Nouveau Boisclair, vieux problème

Québec 2007 - Parti Québécois


André Boisclair pouvait penser qu’il avait finalement «tourné le coin» après un début de campagne difficile. Mais le voici aux prises avec un problème récurrent pour le PQ : comment parler des enjeux de la campagne électorale sans que sa propre promesse de tenir un référendum le plus tôt possible revienne constamment sur le tapis.
Malheureusement pour les péquistes, qui dit référendum dit toujours plomberie. Que fait-on de la Loi sur la clarté? À partir de quand sollicite-t-on la reconnaissance internationale? Quand doit-on envisager une déclaration unilatérale d’indépendance? Et pendant qu’on s’occupe de ces questions, on laisse passer la parade de la campagne électorale.
C’est plutôt embêtant pour le PQ quand on sait que les deux-tiers des Québécois ne souhaitent pas de référendum au cours du prochain mandat, selon notre dernier sondage CROP.
Le pire, c’est que le débat est surtout théorique. Parce que la toute première des conditions gagnantes, ce n’est pas de former le gouvernement, mais d’arriver au pouvoir avec un pourcentage des voix suffisant pour que le Oui ait des chances de l’emporter. Ce n’est vraiment pas ce qui se profile à l’horizon.
Dans une entrevue qu’il accordait au Soleil en juin dernier, M. Boisclair avait admis que le Québec ne pouvait pas se permettre la perte de poids politique que constituerait une troisième défaite dans un référendum sur la souveraineté. «Je ne suis pas un kamikaze», avait-il affirmé.
Les questions de technique référendaire sont donc pour le moins prématurées. Mais puisque M. Boisclair, pour des raisons de politique interne au PQ, a besoin de parler de référendum et de souveraineté chaque jour, il ne peut pas éviter qu’on l’interroge là-dessus.
Ainsi, hier, M. Boisclair présentait ce qui est probablement l’idée la plus intéressante d’une campagne qui, tous partis confondus, ne se distingue pas par ses trouvailles.
Pour les jeunes familles, le PQ offrirait une avance de fonds sans intérêt de 10 pour cent de la valeur d’une première maison, jusqu’à concurrence de 18 000 $. Exactement le genre de petit programme populaire et qui ne coûte pas grand-chose au gouvernement, soit 18 millions.
M. Boisclair était dans un bungalow en construction, au milieu des feuilles de gyprock et des fils qui pendouillent, pour bien montrer qu’on parle d’accès à la propriété. Mais il en a été quitte pour passer le plus clair de son point de presse quotidien à discuter de plomberie référendaire. Et l’une des rares idées rafraîchissantes d’une feuille de route décevante, est passée au second rang.
L’écueil était complètement prévisible. C’est une situation à laquelle le PQ doit se préparer à chaque élection. Parce qu’il est évident que ses adversaires ne demandent pas mieux que de transformer l’élection en référendum avant la lettre. Même si, depuis le début de cette campagne, Jean Charest a choisi d’être subtil comme un bazooka dans ce dossier et que cela pourrait bien se retourner contre lui.
Reste qu’autant René Lévesque en 1976 que Jacques Parizeau en 1994 avaient réussi à rester sur leurs messages de campagne électorale. Pour cela, il faut la capacité de faire une critique pertinente du gouvernement en place et un programme qui soit capable de capturer l’imagination des électeurs.
Hier, tout ce que M. Boisclair a pu faire, c’est d’invoquer le Seigneur à la fin de son point de presse : «Mon Dieu, sommes-nous en campagne référendaire?»
Depuis quelques jours, M. Boisclair semblait pourtant avoir repris de l’aplomb. On disait qu’il avait fini par se débarrasser de sa langue de bois. Fini le robot, voici le nouveau Boisclair qui parle comme tout le monde.
Le seul problème – et celui qui était prévisible dès le départ – est que le nouveau Boisclair, celui qui parle comme tout le monde, doit parler d’un sujet dont les deux-tiers du monde ne veulent pas entendre parler.


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