Une campagne «dévitalisée»

Ça commence à sentir le brûlé...


SAGUENAY – Pour un chef qui venait de passer une mauvaise soirée et un mauvais débat, Jean Charest manquait singulièrement de vitalité et d’énergie, hier midi, quand il s’est présenté à la Chambre de commerce de Saguenay pour recycler une vieille annonce de développement hydro-électrique.
Les gens de Saguenay ont pu voir le même Jean Charest qui était à la télévision la veille : éteint, enfermé dans une routine dont il ne peut pas sortir. Tout le contraire du Jean Charest batailleur et allumé qu’on avait vu quand on le décrivait encore récemment comme le meilleur «campaigner» au pays.
Le Jean Charest qui est premier ministre et demande un renouvellement de son mandat est tout le contraire. Il semble aussi incapable d’une vraie colère bien sentie contre un Mario Dumont qu’il qualifie d’irresponsable que d’enthousiasme pour annoncer un nouveau projet.
Nouveau est un bien grand mot. Le complexe hydro-électrique La Romaine fait partie des plans d’Hydro-Québec depuis des années. Mais ni les évaluations environnementales, ni les négociations avec les autochtones ne sont terminées.
Plus étrange encore, M. Charest annonce pour le prochain mandat de son gouvernement la construction de ce complexe hydro-électrique dans un contexte partisan, dans un communiqué aux couleurs du PLQ et non du gouvernement du Québec. Ce doit bien faire 30 ans qu’un tel développement qui sera effectué par Hydro-Québec, n’a pas été annoncé dans un contexte partisan et en pleine campagne électorale.
«Je suis indivisible», affirme sans sourciller M. Charest affirmant que les annonces de l’État et celles du PLQ sont, en quelque sorte, en osmose pour le temps de la campagne électorale.
D’une part, c’est l’annonce d’un projet qui est déjà dans les cartons, mais qui est loin d’être prêt. D’autre part, c’est un projet qui sera construit sur la basse Côte-Nord et que l’on annonce au Saguenay-Lac-St-Jean. Enfin, c’est un dossier d’État auquel on veut donner une couleur partisane.
Que Jean Charest n’ait rien de mieux à annoncer pour se requinquer au lendemain d’un débat difficile montre combien la campagne libérale a du mal à prendre son envol à 12 jours du scrutin.
Il y a un relâchement qui ressort de la campagne libérale, ce qui est quasi incompréhensible venant d’un parti et d’un politicien qui nous avaient habitués à tellement mieux.
Autre signe du relâchement et du manque de rigueur de la campagne libérale, M. Charest s’était engagé à rencontrer la Fédération québécoise des municipalités, qui avait réuni près de 200 municipalités «dévitalisées», celles qui n’ont perdu leur principale activité économique.
M. Charest a tout simplement annulé sa participation prévue pour hier matin et a voulu se faire remplacer par la ministre des Affaires municipales, Nathalie Normandeau. «Elle les a remplacés et elle a très bien fait ça», disait M. Charest en point de presse.
Seul ennui, la FQM a refusé de rencontrer Mme Normandeau : ils avaient invité le Premier ministre et ils voulaient voir M. Charest. Celui-ci nous a donc raconté une belle rencontre qui n’a jamais eu lieu. Résultat : un premier ministre qui dit n’importe quoi et des maires vraiment en colère.
Comble de malheurs, le brouillard a forcé l’avion de M. Charest a atterrir à Ottawa alors que quelque 1500 militants l’attendaient à Montréal pour une assemblée destinée à le montrer comme le vainqueur du débat de la veille.
Arrivé avec deux heures de retard, M. Charest n’a parlé qu’un petit quart d’heure devant des militants considérablement moins nombreux qu’il y a quatre ans dans les mêmes lieux et les mêmes circonstances.
Depuis le début de la campagne, on disait que M. Charest marquait le pas en attendant le débat des chefs. Cette semaine, on dirait qu’il attend le budget fédéral de lundi prochain et, après ça, il ne restera plus que six jours de campagne.
Mais en attendant, c’est toute la campagne libérale qui a l’air dévitalisée.


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