Sauve qui peut!

Québec 2007 - Parti libéral du Québec



Deux sondages publiés hier sont annonciateurs d'un balayage de l'Action démocratique dans la région de Québec. Nous assistons maintenant à un pitoyable sauve-qui-peut du côté des libéraux.
Les simulations circonscription par circonscription faites à partir des intentions de vote régionales font évidemment abstraction de tous les impondérables (popularité personnelle, erreurs de parcours, etc.), mais elles ne laisseraient qu'un seul siège aux libéraux sur les neuf de la ville de Québec, soit Jean-Talon, où le PLQ a dépêché le ministre Philippe Couillard. Le côté pervers des vagues électorales est que des députés sortants qui ont fait un bon travail et des candidats de valeur sont injustement emportés par le courant. Dans le camp libéral, ce serait le cas pour le ministre responsable de la région, Michel Després, qui a su imposer son leadership, et de la recrue Jean-Claude L'Abbée, certainement ministrable. Sur la Rive-Sud, la ministre Carole Théberge ne mérite certainement pas non plus d'être «punie».
La popularité de l'ADQ dans la capitale et sur la Rive-Sud de Québec irradie maintenant jusqu'en Mauricie, en passant par Portneuf, et sur un vaste territoire qui va de Saint-Hyacinthe à Rivière-du-loup en touchant, au sud, la Beauce et l'Amiante. Même le puissant ministre Claude Béchard serait menacé dans Kamouraska-Témiscouata. Et le ciment est pas mal pris, dans le jargon politique.
Chaque fin de campagne se transforme inévitablement en un sauve-qui-peut lorsque le bateau d'un gouvernement sortant coule. Nous l'avions vu chez les libéraux fédéraux dans les derniers jours avant le vote, en janvier 2005. Les candidats qui possèdent une bonne notoriété dans leur milieu -- et une bonne organisation -- se dissocient le plus possible de la campagne «nationale» et du chef en perdition.
Un vent de panique souffle alors aussi autour de ce dernier et au quartier général de la campagne, ce qui pousse à prendre des décisions et à faire des gestes inconsidérés qui accélèrent la descente plutôt que de la freiner. C'est ainsi que Jean Charest en est venu, mardi, à promettre des baisses d'impôt avec l'argent de la péréquation (donc de l'Alberta et de l'Ontario) destiné à assurer à tous les citoyens du pays des services de même qualité. La péréquation est au Canada ce que fut à l'origine le chemin de fer, le ciment de l'union. L'utiliser à des fins bassement électoralistes est une trahison de la pensée des concepteurs du programme. Jean Charest, qui, en plus, a zéro crédibilité au niveau des promesses sur les baisses d'impôt, s'est ainsi tourné en ridicule.
Autre indice d'improvisation dans l'utilisation des dernières cartouches: le Journal a demandé et redemandé une entrevue éditoriale avec le chef libéral. Sans suite. Mardi soir, par contre, un responsable des communications du PLQ, à Montréal, a plutôt offert directement à l'un de nos reporters une entrevue avec... Michou, l'épouse du chef. Pendant ce temps, M. Charest gérait lui-même, hier, sa conférence de presse matinale à la façon d'un président de république de bananes, avec un mélange de fermeté, de cynisme et de mépris pour les reporters assignés à sa campagne.
Les derniers jours du compte à rebours sont les plus cruels pour un chef en difficulté, qui se fait matraquer au réveil chaque matin par un nouveau sondage plus mauvais que le précédent. Il constate qu'il est impuissant à renverser la tendance; il porte le poids de l'avenir du parti, en plus du sien propre; il perçoit la perte de confiance de ses troupes. Mais il doit jouer la comédie, continuer de motiver les militants pour éviter la débandade totale, encourager ses candidats, essayer de faire croire à tous que ce sera difficile, mais que ce n'est pas perdu, loin de là, alors que, mieux que quiconque, il sait. Il doit cependant travailler en secret pour minimiser les pertes au combat. Les grands partis politiques sont assez bien outillés pour anticiper, à quelques sièges près, le résultat circonscription par circonscription.
Jean Charest sait donc. Et il le cache mal.


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