Et si le PQ tendait la main à QS?

Québec 2007 - Parti Québécois



Tout le monde a constaté depuis le début de cette campagne que Mario Dumont a appris de ses erreurs de 2003 et qu'il mène sa barque avec plus d'assurance. Il faut dire aussi que ses adversaires ont bien changé depuis quatre ans.
Considéré comme l'ennemi politique numéro un par tout ce que la gauche comptait d'acteurs engagés au Québec, Mario Dumont avait été mitraillé, notamment par les grandes centrales syndicales, par les intellectuels et par les commentateurs.
Où est aujourd'hui la coalition syndicale qui avait dirigé ses foudres contre Mario Dumont en 2003? En fait, où est la gauche militante, point?
Tous les acteurs sont encore là, mais ils sont éparpillés, démobilisés, plutôt que d'être unis comme la dernière fois. Du côté politique, une partie de l'aile gauche souverainiste est partie chez Québec solidaire, déçue du Parti québécois. Du côté syndical, l'arrivée d'André Boisclair à la tête du PQ a créé un froid qui perdure, malgré le ralliement tiède d'Henri Massé de la FTQ.
Résultat : Mario Dumont a aujourd'hui beaucoup plus de glace pour jouer qu'il n'en avait en 2003.
Le PQ, grugé à la fois par l'ADQ en région et par QS en milieu urbain, a perdu des plumes et reste deuxième derrière le Parti libéral de Jean Charest, pourtant très impopulaire.
Et si le PQ tendait la main à QS? Pas pour sauver des sièges, bien sûr (Québec solidaire n'est pas encore en position de rafler des circonscriptions au PQ); mais un rapprochement, avant le scrutin, aurait une valeur symbolique importante. Peut-être même cruciale, considérant la lutte serrée que se livrent les trois grands partis pour le pouvoir.
Québec solidaire reste relativement marginal dans cette campagne, mais le PQ aura besoin de tout son monde s'il veut avoir une chance de remporter ces élections, surtout si André Boisclair rêve d'une majorité. Voilà une belle occasion pour QS d'imposer au Parti québécois un repositionnement vers la gauche (disons, plutôt, le centre gauche). Et pour André Boisclair de montrer qu'il peut être un rassembleur.
Pure fiction?
Québec solidaire, en tout cas, est «parlable». Croisée mercredi à Québec en marge du Forum des municipalités du Québec (elle y est allée, elle), Françoise David a répété que «si le téléphone sonne, nous répondrons», ajoutant du même souffle qu'il se fait tard pour parler rapprochement avant le scrutin et que ce sont ses membres qui devraient décider. De toute, façon, dit-elle, le téléphone n'a jamais sonné. André Boisclair a croisé Mme David à maintes reprises depuis un an et il n'a seulement jamais effleuré le sujet.
Le plus grand obstacle à un tel rapprochement demeure André Boisclair lui-même. Quand il a été élu à la tête du PQ, en novembre 2005, M. Boisclair avait déclaré : «Nous devons bâtir une coalition avec les souverainistes de tous les horizons.» De toute évidence, 16 mois plus tard, il n'y est pas arrivé.
Quand l'ancien député Jean-Pierre Charbonneau avait proposé, en mars 2006, de faire alliance officiellement avec QS, André Boisclair avait fermé la porte catégoriquement. «J'aurai au moment de la prochaine campagne tout ce qu'il me faut pour rassembler les souverainistes et les progressistes sous la bannière du Parti québécois», avait-il lancé alors. Force est d'admettre que ce n'est pas le cas.
En attendant, Mario Dumont continue son petit bonhomme de chemin sans trop d'embûches. Il parle ouvertement d'ouvrir toute grande la porte du réseau de la santé au privé (il avait été trucidé avant même le début de la campagne, en 2003, pour avoir osé aborder cette question), d'abolir les commissions scolaires, de cesser le développement du réseau des CPE, de faire des compressions dans la fonction publique et des coupes à l'aide sociale.
Françoise David se dit très inquiète devant la montée d'une droite conservatrice au Québec, mais le fait est que la fragmentation de la gauche favorise ce mouvement.
En 2003, le ciel était tombé sur la tête de M. Dumont. Cette fois, tous les astres semblent s'aligner en sa faveur.
Outre la fragmentation de la gauche, Jean Charest lui donne aussi un bon coup de main en menant la pire campagne de sa longue carrière politique. La nature a horreur du vide, c'est bien connu, alors Mario Dumont comble les trous.
L'image de l'avion du chef libéral pris dans un épais brouillard et obligé de se poser à... Ottawa pour retrouver son chemin est dévastatrice. Et n'en déplaise aux défenseurs inconditionnels de Jean Charest, c'est une illustration parfaite de ce qui ne va pas dans sa campagne : un itinéraire flou, des objectifs imprécis, un programme ultraléger défendu mollement et sans imagination. Le tout agrémenté d'annonces recyclées en attendant les bonnes nouvelles de Stephen Harper dans le budget fédéral de lundi.
Ce qui frappe dans la campagne de Jean Charest, c'est qu'elle a toutes les caractéristiques d'une campagne d'un gouvernement usé, alors que les libéraux ont été élus il y a tout juste un peu moins de quatre ans.
Événements annulés sans explication, ratés dans les communications, manque d'enthousiasme, programme recyclé, ça commence à ressembler à la campagne de Paul Martin en 2004.
À moins, et les libéraux vont devoir commencer à envisager cette possibilité, que ce soit la campagne de Paul Martin en 2006.


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