Les enfants de parents sectaires et le droit à l’éducation

Tribune libre

Dans un texte de Marie Allard paru le 3 mars 2009 sur le site de cyberpresse, on apprenait que «150 enfants du groupe religieux La Mission de l'Esprit-Saint de Joliette ne vont pas à l'école comme tout le monde. En 2007, la Cour supérieure du Québec a fait fermer l'Institut Laflèche, une école clandestine de La Mission de l'Esprit-Saint situé à Joliette. Depuis, la plupart des enfants de cette école illégale sont éduqués par leurs parents ou se regroupent clandestinement dans des maisons privées. Certains continuent même d'aller à l'Institut Laflèche pour des activités dites «parascolaires», a constaté La Presse.»
Dans le même texte, Mme Allard nous indiquait aussi que «les membres de la Mission de l'Esprit-Saint de Joliette vénèrent leur fondateur, Eugène Richer dit La Flèche, qu'ils considèrent comme étant l'Esprit-Saint. Ce policier montréalais mort en 1925 est, selon eux, la troisième personne de la Sainte-Trinité, avec Jéhovah et Jésus-Christ. Ses fidèles croient que la Terre est plate ou en forme de poire et que le Soleil serait le reflet du feu de l'enfer. Ils sont encouragés à se marier jeune, à faire beaucoup d'enfants et à avoir «horreur du monde» extérieur. Leur devise, inscrite sur une grande pancarte à l'entrée de leur terrain, est «La régénération de l'humanité par l'eugénisme»».
Dans un reportage de Julie-Miville-Dechêne présenté pendant «Le Point», lors du «Téléjournal» du 3 octobre 2006, on nous avait révélé l’existence d’une école illégale à Montréal-Nord, sur le boulevard Henri-Bourassa Est. Cette école clandestine, avec une clientèle d‘une cinquantaine d’élèves, avait été fermée en décembre 2004 selon des enquêteurs du MELS. Mme Miville-Dechêne a constaté que cette école clandestine fonctionnait toujours au moment de son reportage.
La branche de Montréal-Nord de la Mission de l'Esprit-Saint compte 400 fidèles, selon un témoignage du reportage de Mme Miville-Dechêne et elle a rencontré le directeur de la secte, Eugène Lafleur. M. Lafleur lui a répondu, deux fois plutôt qu’une, qu’il n’avait pas de commentaires à faire suite à la question répétée à deux reprises par Mme Miville-Dechêne, cherchant à savoir pourquoi sa secte opérait toujours une école clandestine au même endroit à Montréal-Nord?
Suite à une dénonciation en 2002, les fonctionnaires du MELS avaient visité cette école hors normes du boulevard Henri-Bourassa Est et ce, jusqu’en 2004. Après, plus rien.
Lors du même reportage de Mme Miville-Dechêne, le crosseur émérite qui était le ministre de l'éducation d’alors, Jean-Marc Fournier, avait voulu clore le débat en déclarant «vous savez, c’est pas la police, le ministère de l’éducation. Il y a une responsabilité parentale dans tout ça.» La langue de bois dans toute sa quintessence.
Selon le reportage de Mme Miville-Dechêne, ça faisait dix ans que cette école clandestine fonctionnait. Le lendemain, en date du 4 octobre 2006, M. Fournier avait déclaré dans un communiqué de presse que «si la Mission de l'Esprit-Saint continue à enfreindre la loi en dispensant des services éducatifs dans son établissement de la région de Montréal sans tenir compte des avis du Ministère, des procédures judiciaires seront entreprises».
Dans un autre texte de Marie Allard, daté du 7 décembre 2008, elle nous révélait que malgré la loi sur l’instruction publique, Québec approuve et subventionne des écoles évangéliques illégales, «même si elles utilisent un programme scolaire texan basé sur la Bible. Le ministère de l'Éducation a donné un permis à huit écoles primaires évangéliques qui accueillaient les enfants dans la clandestinité, a appris La Presse. Québec tolère aussi qu'elles reçoivent des élèves du secondaire, illégalement, contre l'avis de la Commission consultative de l'enseignement privé qui recommandait d'intégrer ces jeunes dans des écoles reconnues».
Mme Allard explique dans le même texte que voilà maintenant plus de «deux ans, des écoles clandestines ont été découvertes en Outaouais, en Estrie et à Montréal-Nord. Saviez-vous qu'il y en avait aussi à Lachine, LaSalle, Dollard-des-Ormeaux, Saint-Lazare, Saint-Jérôme et Montréal?»
Elle ajoute que huit écoles évangéliques ont reçu un permis du ministère de l'Éducation pour le primaire, mais continuent de recevoir des jeunes du secondaire dans l'illégalité, a appris La Presse.»
Cette semaine, on a appris que le cabinet de la ministre actuelle du MELS, Michèle Courchesne, a «contrecarré» la décision des fonctionnaires de couper les subventions d’une école privée juive orthodoxe illégale.
Dans un texte de Clairandré Cauchy publié dans Le Devoir en date du 4 juin 2009, il est écrit qu’«à l’automne dernier, Le MELS a sommé six écoles juives fautives à se conformer aux lois et les règlements, à défaut de quoi leur subvention pourrait être amputée». Mme Cauchy fait remarquer qu’à ce jour, la menace est restée sans suite, comme celles de l’ex ministre Fournier.
Pire, elle nous apprend ensuite que les impôts que nous payons tous servent à subventionner ces écoles autant marginales que délinquantes, entre autres pour l’école clandestine nommée «Première Mesifta», dont la subvention serait ajustée au prorata des services éducatifs offerts.
Une lettre obtenue par Mme Cauchy, grâce à la Loi sur l’accès à l’information, lettre qui fut adressée à l’établissement fautif en date du 23 janvier, mentionne qu’un fonctionnaire déclarait avoir établi que l’établissement mentionné ci-haut offre en moyenne 62% du temps prévu au régime pédagogique et qu’en conséquence, «la subvention ne sera rétablie qu’à compter de la date à laquelle vous aurez fourni au Ministère la preuve hors de tout doute que votre établissement offre effectivement la totalité des services éducatifs prescrits et qu’il respecte l’ensemble des conditions posées».
On voit bien que l’appareil gouvernemental du PLQ ferme les yeux sur la délinquance des sectes et ce, au détriment de droits humains fondamentaux tels que celui du droit des enfants à une éducation sans endoctrinement débilitant. Mme Cauchy nous présente le sabotage qui suit comme un «coup de théâtre»: la très pussilanime «ministre Courchesne a demandé à la Direction de l’enseignement privé de surseoir à la mesure de suspension du financement de l’école première Mesifta pour le mois courant.»
Mme Cauchy relate ensuite qu’elle a obtenu un courriel envoyé le 17 mars par un «employé politique» nommé Ali Haouchine - dont on peut déduire qu’il est un porteur de valises pour la ministre des écoles clandestines et hors normes, Mme Courchesne – qui «plaidait que le rétablissement de la subvention visait à assurer le plein potentiel de réussite d’une rencontre entre la ministre et la communauté juive orthodoxe qui devait se tenir le 27 mars», qu’il s’agissait «d’une mesure d’exception s’appliquant uniquement au mois courant», M. Haouchine avait alors précisé dans ce courriel que «le chef de cabinet a été informé de cette démarche et lui a donné son aval.» La journaliste nous informe que vérification faite, «la subvention a été maintenue par la suite, et aucune autre sanction n’a été imposé contre les cinq autres établissements sommés de se conformer.»
Un cas patent d’interférence politique et le cabinet de la ministre dit que Mme Courchesne «n’avait jamais été informée directement que la demande de réduction de la subvention avait été suspendue par son attaché politique» et que «les écoles délinquantes seraient suivies de près et qu’elles devront se conformer aux exigences du ministère d’ici septembre prochain.»
Mme Cauchy poursuit son texte en nous exposant que «Québec finance douze écoles orthodoxes juives, à hauteur de 60% de la subvention accordée pour un élève dans une école publique régulière, ce qui représente un montant total de 12,2 millions» de l’argent des contribuables.
La journaliste conclut son texte en écrivant qu’au «cabinet de Mme Courchesne, on ne ferme pas la porte à l’établissement d’équivalences entre l’enseignement religieux et le programme du ministère, affirmant que cela fait partie du contenu des discussions.»
Beau projet d’harmonisation rendant équivalent la science et la religion, ce qui tiendra occupé et aura l’heur de plaire à de nombreux fonctionnaires du ministère convertis au dogme de la laïcité ouverte qui pourront s’attaquer à d’autres livres saints tels que le coran ou la bible pour y malmener davantage notre système éducatif.
On peut constater que des milliers de jeunes au Québec sont soumis à des dogmes et à des rituels aliénants qui les isolent de la communauté au sens large en les limitant dans leur potentiel d’apprentissage et leur mobilité professionnelle.
On a affaire ici à la suite de l’œuvre d’intégration de la religion dans l’espace public amorcée par le tandem Bouchard-Taylor, en parallèle avec l’introduction du cours d’éthique et culture religieuse très mal concocté, qui n’a tout simplement pas sa place dans une école publique se réclamant laïque.
Ce n’est pourtant pas sorcier de comprendre que la laïcité suivie d’un qualificatif ou d’un déterminant n’est tout simplement pas la laïcité.
Ce concept fumeux de la laïcité ouverte jusqu’à l’effacement du «nous» que le gouvernement de John James Charest et la très marginale Françoise David veulent nous imposer s’inscrit dans le mépris total de la loi sur l’instruction publique et les droits fondamentaux des enfants, ce qui fait en sorte qu’on récompense des écoles autant intégristes qu’illégales qui – de surcroît – anglicisent leurs jeunes; le tout grassement soutenu avec la bénédiction gouvernementale de subventions se chiffrant dans les dizaines de millions de dollars puisés à même le trésor public.
Cette machination funeste du multiculturalisme prédateur déguisé en interculturalisme est une entrave majeure empêchant l’intégration à la société majoritaire éclipsée par les droits religieux.
Le laxisme du PLQ et du PQ en matières éducatives et linguistiques est un affront à des valeurs universelles reconnues, par exemple, «préparer l'enfant à assumer ses responsabilités de la vie dans une société libre». Référence: Art. 29, d, Convention relative aux droits des enfants des Nations-Unies.
En conclusion, une république indépendante du Québec devra proclamer haut et fort sa laïcité et faire appliquer sans restriction sa loi sur l’instruction publique qui devra être renforcée par une charte de la laïcité sans qualificatif, ayant à l’esprit le développement du plein potentiel de nos enfants, toutes origines confondues, autant les filles que les garçons.
Daniel Sénéchal
Montréal
http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/education/200903/04/01-833032-une-ecole-clandestine-dans-une-maison.php
http://communiques.gouv.qc.ca/gouvqc/communiques/GPQF/Octobre2006/04/c4991.html?slang=en
http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/education/200812/06/01-808055-malgre-la-loi-quebec-approuve-des-ecoles-evangeliques.php


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    7 juin 2009

    Vous avez entendu Obama ?
    Au nom de la paix, nous devons accepter l'islam et le judaïsme (voire le sionisme) comme valeurs irréprochables.
    La critique ne sera pas tolérée.
    Ce n'est pas une opposition religion-science, car la communauté scientifique se soumet déjà en adaptant son discours afin qu'il ne contredise pas les dogmes politico-religieux.
    C'est tout l'occident qui se fait hara-kiri. Le Québec le fait de façon exemplaire. Gérard Bouchard enseigne même la "méthode" à Harvard.