Fausses représentations mercantiles et politiques

Tribune libre

La semaine passée, j’avais été au RONA dans mon quartier, situé sur la rue Beaubien, un peu à l’ouest du boulevard Saint-Michel. Je me promenais dans les rayons du magasin avec mon fils pendant que ma conjointe se choisissait un rideau de douche. Nous nous sommes retrouvés devant un bac contenant des petits drapeaux du Canada et du Québec.
Connaissant mon penchant politique qui se résume à savoir que le Québec et le Canada sont des antinomies aussi irréconciliables que la matière et l’antimatière, mon fils m’a demandé pourquoi les drapeaux du Québec étaient mélangés avec ceux du Canada?
Très bonne question! De prime abord, je lui ai suggéré que c’est là une belle illustration des deux identités nationales en compétition sur le sol québécois, que c’est symptomatique d’un peuple divisé et surtout colonisé.
Ce qui m’a amené à une autre réflexion un peu plus personnelle, à savoir que cet étalage de RONA symbolisait l’équivoque des allégeances politiques au Québec où notre peuple se fait imposer le cadre tutélaire et le drapeau d’une autre nation auxquels certains des nôtres se rallient avec la prétention d’être des citoyens ouverts sur le monde qui parlent la langue du français trafiqué, le bilingue, à l’exemple du très mal engueulé Jean Chrétien, reconnu comme étant une sommité du bilingue, la langue internationale des demeurés ringards.
Le principe d’amalgame des peuples envisagé par la mystique canadian prend tout son sens dans un conditionnement qui s’est échelonné sur quelques centenaires et semant dans son sillage une espèce de pathologie culturelle anglophile qui conditionne certains canadiens d’origine à être incapable de faire autrement que de s’effacer quand ils font face à la langue et les us du maître.
J’ai été tiré de mes pensées par mon fils qui m’a demandé s’il pouvait acheter un drapeau du Québec, en me signalant qu’il se vendait deux dollars et quelques cents. Fabriqués en Chine, ces drapeaux étaient enroulés sur une petite tige de bois et scellés dans un emballage en plastique. Je lui ai répondu qu’il pouvait s’en prendre un. Ce fut un peu décevant en arrivant à la maison. Après l’avoir déballé et déroulé de son maigre petit mât en bois mou, on s’est rendu compte que les quatre fleurs de lys du drapeau étaient proportionnellement plus petites et d’une forme un peu différente que les fleurs de lys sur le drapeau officiel du Québec et la couleur de fond, qui se doit d’être un bleu franc, tirait sur le bleu-ciel, imprimé sur un tissu synthétique bas de gamme.
Sur le champ, j’ai retourné le drapeau au magasin RONA en expliquant à la caissière que le drapeau qu’ils vendaient était une fausse représentation, n’étant pas conforme au drapeau officiel du Québec. Elle m’a remboursé.
Ce qui m’a amené à réfléchir à une autre sorte de fausse représentation, particulièrement avant et pendant l’élection provinciale de décembre 2008, quand Jean Charest avait déclaré que «Le Parti libéral du Québec est le parti de l'économie. Nous avons pris de bonnes décisions ces derniers mois et ce plan d'action démontre aux Québécois qu'ils peuvent avoir confiance en notre équipe compétente, stable et expérimentée pour protéger leurs emplois et leur niveau de vie».
C’est bien navrant que, collectivement, on ne puisse pas faire avec Jean Charest ce que j’ai fait avec le faux drapeau du Québec. Les électeurs du Québec ne pourront pas se faire rembourser par les marionnettistes de Jean Charest - comme le très discret roi-neigre Paul de Sagard - pour les pertes chiffrées en milliards de dollars qui devront être épongées par nous tous. Ce dégât colossal est attribuable au laisser-aller anarchique du règne de Crapet Charest.
Se concentrant sur le démantèlement du modèle québécois avec toutes ses énergies depuis 2003, M. Charest a été déclaré «Grand Bâtisseur du Québec» par les 700 délégués ronflants et étourdis par des diaporamas abrutissants lors de leur conseil général tenu dans la ville dortoir multiculturelle du très libéral maire Gilles Vaillancourt.
Le Québec est une zone sinistrée, sa culture et son économie sont en danger et ça s’est détérioré pas mal sous l’exercice du pouvoir des libéraux de Jean Charest. Proclamer qu’il est un grand bâtisseur demeure aussi absurde que d’imaginer que les conservateurs ontariens pourraient décider de tenir une réunion spéciale, mettons à Walkerton, afin de rendre hommage à « l’héritage » Mike Harris.
Le conseil général du PLQ tenu à l’Île-Jésus s’est déroulé en l’absence de leur président, Jean D’Amour. On a appris récemment qu’il n’était pas inscrit au registre des lobbyistes et que l’ancien maire de Rivière-du-Loup est sous enquête par le commissaire au lobbying en rapport avec un contrat de récupération des biogaz d’un site d’enfouissement pour son employeur récent, la firme BPR. Le contrat avec BPR a été endossé par son successeur à la Mairie de Rivière-du-Loup, Michel Morin.
En début d’année, M. D’Amour a dû plaider coupable à une accusation de conduite en état d’ébriété.
Prétextant être trop occupé par les élections partielles dans sa circonscription, M. D’Amour s’est limité à se présenter par téléconférence aux délégués du PLQ rassemblés à Laval, les invitant à venir l’aider dans sa lutte électorale contre l’ex-bloquiste Paul Crête.
Dans un texte d’Antoine Robitaille, Le Devoir de mardi rapportait que «le culte de personnalité autour de Jean Charest indispose des libéraux» et que «le PLQ a peur des débats», selon Robert Benoit, un ancien président du PLQ.
C’est pourtant assez simple, il n’y a pas de débats au PLQ. M. Robitaille nous cite «un militant de longue date et actif au PLQ» qui affirme que pour lui, «le comité de suivi et engagements électoraux du PLQ relevait d’une sorte de show business qui n’était pas vraiment un outil utile au PLQ, ça facilitait trop la job des journalistes».
Dans le même texte, M. Robitaille nous cite le millionnaire très commandité nommé John Parisella, conseiller spécial au crapet, qui soutenait qu’«il ne faudrait pas que le conseil général (du PLQ) soit un club social, il faut que ce soit un lieu de débats politiques. Ça enverra des signaux que le PLQ est bien vivant».
Questionné hier au sujet de cette déclaration par Le Devoir, il a éclaté de rire en disant qu’elle «date pas mal» et que «le comité de suivi des engagements électoraux n’a jamais vraiment été une instance du parti». Les autorités du PLQ ont confirmé «que ce type d’exercice se ferait désormais à huis clos».
Gilbert Lavoie du journal Le Soleil a écrit en date du 26 mai que Jean Charest «a démontré des qualités de stratège indéniables en déclenchant des élections à l’automne avant que la tempête économique ne frappe le Québec de plein fouet».
Stratégie ou opportunisme crasse d’une machine électorale orientée à gagner les élections, coûte que coûte. C’est là une des absurdités du système électoral britannique, avec sa gouverneure générale, qu’on nous impose encore aujourd’hui.
En vue d'empêcher des usurpateurs du système électoral comme notre crapet national, on doit réclamer auprès de nos élus la proclamation d’indépendance de notre Patrie et des élections à date fixe, qui pourraient se tenir aux quatre ans.
Un article de Denis Lessard en date du lundi 25 mai rapporte que la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, a dit que «comme pour Robert Bourassa, la contribution de Jean Charest ne serait appréciée qu’après son départ». Je suis de ceux qui pensent qu’un départ hâtif de Jean Charest serait un geste minimalement démocratique de sa part qui serait certainement apprécié par la grande majorité des Québécois.
En conclusion, Jean Charest, sa députation et ses ministres doivent être sommés par l’opposition officielle de reconnaître devant l’Assemblée nationale que leur gouvernement fantoche a trahi la confiance des électeurs en décembre 2008 et en assumer les conséquences en démissionnant en bloc.
Daniel Sénéchal
Montréal


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