P Scott Horne a écrit : Et pourquoi pas bouder le français, vu que le Québec le boude lui aussi ?
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Non, les francophones ne boudent pas le français, ils le parlent (parfois mal, mais c'est l'oeuvre d'une colonisation et d'un état de minorité de plus de 2 siècles). Et à la campagne, le niveau de français s'améliore : certains de mes voisins de plus de soixante ans sont à peine compréhensibles à mes oreilles de Belge, alors que les jeunes parlent un français plus standard.
Par contre, on répète depuis des décennies aux francophones qu'il leur faut être ouverts envers l'anglais (pas des racistes), de tolérer (M. Bouchard ne pouvait accepter de nouvelles lois restrictives en faveur du français sinon il ne pourrait se regarder dans le miroir, discours du Centaur), d'apprendre tous l'anglais (M. Parizeau a dit vouloir botter le derrière de ceux qui s'y refuseraient) ou même d'y voir un espoir espérantiste enfin réalisé (M. Landry célébrant le levain anglophone de Montréal et son rêve de jeunesse enfin réalisé : l'humanité peut enfin dialoguer en une langue).
Tous des premiers ministres soi-disant nationalistes. L'exemple de la fascination de l'anglais vient de haut. Or valoriser à ce point l'anglais (fascination qui existe également en Europe et même certaines parties de l'Afrique) ne peut avoir que des effets délétères dans la situation particulière au Québec (surtout à Montréal et dans l'Outaouais) où l'on peut vivre en anglais depuis deux siècles. On ne peut pas vivre en anglais à Québec ou à Bordeaux, c'est une question de démographie francophone massive qui prive les anglophones de toute masse critique et les prive de radio, journaux, universités, entreprises anglophones.
Si l'anglais est si important (même les nationalistes francophones le disent, et se font ainsi l'écho des Européens de Brussels) et qu'on peut bien vivre en anglais dans les régions d'élection de l'immigration au Québec, pourquoi apprendre le français ?
Le tout combiner avec un des taux d'immigration les plus hauts au monde (environ 0,7% de la population locale par an, faire le calcul sur 20 ans...) dont une grande partie qui ne connaît pas le français, mais un peu l'anglais en arrivant et une natalité catastrophique locale des francophones (plus basse que celles des allophones, mais aussi des anglophones) au Québec (cf. M. Termotte) : il y a de moins en moins besoin d'apprendre le français à Montréal.
Qui a importé cette fascination récente de l'anglais (avant la Révolution tranquille, l'anglais c'est la langue des orangistes honnis) ? Qui a imposé récemment l'anglais dès les premières années du primaire (il y a quelques années) ? Qui a toujours lutté contre les politiques natalistes qui ne viseraient selon leurs détracteurs qu'à ramener les femmes aux fourneaux [1] ? Qui fait venir depuis des décennies un grand nombre d'immigrants non francophones ? Pas le petit peuple, enfin, il n'en est pas à l'origine. Il suit. Ce n'est d'ailleurs même pas l'enjeu des élections récentes au Québec.
Le poisson pourrit d'abord par la tête.
P. A. (pas le temps de répondre aujourd'hui, s'il y a réponse...)
[1] En 1982, Claire Bonenfant, présidente du Conseil du statut de la femme [nommée en 1978 sous René Lévesque, nationaliste], avait demandé, [au sujet d'une politique avec de timides conséquences natalistes->archives/ds-souv/docs5/03-2-5-andries-pq-5.html] : « Cette politique sera-t-elle une politique nataliste déguisée» [comme s'il s'agissait là d'une tare !] cherchant à nous retourner aux berceaux et aux fourneaux ou bien se présente-t-elle comme une politique de justice sociale ?»
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