La désolante paresse de Jean Charest

Québec 2008 - l'art de détourner le sens la Fête

En plein sursaut identitaire, la France s’enthousiasme pour la résilience du peuple québécois. Mais le Québec ne répond plus. Et le Canada en profite pour ressusciter le mythe de la « Belle Province ». Attristant…
Le hasard de mes vacances m’a conduit en France pendant les fêtes nationales du Québec et du Canada. Mais alors que je prenais congé de ces deux célébrations, j’ai retrouvé mon pays d’origine en plein sursaut identitaire ! Oui, la France sent, elle aussi, le besoin de réveiller la fibre patriotique de ses citoyens.Cela tient en premier lieu au discours politique des dirigeants. Nicolas Sarkozy est connu pour son franc-parler. La nationalité française ne supportera désormais aucun accommodement et les notions de nationalisme et de patriotisme sont réhabilitées comme des valeurs fondamentales de la République. Alors qu’au Canada on se disait prêt à accepter que des citoyennes en burqa puissent voter, le Conseil d’État de la France (l’équivalent de notre Cour suprême) vient de refuser la nationalité française à une femme d’origine marocaine portant la burqa, considérant « la pratique radicale de la religion comme incompatible avec les valeurs essentielles de la communauté française ».Cela se traduit aussi par un durcissement des politiques à l’égard des immigrants. Avant de s’établir en France, les immigrés devront signer un « contrat d’accueil et d’intégration pour la famille » plutôt exigeant (voir « Pourquoi pas le modèle Sarkozy ? », Politique, 1er oct. 2007).Enfin, des symboles patriotiques très en vue à la fin de la Deuxième Guerre sont réapparus dans le paysage français : l’écusson tricolore figure en évidence sur la façade des bâtiments publics qui émargent au budget de l’État, les écoles et les hôpitaux, bien sûr, et jusqu’aux plus petites garderies.Cette affirmation crée peu de tensions avec les communautés ethniques. La diplomatie française est équilibrée, et le succès retentissant du Sommet de Paris pour la Méditerranée, réunissant 43 pays arabes et Israël, fait de la France l’amie des juifs autant que des islamistes. Les extrémistes juifs et musulmans savent qu’il ne servirait à rien de contester la politique d’intégration de leur pays d’accueil.
C’est cette France qui s’enthousiasme devant la résilience du peuple québécois, alors qu’elle-même continue de dénaturer sa langue, instrument d’affirmation au Québec. Alain Juppé, par exemple, dénonçait récemment dans son blogue « le snobisme [des Français] qui consiste à truffer [leur] langue de mots anglais parfaitement traduisibles ».
À la fois modèle et source d’inspiration, le Québec est cité en exemple. « Si demain la Francophonie veut être assez forte pour faire de la diversité culturelle autre chose qu’un pieux slogan, elle aura un besoin impérieux de la vitalité québécoise », écrivait Philippe Séguin, président de la Cour des comptes et leader de la majorité, dans le numéro de Paris Match consacré au 400e de Québec.
Et que répond le Québec à cet enthousiasme ? Rien. Désolant silence de son chef de gouvernement. Pourtant, Jean Charest n’est ni trop canadien ni « traître » au Québec. Je crois cet homme, que je fréquente personnellement depuis 24 ans, aussi québécois que ses concitoyens.
Ce premier ministre est tout simplement mal entouré ici et, surtout, mal représenté à l’étranger. Notre représentation à Paris est en particulier d’une insignifiance navrante. Wilfrid-Guy Licari, devenu délégué général du Québec à Paris après 40 ans de diplomatie fédérale, n’est que l’ombre de l’ambassadeur du Canada en France, Marc Lortie.
Devant cette démission du Québec, la diplomatie canadienne est d’une efficacité qui force l’admiration. Le 23 janvier dernier, l’ambassadeur expliquait ce qu’allait être, selon lui, cette année du 400e anniversaire du premier établissement français en Amérique : « Fondation de Québec ? Fondation du Québec ? Fondation du Canada ? Que fêtons-nous en 2008 ? Les Québécois et les autres Canadiens célèbrent cette année une seule et même chose, une immense richesse de leur identité, de leur patrimoine : la francophonie. »Et le Canada de multiplier sa participation à des manifestations, d’aucunes prestigieuses, d’autres moins, dont le dénominateur commun est une volonté, que je crois délibérée, de banaliser la « Belle Province ».
Les Français n’en reviennent pas. Pendant mon séjour en France, j’en ai eu honte pour le Québec. J’en étais triste, aussi…S’il vous plaît, Jean, demandez à votre conseiller John Parisella de vous raconter Robert Bourassa en France… ET ENCORE…Diplomate de carrière, Marc Lortie a été le porte-parole de Brian Mulroney. À l’époque, il défendait l’ouverture au Québec. Puis, après le référendum de 1995, Jean Chrétien l’a choisi pour « tasser le Québec à l’étranger ». Lortie s’est assuré que les visites de Lucien Bouchard et de Bernard Landry « seraient strictement encadrées ». C’est ainsi qu’on a empêché le premier ministre Lucien Bouchard de rencontrer le président du Mexique Ernesto Zedillo, qu’il connaissait personnellement et qui l’avait invité à venir le voir à Mexico.


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