Libéral à souhait, le jeune Piazza...

De deux choses l'une: Ou les libéraux se croient en position de force pour cent ans à venir, ou bien ils se savent perdus et cherchent à préserver la façade

Tribune libre 2008


Libéral veut dire liberté, a déclaré le militant libéral de Laval
Vincent Piazza, pour justifier le fait que les libéraux de Jean Charest
n'ont aucune préoccupation pour la langue française au Québec, étant trop
préoccupés par les choses plus "importantes" ou
"prioritaires" telles la "paix sociale" qui préoccupait tellement Robert
Bourassa. Donc le mouchoir de chloroforme et vite. Les libéraux ont de
"grandes priorités" que ne sauraient comprendre les mortels que nous
sommes.
Libéral à souhait, le jeune Piazza ne sait pas que libéralisme veut dire
loi inique du plus fort et non liberté, qui suppose l'aptitude et la
capacité d'agir avec pleine responsabilité et conscience de ses actes.
Évidemment, ne demande pas aux libéraux de se montrer aussi exigeants en
matière de doctrine d'État. L'association simpliste libéral et liberté
leur suffit. Tout va bien et ne nous dérangez pas. Passez l'assiette à
beurre, merci.
Le libéralisme, entre autres, consiste à changer de côté lorsque les jeux
d'intérêts et de rapports de forces se retournent et prennent une tournure
défavorable. De cette manière, on est jamais perdant et toujours sûr de
garder bonne conscience. Par exemple: l'Italie, qui s'est alignée du côté
de l'Allemagne lorsque celle-ci et la droite européenne semblaient en
position de force pour cent ans à venir, mais qui s'est tournée contre ses
alliés dès que la défaite de l'Allemagne nazie est devenue une certitude.
Donc l'Italie n'a pas perdu la guerre, mais l'Allemagne et le Japon oui et
obligés de payer le lourd tribut de la défaite.
Il y a des gens que j'accuse et que je blâme et ce n'est pas ceux qu'on
pourrait croire à partir de la lecture du premier paragraphe.
Pendant 19ans, de la fondation de l'Alliance Laurentienne jusqu'à la
victoire du Parti Québécois le 15 novembre 1976, les vieux militants
peuvent témoigner du mépris et des menaces qu'on nous a fait peser sur la
tête, y compris la prison, le chômage forcé et le rejet. Sitôt la victoire
assurée, les "tizamis" ont soudainement surgi de partout et ont rejoint le
Parti et surtout le Gouvernement souverainistes qui avait des emplois à
offrir. Ce que nous étions braves et intelligents, nous, les purzédurs de
la première heure.
Et maintenant que tout, ou presque tout, semble perdu pour nous, voyez
comment on nous fait la leçon de choses et de morale. Ce que nous pouvons
être ignorants et étroits d'esprit. Des jeunes imberbes viennent nous faire
la leçon et qu'on apprenne vite.
De deux choses l'une: Ou les libéraux se croient en position de force pour
cent ans à venir, ou bien ils se savent perdus et cherchent à préserver la
façade.
"Les choses vont bien" avait dit Robert Bourassa peu avant sa défaite de
1976. S'il avait dit que, comme toujours dans le monde, les choses ne vont
bien que pour une minorité d'oligarques,qui se font lécher les pieds par
les autres qu'ils méprisent, on aurait facilement pardonné au chef libéral
son arrogance du moment, ce qui ne fut pas le cas. En grand libéral très
"large d'esprit", monsieur Bourassa s'est contenté d'une déclaration vague
et mystifiante, qui réussit assez souvent chez une population peu avertie.
C'est à un exercice de mystification analogue que Jean Charest a convié
son parti il y a quelques jours, qui n'a pas manqué de l'ovationner bien
sûr. Quand on est libéral, "libre et large d'esprit" les formules réduites
suffisent, ainsi qu'il convient à des gens aussi doués de talents. Il leur
suffit d'être en place pour que tout marche bien et vous faites mieux de le
croire.
Et nous, les gros méchants "séparatisses" qui sommes obligés de
travailler de toutes nos forces pour établir un nouvel ordre de choses?
Nous devons nous montrer extrêmement exigeants sur le plan de la doctrine et
des principes de stratégie d'État. Ce que nous voulons, c'est gérer l'État
du Québec et non une province inféodée et servilement soumise au pouvoir
unitaire et arbitraire d'Ottawa, pouvoir au service de l'oligarchie de Bay
Street, qui n'a que des éloges pour Jean Charest et son équipe.
Alors soyez "libéral" et montrez-vous "larges d'esprit", n'ayez conscience
de rien, dites que tout va bien et lorsque tout ira mal,vous deviendrez
sénateur ou sénatrice et dignes des plus grands honneurs et des plus belles
prébendes.
JRMS

-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --

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René Marcel Sauvé217 articles

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J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    5 octobre 2008

    Monsieur Piazza,
    J'ignorais que vous aviez 38 ans. J'ai plus que le double de
    votre âge mais celà n'a aucune importance. Vous êtes un
    bon "libéral"et vous allez le rester.
    Comme géographe spécialisé en géopolitique, (étude systématique des États comme tels. non des régimes ou idéologies), je fonde mes thèses sur les constantes, (facteurs et principes de continuité) et non sur les personnages qui vous tiennent tellement à coeur et qui me laissent froid. Et j'ai fait mes études dans des institutions anglaises.
    Ma définition de la liberté n'est empruntée à aucun révolutionnaire mais aux facteurs de continuité qui influencent la vie des individus et des Étatsc comme tels.
    La liberté est l'aptitude et la capacité de penser, s'exprimer et agir en pleine connaissance de cause et d'effet, avec pleine responsabilité pour ses pensées ses paroles et ses actes. Aptitude veut dire compétence et dispositions intérieures et capacité moyens extérieurs. La liberté est une vertu relationnelle: elle n'est pas rationnelle. Mes excuses pour les gros mots. Vous ne trouverez cette définition ni chez les révolutionnaires ni chez les "maoistes" comme vous les appelez. Cherchez plutôt du côté des auteurs du Moyen Âge. Trop arriéré pour vous sans doute.
    Évidemment, pour le grand libéral que vous êtes, tout ce qui n'est pas une projection de vos introjects est condamnable et de mauvaise foi. Manichéen, le monde pour vous se divise encore en deux camps: les bons dont vous faites partie et les méchants que sont les autres, en commençant par les "maoistes" les "séparatisses" de la première heure.
    Vous êtes en retard d'une génération puisque les "séparatisses" actuels sont des "nazis" ou des "fascistes" qui ont remplacé les "communistes" et les "marxistes" depuis longtemps.
    Grand fédéraliste comme vous êtes, avez- vous servi dans les Forces Armées Canadiennes pendant presque 30 ans? Avez-vous vécu au Canada anglais sur place,"from coast to coast"? Avez-vous étudié dans les institutions du Canada anglais? Est-ce que vous connaissez les autres provinces, dont l'Ontario où j'ai vécu et travaillé comme militaire et comme prof pendant presque trente ans?
    Votre idéologique vous suffit et c'est ce à quoi je veux en venir. Je n'ai aucune idéologie, ni de "droite" ni de "gauche" ce qui signifie que j'essaie de demeurer lucide, ce qui pour vous est impossible puisque je ne tolère aucune étiquette idéologique n'étant ni "fédéraliste" ni libéral ni autre chose en "isme".
    JRMS

  • Archives de Vigile Répondre

    5 octobre 2008

    Cher vieil ami,
    Étiez vous présent, quand j'ai associé libéralisme et liberté? J'ose en douter. Foin du contexte, quand on a un titre qui frappe! Quant à ma "jeunesse", que vous brandissez comme caution de votre sagesse et de ma corrélative naïveté, rassurez-vous: à 38 ans, je m'assume. Vous devriez en parler à Louis Bernard. Il a peut-être fréquenté moins d'universités que vous, mais il pourrait peut-être vous rappeler (enseigner?) certaines notions de base de la science politique. Si vous êtes seulement ignorant (ce qui est moins grave que d'être de mauvaise foi, tare dont malheureusement, je vous soupçonne), permettez-moi de vous signaler qu'en dehors du tout petit monde de la politique partisane au Québec, le libéralisme et son antithèse, qu'est l'interventionnisme étatique, n'ont rien à voir avec l'affirmation nationale des peuples ou les questions identitaires. Confer l'article 4 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789: "La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits." Si le Québec était indépendant, ne vous en déplaise, il ne serait pas gouverné par une bande de boomers ex-maoïstes arborant le collier de barbe, mais par de bons libéraux de mon triste acabit. Pourquoi? Pour la liberté.
    CQFD.
    Libéralement vôtre,
    Vincent Piazza