Économie

La performance spectaculaire du Québec

Le Québec apparaîtra bientôt aux yeux du monde comme un véritable paradis

Chronique de Richard Le Hir


C’est un rituel, comme autrefois la messe du premier vendredi du mois. Sauf que cette nouvelle « messe » dont je viens vous parler est dédiée à l’économie. En effet, à chaque premier vendredi du mois aux États-Unis et au Canada sortent les statistiques sur la création d’emploi et le chômage. Et ce mois-ci, la performance du Québec n’est rien de moins que spectaculaire.
Jugez-en vous-même. En décembre, les États-Unis ont créé 103 000 emplois, le Canada 22 000 et le Québec 24 700. Le taux de chômage s’établit à 9,4 % aux États-Unis, il est de 7,6 % au Canada, et de 7,6 % au Québec.
C’est donc dire que le Québec fait mieux que les États-Unis et le Canada sur le plan de la création d’emploi, mieux que les États-Unis sur le plan du chômage, et que sur ce plan, il est au niveau de la moyenne canadienne.
***
Pour comprendre pleinement le sens de ces chiffres, il faut aller encore plus loin. (28 déc 2010).
Celle du Québec est de 7,9 millions. Si les États-Unis avaient créé le mois dernier des emplois en même proportion que le Québec sur une base per capita, ils auraient créé 969 475 emplois, soit à peu près 9,5 fois plus !
Ces chiffres sont sidérants et nous permettent de comprendre l’ampleur et la profondeur de la crise en cours aux États-Unis.
Et au Canada, le Québec crée davantage d’emplois (24 700) que le Canada dans son ensemble (22 000), ce qui veut dire qu’au lieu d’enregistrer un gain net de 22 000 emplois, le Canada aurait enregistré une perte nette de 2 700 emplois le mois dernier si le Québec n’en avait pas fait partie.
Voilà des chiffres qui donnent à réfléchir et qui ne peuvent que combler d’aise les indépendantistes que nous sommes. Voilà qui confirme une fois de plus ce que je dis et répète depuis un an. Non seulement l’économie québécoise n’est-elle pas mal en point, mais, dans la crise que traverse l’économie mondiale depuis 2008, elle s’en tire nettement mieux que ses partenaires économiques naturels que sont le Canada et les États-Unis, et même la plupart des pays développés.
Eh, les Lucides, les Bouchard, Legault, Facal, Pratte, Dubuc, et consorts de ce monde... Avez-vous bien compris ? Voulez-vous toujours mettre la hache là-dedans ?
Voilà ce qui arrive quand on succombe à l’idéologie ambiante. On finit par perdre de vue la réalité. Or la réalité est nettement plus rose au Québec qu’aux États-Unis et au Canada. La seule ville du Canada où le taux de chômage soit plus bas qu’à Québec (4,8 %), c’est Regina (4,6 %), à cause du « boom » de la potasse et du pétrole lourd. Québec fait même mieux que Calgary et Edmonton, au royaume des sables bitumineux ! Et au Québec, on n’a même pas de « boom » ou de sables bitumineux, même si certains voudraient bien nous passer les gaz de schistes en travers de la gorge. Après avoir semé la merde ailleurs, ils voudraient venir faire leurs saletés ici.
***
Évidemment, Charest voudra s’attribuer tout le mérite de la bonne performance du Québec, comme il l’a fait il y a quelques mois, poussant même le culot de me faire citer dans le journal du PLQ en omettant délibérément le paragraphe de mon texte où j’expliquais pourquoi il ne pouvait pas s’attribuer ce mérite. Mais cet homme est dénué de tout scrupule, la preuve en a maintenant été faite dans tous les dossiers.
Au rythme où vont les choses, le Québec apparaîtra bientôt aux yeux du monde comme un véritable paradis, et il excitera toutes les convoitises. C’est exactement ce que j’écrivais le 17 mars dernier, avant que la réalité ne devienne si évidente pour tous.
Alors voilà, comme je le disais,
« Lors du prochain référendum, les Québécois n’auront pas à choisir entre la richesse d’un côté (le fédéralisme) et la misère de l’autre (l’indépendance). Ils auront à choisir entre se faire manger la laine sur le dos par le fédéral et les exploiteurs qui le tiennent en vie au mépris de leur langue, de leur culture, de leur identité, de leurs valeurs et de leurs intérêts, ou choisir d’exploiter pour eux-mêmes leur immense richesse, en mettant en valeur leur langue et leur culture, dans le respect de leur identité et de leurs valeurs.
Le choix ne saurait être plus simple et la réponse plus évidente. »


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13 commentaires

  • Christian Huot Répondre

    29 janvier 2011

    « Évidemment, Charest voudra s’attribuer tout le mérite de la bonne performance du Québec, »
    C'est étonnant de voir un indépendantiste confirmer qu'un parti fédéraliste au gouvernement du Québec produit de bon résultats économiques. Même en période de crise des finances, mondiale.
    Détruisant ainsi la crédibilité de votre billet du 5 janvier... « POURQUOI, CROYEZ-VOUS, QUE L’INDÉPENDANCE DU QUÉBEC EST NON SEULEMENT NÉCESSAIRE, MAIS URGENTE ? »
    Pas étonnant que le PM Harper dit, aujourd'hui, qu'il a reglé ce problème.
    CH

  • Stéphane Sauvé Répondre

    11 janvier 2011

    J'aime toujours lire des articles sur les prouesses intellectuelles, artistiques....et économiques du Québec. J'aimerais que vous ayez raison sur l'avantage que le Québec a sur le reste de l'Amériques du Nord au plan de son économie. Mais voilà, on constate que notre structure de l'emploi s'est fragilisée au cours des dernières années, notamment en raison de l'augmentation du nombre d'emploi à temps partiel.
    A ce sujet, l'Institut de la Statistique du Québec nous rapporte que "Durant la période 2001-2009, l'emploi à temps partiel gagne du terrain au détriment de celui à temps plein dans l'ensemble du Canada ainsi que dans quatre des cinq régions analysées, la seule exception étant la région des Prairies. Le Québec et l’Ontario sont les deux régions qui affichent la plus forte augmentation de la part relative de l’emploi à temps partiel, soit 1,5 point de pourcentage." http://www.stat.gouv.qc.ca/salle-presse/communiq/2010/juin/juin1017b.htm
    Cela étant dit, je suis tout à fait d'accord avec l'esprit de votre article. Le Québec peut faire figure de nation phare à l'échelle internationale. Son accès à la mer, ses ressources hydrauliques, ses ressources minières et forestières, mais surtout ses ressources humaines, font du Québec une pépinière d'opportunités. C'est d'autant plus le cas, que le Québec est l'une des rares nations occidentales qui n'ait pas procédé par la guerre pour faire entendre ses intérêts et valoriser son potentiel.
    À la lumière de ce qui précède, je crois, que le Québec pourra un jour être en lice pour devenir "la Suisse de l'amériques" à la seule exception près, qu'elle thésaurisera non l'or et l'argent mais le génie qui s'y trouve. C'est au cours de mes nombreux voyages à travers le monde comme consultant que j'ai pu constater cette potion magique gauloise chez les québecois qui excellaient partout où ils oeuvraient.
    C'est de bonne augure. D'ici là, nous avons de nombreux défis à relever, le premier étant de mettre en place des projets porteurs qui soient rassembleurs et qui puissent nous permettre d'unir la gauche et la droite. La polarisation des idéologies sert toujours ceux qui ne veulent pas de changement.
    En définitive, nous avons besoin de ramener cette vision des Lévesque, Leclerc, Miron, Chartrand,et d'autres dans des projets de société qui nous permettent d'établir cette souverenneté sans la demander à qui que ce soit. L'autonomie énergitique du Québec est une première bataille à gagner. De fait, la première serait plutôt, qu'un mouvement citoyen de grande envergure voit le jour au Québec. Et c'est possible! Je pense encore à ce fameux 15 février 2003 où plus de 150 000 personnes bravaient un froid glacial pour manifester contre la guerre en Irak. Nous étions la nation ayant manifesté avec le plus de force citoyenne contre cette infamie. Que dire du 15 mars 2003 avec plus de 250 000 dans les rues, toujours contre cette guerre en Irak. Et puis cette merveilleuse marche pour le Pain et les Roses, lancée par le mouvement des femmes du Québec dans les années 90, un mouvement qui a plongé ses racines à l'échelle de la planète.
    Je crois à ce village d'astérix et obélix en terre nordique. Je crois à ce beau peuple, qui je le rappelle nous a été permis grâce à nos frères et soeurs autochtones, pour qui le prix de notre colonisation fut et demeure hors de l'entendement. Ils ne demandent que notre union véritable pour qu'ensemble, sur cette terre bénie, nous devenions une nation qui donne un nouvel exemple de ce que peut être un peuple généreux de ses talents et ferme de ses convictions pour un développement qui est véritablement durable.
    Pythagore a dit un jour: "Le possible habite près du nécessaire". Ce nécessaire est arrivé.

  • Jacques Bergeron Répondre

    9 janvier 2011

    Merci beaucoup pour cette vraie analyse.
    Malheureusement, nos concitoyennes et nos concitoyens ne liront pas ce texte?Cela est regrettable.Ils préfèrent dormir du sommeil de ceux qui rêvent d'un monde meilleur en espérant que d'autres le leur prépare. Ils ne sont pas foutus de lutter contre les exactions scandaleuses de JJ Charest et des maires, comme Tremblay et Vaillancourt, et autres maires membres du PLQ.Comment dans ces conditions pourraient-ils essayer de vous suivre par le biais de vos articles,plus intéressants et plus justes les uns que les autres. Mais,aujourd'hui, ils vont se passionner pour le référendum du Sud Soudan, et l'affaire de la Côte d'Ivoire, en prenant pour acquis le droit pour les Sud-Soudanais de se donner un pays indépendant à la solde des USA et des capitalistes qui n'en n'ont que pour leur pétrole et pour ceux de la Côte d'Ivoire de se placer sour l'autorité de l'ONU et des USA par le biais d'un président leur étant assujetti. Pendant ce temps nos ami-e-s exigeront des excuses de certains membres du PQ,sans en faire autant de ceux du PLQ.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 janvier 2011


    Monsieur Le Hir,
    Les Québécois se posent encore la question de savoir
    s'ils vont "rester dans le sein du Canada" ou en sortir.

    C'est de l'obstétrique.

    La question est de savoir si nous allons rester inféodés
    au gouvernement centralisateur, unitaire et arbitraire d'Ottawa ou si allons simplement le jeter dehors du Québec,
    Le Canada est un continent distinct au nord des Amérique comme la Scandinavie est distincte de l'Europe. La différence: le Québec seul est aussi étendu que toute la Scandinavie.
    Ces précisions sont importantes si nous voulons en venir avec une décision claire et sans équivoque.
    JRMS

  • Lise Pelletier Répondre

    7 janvier 2011

    M. Le Hir
    Avec votre article, il y a de quoi en boucher un coin au
    duo Duhaime/Marcotte, toujours en train de déprimer sur le pauvre état du Québec.
    Merci
    Lise Pelletier

  • Isabelle Poulin Répondre

    7 janvier 2011

    Monsieur Le Hir, vous n'avez jamais si bien dit !
    Pour aider notre cause, il faut continuer de décrire la réalité loin des propagandes. Plus on se rapproche de la réalité, à la longue, plus l'angoisse et la peur diminue. Notre défi est bien de réduire cette angoisse imperceptible parfois qui se traduit par des comportements de moutons, de robots et de gens qui se laissent manipuler par leur sentiment d'impuissance. S'approcher de la réalité finit par réduire l'angoisse et la peur et nous protège contre les manipulations et la propagandes !

  • Pierre Grandchamp Répondre

    7 janvier 2011

    Le Québec s'en tire mieux que l'Ontario et les États Unis, au niveau du chômage.
    Mais aussi mieux que l'Union européenne:9,6 en novembre.

  • Pierre Grandchamp Répondre

    7 janvier 2011

    Personnellement je trouve dommage que les élus souverainistes, à Ottawa comme à Québec, ne viennent pas, sur la place publique, déboulonner la "baloune" d'un Québec assisté social avec la péréquation.
    Expliquer aux gens que, au bout du compte, c'est moins rose qu'on ne le prétend.
    Je sais que le Rapport Legault avait étudié la question.En 2004????
    D'autre part, actuellement les journaux de Gesca et de Quebecor tirent très, très à droite. Surtout Quebecor.
    Pierre Grandchamp

  • Archives de Vigile Répondre

    7 janvier 2011

    J'ai écrit par erreur : «partenariat avec le ROC à côté de l’association au référendum de 1995.» Fallait écrire : «partenariat avec le ROC à côté de la souveraineté au référendum de 1995.» S’cusez !

  • Archives de Vigile Répondre

    7 janvier 2011

    Il y a environ 35 % de Québécois qui sont certains que nous sommes plus riches et plus heureux dans le Canada, 35 % qui sont certains que nous serions plus riches et plus heureux à l’extérieur du Canada et 40 % au milieu, entre les deux, qu’il faut rassurer, parce qu’ils sont des hésitants qui ont peur du changement, de perdre leurs jobs et le reste qui vient avec, souvent plus que la peur de perdre leur langue et leur culture.
    Ce qui précède est le grand défi du PQ, la raison pour laquelle M. Lévesque a placé le mot association à côté de souveraineté au référendum de 1980 et que Messieurs Parizeau, Bouchard et Dumont ont adopté le concept de partenariat avec le ROC à côté de l’association au référendum de 1995. Il semble que le PQ ait choisi depuis la souveraineté seule, ce qui devrait être plus difficile à vendre aux Québécois craintifs, à tort ou à raison.
    M. Lamothe, plus haut, est un brave, du groupe numéro deux.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 janvier 2011

    Et l'indépendance nous rendra encore plus riche, car totalement maître de toutes nos décisions sans obstruction aucune d'une nation étrangère, la «canadian nation» en ce qui nous concerne.
    Jacques L. (Trois-Rivières)

  • Archives de Vigile Répondre

    7 janvier 2011

    « Évidemment, Charest voudra s’attribuer tout le mérite de la bonne performance du Québec. »
    Merci Monsieur LE HIR pour cette précision. Cette performance appartient aux citoyens et travailleurs du Québec et non à un valet d'oligarques. Monsieur Charest n'a rien d'un homme intelligent. C'est un simple perroquet, méprisant et peu cultivé (comme la majorité de la classe politique).
    Cela dit, le Québec sera inévitablement mené à l'abattoir de l'Autel de la consommation pour détruire ce qui reste de démocratie si ce subalterne qu'est Charest demeure au pouvoir. Il faut l'évincer le plus rapidement possible. Qu'il se permette de nier l'intelligence des citoyens (qui demandent enquêtes publiques et moratoires) n'a rien de surprenant. La classe politique mondiale n'est en fait qu'un tampon qui sépare le peuple (le bétail) de ses bergers (l'élite). Lisez « La structure psychologique du fascisme », texte écrit en 1935 par Georges Bataille. On comprend mieux après pourquoi la classe politique est homogène alors que ses membres (dont nous ne faisons pas partie) se soutiennent en temps de crise pour se maintenir au pouvoir...
    André Meloche

  • Archives de Vigile Répondre

    7 janvier 2011

    Vous avez raison d’écrire que cette prospérité va probablement donner des arguments à M. Charest et au PLQ pour se faire mieux réélire une quatrième fois de suite vers 2012, même s’il n’en est pas responsable.
    Faut pas oublier que plus de confort et/ou de prospérité, mène à l’indifférence, ce qui n’incite pas aux changements constitutionnels ou autre.
    Quand le Québec va mal, ils disent : Ce n'est pas le temps de changer, vous n'en avez pas les moyens et quand il va bien : Pourquoi changer ce qui marche bien ?
    Misère des 2 côtés ! Le PQ devra y faire face solidement.