Boisclair exhorte les souverainistes à se rallier

«On n'a pas à choisir entre la santé ou un référendum, on fait les deux», dit Jacques Parizeau

Québec 2007 - Parti Québécois

Le débat électoral passé, revoilà Jacques Parizeau! L'ancien premier ministre a participé hier à un cocktail partisan dans la circonscription de Bourget. Une centaine de supporteurs se sont déplacés pour entendre M. Parizeau donner un coup de main à la députée Diane Lemieux. L'ancien chef péquiste s'est dit «très fier» de la prestation d'André Boisclair lors du débat.

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Trois-Rivières — Puisque Mario Dumont a définitivement renoncé à la voie de l’indépendance, tous les souverainistes devraient au plus vite se rallier au Parti québécois. C’est le message qu’a lancé hier après-midi un André Boisclair visiblement inquiet de la montée de l’ADQ: «Un message doit être clair: les souverainistes qui voulaient aller voter du côté de l’ADQ, vous avez bien compris que ça n’a pas de bon sens, vous avez bien compris que ce n’est pas Mario Dumont qui va défendre vos intérêts», a-t-il déclaré à quelque 300 étudiants manifestement acquis à sa cause, à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
Selon M. Boisclair, «une chose réunit» M. Dumont et M. Charest, «l’un comme l’autre, ce qu’ils proposent, c’est un désert constitutionnel. M. Charest nous dit que le fruit n’est pas mûr. M. Harper nous dit que la terre n’est pas fertile. Ça, ça ne fait pas pousser des fruits bien forts». Le chef péquiste a rappelé que, lors du débat, «M. Dumont nous a dit qu’il n’embarquait plus avec nous autres».
Il a ajouté que M. Dumont tente de cacher son passé souverainiste puisque, dans son curriculum vitæ publié sur son site Internet, il ne fait pas mention du fait qu’il a milité pour le OUI en 1995 et qu’il a signé «l’entente du 12 juin» avec M. Parizeau et M. Bouchard.
Le chef péquiste reproche à M. Dumont d’entretenir «l’ambiguïté» sur le plan constitutionnel dans le but d’élargir sa base électorale. En cela, le chef du PQ rejoint son vis-à-vis libéral Jean Charest, mais pour une raison diamétralement opposée. Alors que ce dernier soupçonne Mario Dumont d’être un crypto-souverainiste qui attend le moment pour revenir à ses positions de 1995, André Boisclair croit au contraire que l’ADQ adopte l’étendard autonomiste afin d’attirer des souverainistes.
M. Boisclair a par ailleurs pourfendu les calculs du chef adéquiste, qui a prétendu, lors du débat, que son cadre financier était de 1,7 milliard de dollars.
«Si on additionne uniquement deux de ses mesures, ce chiffre est déjà atteint: [l’abolition de la] taxe sur le capital, c’est 750 millions. Son allocation pour les familles, c’est 900 millions, ça fait déjà 1,7 milliard. Comment il va financer les spécialistes dans nos écoles, les médecins dans le milieu de la santé?», a demandé le chef péquiste. Quant à la marge financière, ce dernier l’évalue à 700 millions. Enfin, M. Boisclair s’en est aussi pris au concept d’autonomie de M. Dumont: «La réalité, c’est que le Québec n’a d’autonomie que ce qu’Ottawa veut bien lui donner.»
Quatre anciens ministres péquistes, Marc-André Bédard, Rodrigue Biron, Yves Duhaime et Jacques Léonard, ont fait parvenir au Devoir hier une lettre d’appui à André Boisclair. «Vous avez fait face à la tempête, maintenu le cap. Vous n’avez sacrifié ni vos principes, ni vos objectifs. Nous avons pleinement confiance dans votre ténacité et votre leadership», écrivent-ils. Des sources indiquent d’ailleurs que les ténors péquistes ont prévu de se mobiliser pour aider M. Boisclair à remonter dans la faveur populaire.
Déjà hier soir, l’ancien premier ministre Jacques Parizeau a livré un discours pédagogique devant une soixantaine de militants de la circonscription de Bourget, dans l’est de Montréal.
Celui que plusieurs surnomment «Monsieur» a fourni à la poignée de péquistes qui ont contribué à la campagne de financement de la députée Diane Lemieux le parfait petit argumentaire souverainiste. Se moquant de la psychose autour du moment d’un éventuel référendum, il a comparé la consultation populaire à un marteau: «On n’est pas pour ou contre un marteau, c’est un outil, un instrument. (…) On n’est pas référendistes, on est souverainistes».
Aux adversaires qui martèlent que le PQ ne se préoccupe de rien d’autre que de souveraineté, il a rappelé qu’un gouvernement péquiste peut «marcher et mâcher de la gomme en même temps». «On n’a pas à choisir entre la santé ou un référendum, on fait les deux. C’est d’ailleurs pour ça que M. Boisclair a présenté une feuille de route», a fait valoir l’ancien premier ministre, lançant au passage des fleurs au chef péquiste pour sa prestation au débat des chefs de mardi.
M. Parizeau a ensuite tourné en dérision l’idée qu’on puisse être souverainiste et voter pour un parti qui ne s’engage pas vers objectif. «C’est comme dire ’tant que je n’ai pas trouvé la femme parfaite, je ne me marie pas ‘ (…) On est souverainiste, on veut faire la souveraineté, le chemin passe par le PQ. Ce n’est pas l’ADQ ou le Parti libéral qui vont faire un référendum!»
Aux électeurs progressistes tentés par Québec solidaire, M. Parizeau a énuméré les avancées sociales initiées sous la gouverne péquiste, des garderies à 5 $, aux congés parentaux, en passant par l’adoption de la loi sur l’équité salariale et l’instauration du régime d’assurance-médicaments. «Le Parti québécois demeure la force progressiste la plus importante au Québec», conclut le patriarche souverainiste, soulignant que le PQ ne s’embourgeoise pas pour autant lorsqu’il se préoccupe de développement économique. «Il faut être progressistes et ne jamais oublier que c’est de la croissance économique que viennent les moyens de procéder.»
La stratégie du rappel des troupes souverainistes ne trouvera pas beaucoup d’écho chez les militants de gauche de Québec solidaire, a répliqué Françoise David. «Il y a des gens très décidés à voter pour nous. Des gens qui sont déçus, qui ne veulent plus de ce qu’ils appellent la vieille politique, qui ne croient plus dans la parole des politiciens qui sont là depuis longtemps», a déclaré la coporte-parole Françoise David lors d’un point de presse en marge d’un forum de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), à Québec. Mme David estime qu’André Boisclair a été peu inspirant lors du débat des chefs: «On aurait aimé qu’il soit plus “mobilisant” sur la question de la souveraineté, qui n’est pas seulement une affaire de péréquation et de déséquilibre fiscal.» Selon un récent sondage CROP-La Presse, 44 % des répondants identifiés comme «péquistes» ont indiqué que, sur le plan des intentions de vote, leur deuxième choix allait à Québec solidaire.


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