Le syndrome de Tremblay

2006 textes seuls


Il y a deux semaines, André Boisclair avait reproché à Québec solidaire (QS) de ne pas avoir de programme à présenter aux électeurs de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Qu'est-ce que ce sera quand il en aura un?


Dans une forteresse comme celle-là, une défaite péquiste aurait constitué une énorme surprise, mais l'élection d'hier n'en a pas moins valeur d'avertissement. Dans certaines circonscriptions plus contestées, le nouveau parti de gauche, mieux organisé, pourrait causer des problèmes au PQ dans l'avenir.
La victoire de Martin Lemay est honorable, mais avec un gouvernement qui bat des records d'impopularité depuis deux ans et un candidat nettement plus expérimenté que ses adversaires, le PQ, qui y a mis le paquet, aurait dû l'emporter encore plus nettement.
Le 12 décembre dernier, dans Verchères, Stéphane Bergeron avait accru de quinze points la majorité obtenue par Bernard Landry aux élections générales d'avril 2003, alors qu'André Boulerice avait fait neuf points de mieux que M. Lemay.
Certes, dans le cadre d'une partielle, il n'y avait pas grand risque à voter QS. Aux prochaines générales, les souverainistes y penseront peut-être à deux fois avant de diviser le vote, mais les résultats d'hier laissent tout de même songeur.
On peut comprendre que les électeurs libéraux n'aient pas eu très envie de se rendre aux urnes, mais comment expliquer une telle abstention des péquistes ? À en croire le programme adopté au congrès de juin, le Québec est à la veille d'une nouvelle épopée référendaire. Il devrait normalement y avoir dans l'air une certaine effervescence que ne traduit pas du tout un taux de participation de 30 %.
C'est comme si on n'y croyait pas vraiment ou que la désillusion affichée par Michel Tremblay et par Robert Lepage faisait tache d'huile. Ceux qui trouvent que le PQ a perdu son âme en versant dans un discours économique désincarné, mais qui n'ont pas eux-mêmes renoncé à rêver, pourraient bien se tourner vers Québec solidaire.

Cette faible mobilisation des souverainistes est peut-être à la mesure de la performance d'André Boisclair depuis son élection à la tête du PQ. Si les lendemains des prochaines élections générales doivent ressembler à cela, il serait peut-être plus prudent de commencer à penser dès maintenant à un plan B, au cas où il faudrait se résigner à gouverner une «province» pendant un certain temps.

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Si cette défaite prévisible est la plus mauvaise nouvelle de la semaine pour le PLQ, cela sera déjà un progrès. Les choses vont tellement mal pour le gouvernement Charest, ces temps-ci, qu'il n'était pas impensable que les libéraux subissent l'humiliation de terminer troisième derrière Québec solidaire.
Dans les circonstances, le simple fait d'avoir maintenu l'essentiel des appuis de 2003 a déjà quelque chose de rassurant. Dans Sainte-Marie-Saint-Jacques comme ailleurs, cela signifie sans doute que les libéraux ont atteint leur plancher. Même sans le nom de Malépart sur ses affiches, le PLQ n'aurait probablement pas fait beaucoup moins bien.
En juin 2002, une série d'élections partielles désastreuses avait sérieusement ébranlé le leadership de Jean Charest. Au point où il en est, celle d'hier n'aura pas grand effet. Pour plusieurs, la cause est déjà entendue.
Le grand perdant de la soirée était plutôt Mario Dumont. Ses attentes n'étaient pas très élevées, mais il y a tout de même des limites à la marginalisation. D'une partielle à l'autre, l'ADQ confirme son exclusion du paysage montréalais, pour ne pas dire du paysage urbain. Avec 8,3 % des voix dans Sainte-Marie-Saint-Jacques en avril 2003, l'ADQ était déjà à la limite de la respectabilité. À 2 %, quatre points derrière les verts, elle se situe maintenant à l'intérieur de ce qui serait la marge d'erreur d'un sondage.
Le 23 mars dernier, la candidate adéquiste en 2003, Annick Brousseau, de tendance souverainiste, avait publié dans Le Devoir une lettre intitulée Jamais plus l'ADQ, dans laquelle elle annonçait son ralliement au PQ. L'effondrement d'hier laisse penser que l'exode touche aussi bien les adéquistes fédéralistes. Le simple recrutement de candidats risque maintenant de constituer un problème.
Après des résultats également décevants dans Verchères et dans Outremont en décembre dernier, Mario Dumont avait annoncé des changements substantiels au sein de son parti. Manifestement, il a encore beaucoup de pain sur la planche. Si le coeur y est encore.
mdavid@ledevoir.com


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