Une campagne lancée sur une imposture

Québec 2007 - Parti libéral du Québec


Je n'en reviens toujours pas ! Cette campagne électorale a été lancée sur une énorme supercherie et personne ne semble s'en émouvoir.
On dit que la décision la plus importante d'un gouvernement, chaque année, est la présentation de son budget. À la veille d'une campagne électorale, ce devrait être encore plus vrai. Comment évaluer le travail du gouvernement sortant depuis quatre ans ? Comment connaître la marge de manoeuvre de celui qui prétend le remplacer ?
Rien n'obligeait le premier ministre, Jean Charest, ni son ministre des Finances, Michel Audet, à présenter un budget. C'eût été à leurs risques et périls. Ils ont donc décidé de sacrifier à la tradition, de présenter un «Plan budgétaire 2007-2008» de 193 pages. Et le ministre de lire le «Discours sur le budget» de 44 pages.
Le problème est que ces deux documents ne constituent qu'une vaste supercherie. Quant au ministre lui-même, il a pris ses jambes à son cou et n'aura même pas le courage de se porter candidat pour défendre son document. Dame ! Il n'y a rien à défendre : que du vent !
Un budget constitue une sorte de pacte entre le gouvernement et les citoyens. Il dresse la liste de tous les services qu'il offrira à la population - dépenses budgétaires de près de 54 milliards $ -, et à quel prix - impôts, taxes et transferts. Ce n'est pas de la fantaisie tout ça. Il y a des institutions publiques - hôpitaux et universités par exemple -, et des entreprises privées qui planifient leurs propres dépenses, calculent par exemple combien de personnes elles vont employer, et quel niveau de salaire elles vont verser. Il y a donc des individus qui, à leur tour, font un budget : pourront-ils prendre des vacances ? Changer de voiture ? Rénover la maison ?
Chiffres fictifs
Toute une société se met en branle après la présentation du budget. Cette année, Jean Charest et Michel Audet lancent le Québec sur des chemins non balisés. Les chiffres sont fictifs : les transferts fédéraux, qui représentent le cinquième de tous les revenus budgétaires du Québec, ne seront annoncés que le 19 mars, une semaine exactement avant le jour du scrutin ici. Pire encore, ces revenus ne seront pas assurés puisqu'il s'agit d'un gouvernement minoritaire et que les oppositions aux Communes pourraient rejeter ces propositions.
On peut toujours spéculer, prétendre que ni les libéraux de Stéphane Dion, ni les souverainistes de Gilles Duceppe, ni les néo-démocrates de Jack Layton, n'oseront renverser le gouvernement conservateur. C'est en effet dans le domaine du possible, voire du probable. Mais on ne bâtit pas un programme de 60 milliards $ avec des «Si» et des «Peut-être» ! Cela ne fait pas sérieux.
Au sujet du déséquilibre fiscal, Jean Charest a parlé mercredi de «progresser dans le règlement du déséquilibre fiscal...». La question ne sera donc pas réglée, contrairement à la promesse de Stephen Harper l'an dernier. Et si ce n'est pas réglé avant la prochaine élection fédérale, ne comptons pas sur Stéphane Dion pour conclure à la satisfaction du Québec...
Discours électoral
Imposture, a-t-on dit ! Car, outre que les chiffres ne tiennent pas la route, ce n'est pas un plan budgétaire que le ministre fantôme a présenté mardi dernier, c'est un discours électoral. Je ne vous en donne pour preuve que ce court paragraphe ânonné par Michel Audet mardi après-midi : «Les priorités des Québécois n'ont pas changé (depuis 2003). Celles du gouvernement non plus. Ce sont toujours la santé, l'éducation, l'économie, la réduction du fardeau fiscal, les régions, le développement durable, les familles et les infrastructures...»
Ce n'est pas un programme de gouvernement ça ! C'est un catalogue de voeux pieux. Michel Audet peut bien retourner à sa carrière dans le mouvement des Chambres de commerce...
Jean Charest a eu le culot de déclarer, mercredi dernier, que ce budget constituait le cadre financier de son programme électoral, mettant André Boisclair et Mario Dumont au défi de mettre des chiffres au bout de chacune de leurs promesses électorales. Pour ce que cela vaudra. Nos bulletins de vote ressembleront encore une fois à des chèques en blanc.
Quoi de neuf ? diront les cyniques. C'est vrai qu'il ne faut pas prendre au sérieux les engagements de nos chefs politiques puisque, s'ils ne les respectent pas, nous n'aurons pas le droit de les traiter de menteurs. Mais cette année, le premier ministre et son ministre des Finances nous ont ri en pleine face avec leur soi-disant budget. Je trouve choquant qu'on n'en ait même pas débattu pendant quelques jours au début de la campagne électorale...


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