Le Québec passe par une période de profonde perplexité. On a l’impression qu’il ne sait plus ce qu’il veut, qu’il ne sait plus qui il est. Il ne s’intéresse pas à son histoire, c’est-à-dire à son identité, à lui-même. On nous dit qu’à Montréal, il est plus facile de gagner sa vie en anglais qu’en français. Certains soutiennent qu’il faudrait enseigner l’histoire et la géographie en anglais dans les écoles pour permettre aux Québécois de se fondre dans la grande masse nord-américaine. Relevez tout ce qui s’écrit et se dit dans les journaux et les divers médias sur le présent, le passé et l’avenir du Québec, et vous éprouverez une impression de désarroi indescriptible.
En soi, un débat est salutaire. Mais encore faut-il qu’il y ait un débat. Il ne faut pas confondre le débat avec un exercice de défoulement, ou des démarches de diversion. Pour qu’il y ait un débat entre deux personnes, il faut que l’on discute d’un même sujet. À plus forte raison si l’on parle d’un débat public, il faut que l’on s’entende sur le sujet de la discussion. Le problème central actuel du Québec est de savoir si le Québec accepte de disparaître, de se fondre dans la mer anglo-saxonne nord-américaine ou s’il décide de prendre sa place parmi les nations. Ce qui explique la confusion des discussions actuelles, c’est que les termes de ce débat ne sont pas formulés. Il n’y a personne qui formule le discours de l’indépendance qui permettrait de situer les questions et les problèmes que nous brassons de façon désordonnée et anarchique. Ce serait le rôle du Parti québécois de formuler ce discours et de le défendre, mais il oublie pourquoi il existe. Il s’est résigné au rapatriement unilatéral de la Constitution, au tripotage de la Loi 101 par la Cour suprême du Canada, au déménagement de l’aéroport de Mirabel à Toronto, au vol du dernier référendum, à la démolition de GM à Fabreville, et on pourrait allonger la liste indéfiniment. C’est pourquoi le débat actuel est faux, il est une fuite, une diversion. Loin d’être salutaire, l’exercice ressemble moins à une quête de liberté qu’à une capitulation tranquille.
Paul-Émile Roy
La capitulation tranquille
Le problème central actuel du Québec est de savoir si le Québec accepte de disparaître, de se fondre dans la mer anglo-saxonne nord-américaine ou s’il décide de prendre sa place parmi les nations.
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1 commentaire
Gaston Boivin Répondre
15 février 2008Félicitations monsieur Roy, en peu de mots mais avec justesse et petinence, vous avez tracé un tableau exact de la situation et de sa problématique! Mais il semble que ces gens-là n'écoutent et ne lisent qu'eux-mêmes! La seule influence que, parfois, ils acceptent, c'est celle de la grosse presse à Desmarais, lorsqu'elle réussit tellement bien à manipuler l'ensemble de la populace qu'ils n'ont, selon leur appréciation, d'autre choix que d'en tenir compte pour ne pas baisser dans les sondages, ce qui contribue d'autant à leurs insuccès et risque éventuellement de causer leur perte. Les gens qui pourraient être leurs alliés naturels, mais pourquoi donc les écouteraient-ils, d'autant plus que, plus souvent qu'autrement, ils sont critiques quant à certains de leurs silences, omissions et certitudes et plusieurs de leus agissements. Ils préfèrent les voir comme des excessifs de la cause, des purs et durs, comme ils disent, des gens peu fréquentables. Ils préfèrent rester entre eux, dans leur petite chapelle, bien à l'abri de tout esprit rebelle et/ou critique, rassurés, à répéter inlassablement et machinalement leur petit bréviaire, sans en bien peser les mots, qui, ainsi, sont en train de perdre, tous, leur sens.