    « En conclusion, beaucoup de choses ont été dites sur M. Parizeau et je suis de ceux qui ne seront jamais embarrassés par son apport plus que considérable au débat public québécois. »
    Aucun problème avec le débat public, mais le débat n’a même pas commencé entre nous, les indépendantistes. Toute notre histoire nous apprend que les états généraux sont un état dépassé de notre histoire. La majorité des Québécois-Français est rendue plus loin. C’est ce qui inquiète le plus les vrais fédéralistes du pancanadianisme qui raisonnent dans le sens de Louis-Hyppolite La Fontaine depuis 1840. « Le Canada, affirmait-il, est la terre de nos ancêtres. […] Leurs enfants devront être, comme nous et avant tout, CANADIENS. »
    En contrepartie, ce n’est pas parce qu’on crierait haut et fort « Qu’on veut un pays ! » ou « Que nous sommes tous des Québécois ! » que cela va faire du Québec un état souverain. Il nous faut un regroupement des indépendantistes qui serait bien organisé et capable d’agir, de réagir et de travailler continuellement à la défense de l’Idée d’indépendance. C’est la moindre des choses à faire et la première à réaliser.
    Yves Beauchemin a compris qu’on ne peut pas laisser un humoriste rire de nous avec les « cous bleus » dans L’Autre Saint-Jean qui ne serait finalement que « L’Autre Singeant ! » Et vlan !
    Voir : « Rien n’est acquis. Le français recule à Montréal au profit de l’anglais. » Dans La Presse, vendredi, 19 juin 2009, p. A22 (« Forum »).
    Sans vouloir nécessairement prêcher pour ma paroisse, une Académie de l’indépendance du Québec s’impose le plus rapidement possible. Il faudrait sûrement que quelques personnes aient le courage de se parler entre quatre yeux pour mettre au point la mise en place d’une telle institution. Un autre nom peut être choisi, mais il est important que quelque chose se fasse dans ce sens le plus tôt possible.

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juin 2009

    "le Québec souverain sera un pays français, reconnaissant les droits et l'apport de ses nations autochtones et de sa minorité anglophone,"(Louis Bernard)
    http://www.louisbernard.org/blogue/
    Comment le Québec pourait-il être un pays français lorsqu'il reconnaît le droit à une autre langue de devenir majoritaire à Montréal ?
    Y aura t'il des droits prévus pour la minorité francophone de Montréal ?
    Si Parizeau met sur pied une fondation civile de regroupement indépendantiste, je prend mon abonnement tout de suite.