Les libéraux de Jean Charest et la publicité préélectorale

Depuis plus d’une semaine déjà, le Parti libéral du Québec essaime partout sur les ondes radio avec une publicité pour le moins particulière et grossière

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Québec 2007 - Parti libéral du Québec



Faisant le bilan très positif de leur mandat à la tête de l’État, les libéraux nous offrent une citation de André Pratte, l’ineffable rédacteur en chef de La Presse, sur la performance honorable du gouvernement libéral du Québec. Une publicité électorale fédéraliste qui « plogue » un journal fédéraliste, c’est une putasserie dont « la pute de la rue St Jacques » [1] est experte depuis plus d’un siècle déjà.
Entendue sur les ondes du 98,5fm, cette publicité ouvre un nouveau front de la guerre totale que les fédéralistes, aidés en cela par les croisés médiatiques associés à leur cause, livrent à la démocratie et à l’option indépendantiste depuis le début.
Une option qui, rappelons-le, ne possède encore aucun organe médiatique pouvant atteindre toute la population québécoise, laquelle a voté à 50% pour l’indépendance nationale en 1995. Contrairement à Gesca, Corus et Radio Canada dont la matrice est de défendre (implicitement ou explicitement) le fédéralisme canadien. À tout prix.
Le portrait général
Il y a d’abord Pierre Arcand. Frère de l’animateur de radio Paul Arcand, Pierre Arcand vient d’annoncer sa candidature libérale aux prochaines élections provinciales. Président de Corus Québec, M. Arcand a permis que la publicité partisane soit mise en ondes avant les élections dont on ne sait encore précisément quand elles auront lieu. Jusque là, pas de problème. Il s’agit d’une opération commerciale standard et courante dans le milieu.
Quelques jours plus tard, Arcand se présente en politique sous la bannière libérale. Drôle de coïncidence, vous ne trouvez pas ? Mais ce n’est pas tout.
André Desmarais est un conseiller omniprésent dans l’entourage de Jean Charest. Membre de la célèbre famille Desmarais qu’on ne voit jamais nulle part sur la place publique défendre ses idées, laquelle possède Gesca (dont La Presse, Le Soleil, La Tribune et autres Quotidien de la province) et Power Corporation, Desmarais est un fédéraliste enragé, engagé et délégué de la famille dans les coulisses du pouvoir, à Québec. Pour défendre le statu quo, lequel permet de défendre les intérêts égoïstes de l’entreprise familiale. On dit même qu’il est celui qui fait et défait les leaders libéraux du Québec.
Mais ça, on ne peut pas le dire formellement parce que, tout comme dans le cadre du scandale des commandites ou du vol éhonté du référendum de 1995 sur la souveraineté du Québec [2] , les traces écrites de leurs actions politiques illégales et antidémocratiques sont inexistantes. Tels de véritables mafieux, les fédéraux essaient de laisser le moins de preuves possibles sur leurs actions, question d’inféoder, que dis-je, d’aliéner la masse avilissante à leur idéologie de droite libérale et fédéraliste.
André Pratte et l’intégrité journalistique
En droit, on appelle cela faire la démonstration de la preuve par association. Sans avoir de preuves tangibles, on fait des recoupages logiques en fonction des actions prises séparément par les acteurs politiques engagés.
Outre les liens évoqués plus haut, il convient de révéler au public, une fois de plus, les accointances partisanes de André Pratte avec les milieux fédéralistes. Ce dernier, sophiste de grand talent, répète à qui veut bien l’entendre que La Presse est : « un journal fédéraliste où il existe un cadre idéologique de droite [3] ». Ce qui ne l’empêche pas d’offrir une information honnête, dit-il du même souffle. Quelqu’un devra m’expliquer comment on peut imposer un cadre et offrir une information honnête en même temps ?
Qu’il soit cité dans une publicité diffusée par une station de radio appartenant à un candidat libéral dont le chef est conseillé par son patron, et tout le monde doit croire que cette citation est conforme à l’indépendance journalistique en vogue. Ce même Pratte qui, en 1994, a été suspendu par La Presse pour avoir affirmé, et je cite :

« Tout est dirigé par Power corporation, tout le monde sait ça. Chrétien, Johnson, c’est Power Corporation. On est tellement pourris qu’on s’en vient pire que les Américains. Mais ce n’est pas eux qui ont le contrôle, c’est Power Corporation. J’essaie de mettre tout ça ensemble – les policiers qui mangent des beignes gratis et Power Corporation. Chrétien, il ne sait pas lire ni écrire, et il parle moins bien que moi. Allez faire un tour à Shawinigan. Ils l’ont élu neuf fois, il a été ministre et c’est une ville fantôme. Un tiers d’habitants est sur le bien-être social et un autre tiers sur l’assurance-chômage. Lui, ça le dérange pas, il est riche noir [4] » .

Pour s’être attaqué à la puissance de Power et pour avoir dit la vérité, le journaliste qu’il était a été mis en « résidence surveillée » par la direction de La Presse pour six mois de probation (tel un enfant).
Depuis ce temps, André vit à ras les pâquerettes, lèche les puissants et répand des sophismes qui encouragent les Québécois à croire que le gouvernement Charest a un bon bilan à défendre. Nous ne sommes plus dans le sophisme, nous sommes dans la propagande simpliste et indigne d’un journaliste qui se dit professionnel.
Pour ce qui est de la famille Desmarais et du CA de Power Corp., les 285 000$ [5] de contribution engloutis dans le Parti libéral du Québec depuis l’an 2000 prouvent que leur lutte politique pour le maintien du statu quo hiérarchique est sérieuse. Par la lutte politique, on tente une intégration politique totale de la population québécoise au libéralisme darwinien, au fédéralisme perpétuel ainsi qu’à l’ordre social les privilégiant. Aussi, leur incapacité à combattre politiquement le visage découvert ouvre la voie aux interprétations les plus dures à leur endroit. Mais nous ne sommes pas dupes de vos manigances, messieurs.
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1 Expression utilisée par le journaliste Olivar Asselin pour désigner La Presse… au début du XX ème siècle
2 Lire Le référendum volé de Robin Philpot sur cette question
3 Entendu lors d’une conférence sur les médias québécois, Université de Montréal, mars 2005
4 Gingras, Anne-Marie, Médias et démocratie, le grand malentendu, PUQ, 1999, page 91
5- http://argent.canoe.com/lca/infos/quebec/


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