le désarroi de VLB

La fin d'un nationalisme et le début d'un autre

Pour nous, tous les espoirs sont encore permis, vivants, et profondément ancrés dans nos coeurs.

Tribune libre 2008

À en croire Victor-Lévy Beaulieu, le nationalisme de sa belle époque sombre
en emportant avec lui tout l'espoir de voir le Québec devenir un pays. Moi
qui suis trois fois plus jeune que lui, je me dis que ce nationalisme
catholisant aux nombreuses péripéties historiques ne meurt pas sans laisser
de traces.
Évidemment, tous les espoirs sont permis à la jeunesse, mais comment
celle-ci peut-elle réagir face à ces constats, de plus en plus nombreux,
qui expriment à jugements à peine voilés que le combat est terminé, la
porte ouverte à l'aliénation définitive de ce peuple « qui en a jamais fini
de ne pas vouloir être »? Je dois admettre que c'est choquant, et que ça
donne férocement le goût de laisser tomber ces vieux canevas éculés pour
créer ce pays comme bon nous semble en oubliant un peu les peurs et les
déceptions morbides de ceux qui nous ont précédés.
Le mondialisme adopté par
la jeunesse québécoise n'en est pas un d'aliénation nationale, il s'agit
plutôt d'une ouverture sur la possibilité de mieux se voir dans la glace,
de comprendre nos intérêts communs et de dire haut et fort qu'il est, en ce
mirifique territoire, un peuple français, grandi par son unicité, qui
arrive comme le train de cinq heures et quart bouleverser l'échiquier
politique des Amériques!
La prospérité n'est plus dans la tête de ceux qui depuis longtemps ont
oublié de regarder les autres plutôt que de faire l'apologie de leur
nombril, traversé d'un esprit à ce point moralisateur qu'on ne félicite
plus l'enfant d'avoir réussi sa dictée. Qui plus est, comment pouvons-nous
prendre cette place qui nous est due quand, à tous les coups, « nous
n'avons pas raison car nous n'avons pas l'expérience de l'histoire », de la
grande noirceur au référendum de 95. Je n'avais que sept ans et pourtant,
je l'ai senti cette tension et cette tristesse dans la maison quand le
résultat est apparu à travers l'écran de télévision. Ces sentiments
d'enfant, je les glorifie, car s'il ne s'est rien passé d'extraordinaire
depuis ma naissance, je me réconforte en sachant que l'avenir me réserve, à
moi comme à toute la jeunesse québécoise, une belle et grande page
d'histoire!
Si la fin de ce nationalisme, que tous les vieux auteurs dénaturés
annoncent avec les trémolos des perdants au fond de la gorge, survient,
c'est que ce combat doit dorénavant être porté par des mains fraîches et
audacieuses. Naîtra alors un nouveau nationalisme, celui d'une jeunesse
assoiffée de connaissance, fleurie par la créativité, efficace porteuse
d'un rêve ancestral modifié par les moules du temps et façonné à l'exemple
d'un siècle qui fera éclore les relations internationales dans une nouvelle
dynamique que seuls les jeunes, hélas, sont en mesure de saisir. Le Québec
n'est pas ouvert à l'assimilation, il est ouvert à la reconnaissance, et
tant qu'il y aura des jeunes pour parler cette langue de Miron, pour bâtir
la maison, pour cultiver la terre et occuper le territoire, le Québec
existera avec ce qu'il a de plus cher.
Prophètes de malheur, taisez-vous! Écrivez des poèmes si ça vous chante
mais prière de ne pas mettre vos bâtons lexicaux dans nos roues. Si l'on ne
peut porter la flamme, c'est parce que vous l'avez éteinte avant nous. On
rallume l'espoir par nous-mêmes car nous n'avons pas su profiter de vos
leçons d'histoire, dommage, on se reverra au jour de l'indépendance et on
prendra une bière québécoise, question de savourer le pays qu'on aura bâti
ensemble, à relais.
Monsieur Beaulieu, vous ne laissez pas des débris derrière vous. Ne
soyez pas aussi pessimiste. Or je vous demande, comme à vos semblables, de
toute ma bonne humeur, de croire en nous, de comprendre qu'il nous faut cet
espace national pour que nous puissions agir en bonne et due forme avec nos
buts: faire le pays du Québec et le propulser comme une force lumineuse
dans le 21e siècle!
Pour nous, tous les espoirs sont encore permis, vivants, et profondément
ancrés dans nos coeurs. N'est-ce pas là le début d'une logique solution?
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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4 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    1 mars 2008

    Monsieur Simon Blais,
    Vous faites amende honorable pour avoir omis de dormir sur votre texte avant son envoi. Comme disaient « les vieux » : c’est le métier qui entre… Et en guise de réparation pour les flèches empoisonnées décochées à vos prédécesseurs, vous leur rendez hommage. Enfin nous sommes tous réconfortés d’apprendre que votre écriture alimente votre militantisme. C’est une touche d’optimisme pour l’essentielle nécessité à toute vie : l’eau! Les algues bleues n’étant qu’un indicateur du niveau d’une dégradation occulte de cet élément, vos progrès seront d’autant plus faciles à suivre à l’œil nu. Merci de vos engagements.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 février 2008

    Vous savez, il y a des fois où je suis un peu comme VLB. Je m'emporte et parfois sur le coup de la colère et du dépassement. Il est juste de dire que certains de mes propos sont excusables, et je dois les assumer. J'ai posté plus vite qu'avec réflexion et j'y ai pensé durant une bonne partie de la journée d'hier.
    Évidemment, les gestes doivent suivre. Concrètement, ce n'est pas sur le web que mes gestes valent. Je suis engagé tous les jours dans une cause qui me tient à coeur depuis que je suis jeune: l'environnement. Ce qui ne veut pas dire que je délaisse le reste pour autant. Mais je comprend votre point de vue et je le respecte; cela me permettra de cheminer.
    Depuis le 24 février, j'ai décidé d'y aller d'une poussée de mon implication politique avec le Comité des Jeunes du Parti Indépendantiste, comme responsable de la mobilisation sur le Conseil exécutif. Il s'agit là d'une belle façon pour moi de faire suivre les belles phrases. Et si je ne suis pas un as du droit et de la bonne conduite civique, je dois admettre que mon talent se situe au niveau de l'écriture, et je n'ai pas peur de ce que je dis, ni du présent ni du passé, et je reconnais les efforts mis de l'avant par les vétérans de l'indépendance depuis plusieurs années et même plus.
    Parfois, j'ai des ressentiments et je les exprimes. Mes excuses à ceux qui peuvent en être choqués; fondamentalement, je respecte et j'apprécie les interventions de chacun d'entre vous.
    Sans rancune aucune.
    Merci.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    27 février 2008

    Monsieur Simon,
    Dès le printemps dernier, vous écriviez : L’écologie au service de l’indépendance. Vous débutiez « fort » en assumant que jusqu’à date, les Québécois(e)s se comportaient comme des GRANDS PARLEURS, PETITS FAISEURS. Vous faisiez grande profession de foi en la ressource naturelle du Québec qui en assurera son indépendance. Nous en deviendrions même un SYMBOLE DE LA PUISSANCE DE L’UNIVERS… Ce monde actuel, magané, il ne suffirait que d’un coup de bistouri au ventre pour le sauver…
    Dans ce bel élan oratoire, sur les forêts, les mines, l’eau et le vent, vous avez passé sous silence que nous les avons à peu près tous vendus aux multinationales déjà, de qui nous devons maintenant les racheter à fort prix en produits manufacturés.
    En début de ce mois de février, vous avez épaté la galerie avec un important texte structuré en quatrains, à la Miron, que vous citez à l’occasion. Le jeune loup y rue dans les brancards. Il interpelle volontiers les « plis des vieux », qui « barrent son fleuve à coups de vieilles solutions ». « Pays trop mou, peuple de paradoxes, poutine crisse, avec extra sauce brune chimique. » « Une jeunesse se lève et ose parler du monde, on la traite de lâche, d’utopiste alors qu’elle a de l’Audace… On veut la taire, on ose dire qu’elle invente des futilités…Quiconque se moque d’elle n’a plus qu’à se fermer » Et vous concluiez par ce grand cri de ralliement : « Je lance cet appel à la réconciliation en tant que petit artiste osé par la grandeur.
    Alors les vieux se sont tus. Ils ont attendu le plan d’action du petit artiste.
    Roulement de tambour : Voici venu le plan, en ce 27 févier ’08 : Le MONDIALISME viendra dire haut et fort qu’il est, en ce mirifique territoire, un peuple français, grandi par son unicité, qui arrive comme le train de cinq heures et quart bouleverser l’échiquier politique des Amériques!
    Monsieur Simon, c’est pas pour faire mon « nous n’avons pas raison car nous n’avons pas l’expérience de l’histoire », que vous utilisez comme bouclier âgiste, mais vous essaierez cette théorie avec les unilingues anglos maintenant majoritaires à Montréal.
    Par ailleurs, moi qui avais sermonné les témoins paternalistes de votre APPEL À LA RÉCONCILIATION, je ne pourrai les blâmer d’avaler de travers votre : « Si la fin de ce nationalisme, que tous les vieux auteurs dénaturés annoncent avec les trémolos des perdants au fond de la gorge, survient… Naîtra alors un nouveau nationalisme, celui d’une jeunesse assoiffée de connaissance, fleurie par la créativité, efficace porteuse d’un rêve ancestral modifié par les moules du temps et façonné à l’exemple d’un siècle qui fera éclore les relations internationales dans une nouvelle dynamique que seuls les jeunes, hélas, sont en mesure de saisir. Le Québec n’est pas ouvert à l’assimilation, il est ouvert à la reconnaissance, et tant qu’il y aura des jeunes pour parler cette langue de Miron, pour bâtir la maison, pour cultiver la terre et occuper le territoire, le Québec existera avec ce qu’il a de plus cher… Prophètes de malheur, taisez-vous!… Ne pas mettre vos bâtons lexicaux dans nos roues… Si l’on ne peut porter la flamme, c’est parce que vous l’avez éteinte avant nous…je vous demande, de toute ma bonne humeur, de croire en nous…que nous puissions agir avec nos buts : faire le pays du Québec et le propulser comme une force lumineuse dans le 21e siècle! »
    Voilà des ultimatums qui portent à conséquence : pour envoyer paître ceux qu’on invite à la réconciliation, il faut être fin prêt à prendre la relève…ILLICO! Avec un plan détaillé et des troupes en abondance!
    Si vous récusez l’Histoire, vous vous dites quand même assoiffé de connaissances : les STATISTIQUES deviennent accablantes, si vous voulez vraiment qu’il demeure français, ce Québec comme force lumineuse… En tant que PROPHÈTE DE MALHEUR, avant que de me taire, j’aimerais rappeler un élément de l’Histoire, aussi capital que troublant.
    Le mois de Février étant celui des Patriotes, je suis allé hier visiter, au Musée de la Pointe à Callère, l’exposition sur leur épopée de 1837-38. On nous y rappelle la nature équivoque de LOUIS-JOSEPH PAPINEAU. Ce grand patriote était doué d’un talent d’éloquence remarquable. C’est grâce à ce don charismatique de la parole, de l’usage en public des mots, des phrases et des envolées oratoires, qu’il à su gagner la confiance des Canadiens français et les convaincre qu’il ne suffirait pas des seuls moyens pacifiques pour obtenir justice contre l’oppression délibérée de l’Empire britannique(qui n’a jamais cessé). Cependant, au lendemain des rébellions sauvagement écrasées, en particulier à Saint-Eustache, Robert Nelson a déclaré : « Papineau nous a abondonnés. » On dit qu’il a finalement pris peur, drapé dans la constitutionnalité. (l’attentisme, on connaît…) Le Chanoine Groulx en a dit : nébuleuse incohérence de la pensée.
    Tout ça pour dire, Monsieur Simon, qu’il ne suffit pas de faire de belles phrases. Quand on refuse de voir d’où l’on vient, on ne peut voir où l’on s’en va. Et pour le dire comme les « vieux perdants », avec « toute ma bonne humeur » il faut que les bottines suivent le discours des babines. Ne pas confirmer la rumeur des Québécois grands parleurs et petits faiseurs. Je le dis avec la même franchise que vous, par respect pour les « moins vieux » qui sont en pleine construction de ce pays « impossible ».

  • Gaston Boivin Répondre

    27 février 2008

    Monsieur Blais, souvent la déception chez un individu est à la mesure de son investissement. Ne reprochez pas à un vieux combattant de s'être toujour battu et aujourd'hui, alors que tantôt, l'espace d'un moment, il a cru être sur le point de mettre pied sur son pays, d'en sentir maintenant le sol se dérober sous ses pieds, tout cela par le manque de clairvoyance, de fierté et de courage des siens et par la lâcheté, sinon la trahison d'une certaine élite. Ne lui reprochez pas son désemparement et son immense sentiment de se sentir abandonné. Respectez sa colère et ne l'interprétez pas comme un abandon mais comme un cri du coeur. Et surtout, ne perdez pas cette foi, cette énergie propre à la jeunesse, celle pour qui et par qui tout est possible.