La tension monte au PLQ

Mardi matin, en conférence de presse, Jean Charest avait affirmé que la marge de manoeuvre de 700 millions irait « à la santé, à l'éducation et à la fiscalité « s'il est réélu. Or, sur l'heure du midi, il a annoncé que cette somme servirait en totalité à baisser les impôts sous un gouvernement libéral.

J. Charest méprise les Canadians en dépensant leur argent en baisses d'impôt, plutôt qu'en maintenant la qualité des services, comme il leur avait promis.

Tommy Chouinard - Agacé par les questions des journalistes, Jean Charest s'est défendu hier de vouloir acheter le vote des Québécois en promettant de nouvelles baisses d'impôts de 700 millions avec l'argent frais provenant d'Ottawa.
Au cours d'une conférence de presse mouvementée, le premier ministre a montré des signes d'impatience devant les journalistes. Il a esquivé plusieurs questions sur sa nouvelle promesse d'allègement fiscal. Le micro installé pour les médias a été fermé à quelques reprises, pour empêcher des journalistes de poser des questions supplémentaires.
Le chef libéral estime qu'il peut dépenser comme bon lui semble les paiements de péréquation supplémentaires de 700 millions prévus au budget Flaherty déposé lundi. Ottawa verse ces nouveaux fonds afin de résoudre le déséquilibre fiscal.
«On a toujours dit que, dans l'hypothèse où il y aurait des marges de manoeuvre, on resterait sur les mêmes priorités et on irait plus rapidement. C'est ce que nous faisons», a-t-il expliqué. Réduire les impôts fait partie de ces priorités, selon lui. Mais depuis le début de la campagne, comme en 2003 d'ailleurs, il martèle sur toutes les tribunes que la santé est sa «première priorité».
«Une fois que l'argent est transféré, c'est à nous de déterminer ce que nous voulons faire avec, en tenant compte de nos priorités et de nos domaines de compétence. Ce n'est pas le gouvernement fédéral qui décide, c'est nous qui décidons», a-t-il ajouté.
Jean Charest ne voit pas la nécessité d'investir ces 700 millions pour améliorer les services publics, car «on maintient des services de qualité au Québec depuis 2003 en santé et en éducation».
Il a refusé de répondre à un journaliste qui lui rappelait que les urgences débordent et que 30 000 patients attendent une intervention chirurgicale hors des délais médicalement acceptables. «Alors pourquoi ne pas utiliser l'argent pour améliorer les services au Québec?» a demandé le journaliste, qui n'a obtenu aucune réponse. Jean Charest a préféré l'ignorer.
Or, dans un discours prononcé à l'Assemblée nationale le 7 juin 2002, le chef libéral affirmait que «le seul et unique objectif» derrière les revendications du Québec à l'égard d'Ottawa au sujet du déséquilibre fiscal est «d'améliorer les services que nous voulons livrer aux citoyens». Jamais Jean Charest n'avait envisagé de profiter d'éventuels transferts fédéraux supplémentaires pour réduire les impôts.
Plus récemment, en février 2005, le ministre des Finances, Michel Audet, a affirmé que les revendications du Québec, «ce n'est pas une demande pour baisser les impôts. Ce qu'on cherche, c'est d'avoir plus de marge de manoeuvre pour maintenir des services de qualité». Bref, en brandissant l'état précaire des finances publiques du Québec, le gouvernement Charest a toujours demandé à Ottawa de résoudre le déséquilibre fiscal pour avoir les moyens financiers d'améliorer les services.
Jean Charest a plaidé qu'il n'a pas «attendu l'argent du gouvernement fédéral» pour investir davantage en santé et en éducation au cours de son premier mandat. «Les personnes qui vont bénéficier de la marge de manoeuvre, ce sont les citoyens de la classe moyenne qui méritent bien qu'on puisse continuer à faire cet effort pour réduire le fardeau fiscal», a-t-il expliqué. Son objectif est de ramener les impôts du Québec à la moyenne canadienne.
Jean Charest assure que, contrairement à 2003, les baisses d'impôts promises seront au rendez-vous s'il est réélu. «Le cadre financier est très solide», a-t-il noté, reprenant mot pour mot son argument de 2003.
Avec les nouveaux fonds fédéraux, «il n'y a plus de trou» dans les finances publiques du Québec, a-t-il ajouté. Selon lui, le déficit appréhendé de 1 milliard pour l'année prochaine est effacé grâce au budget fédéral.
Mardi matin, en conférence de presse, Jean Charest avait affirmé que la marge de manoeuvre de 700 millions irait « à la santé, à l'éducation et à la fiscalité « s'il est réélu. Or, sur l'heure du midi, il a annoncé que cette somme servirait en totalité à baisser les impôts sous un gouvernement libéral.
L'entourage du premier ministre avait promis des explications lors d'un bref point de presse en soirée. Il l'a annulé à la dernière minute.


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