Chantal Théry

"De plume et d’audace. Femmes de la Nouvelle-France"

Journée internationale de la Femme 2009-2011


Voici un livre qui nous permet de faire un voyage très agréable en Nouvelle-France, aux premiers temps de la colonie française, avec des femmes remarquables tant par leur culture que par leur vie spirituelle.
L’auteure cite Virginia Woolf: « Il serait infiniment regrettable que les femmes écrivissent comme des hommes ou vécussent comme des hommes, car si deux sexes sont tout à fait insuffisants quand on songe à l’étendue et à la diversité du monde, comment nous en tirerions-nous avec un seul? »
On comprend que c’est une lecture féminine ou féministe d’une période de notre histoire qu’on nous offre ici et l’entreprise en vaut la chandelle. Les femmes, en effet, ont joué un rôle important en Nouvelle-France, dès le début de la colonie. Ces « Amazones du Grand Dieu en Nouvelle-France », Ursulines et Hospitalières, étaient animées d’un esprit mystique et prenaient des initiatives qu’un père Le Jeune, jésuite, trouvait un peu intempestives.
Chantal Théry nous raconte donc la part très importante qu’ont prise au développement de la Nouvelle-France et de la Nouvelle-Orléans ces femmes intrépides, religieuses et laïques. Elle nous présente Marie de l’Incarnation, religieuse mystique et femme douée d’un sens de l’organisation peu ordinaire, Marie Morin, annaliste de l’Hôtel-Dieu de Montréal, première historienne canadienne, Élisabeth Bégon, épouse du gouverneur de Trois-Rivières qui nous a laissé une correspondance importante avec son gendre, Marie Tranchepain de Saint-Augustin, supérieure des Ursulines de la Nouvelle-Orléans, et plusieurs autres qui ont marqué cette période de notre histoire.
Le propos de l’auteur n’est pas de raconter l’histoire générale des débuts de la Nouvelle-France et de la Nouvelle-Orléans, mais plutôt de décrire le rôle que les femmes y ont joué, les difficultés qu’elles ont rencontrées, l’esprit d’initiative dont elles ont fait preuve. Elles font preuve, en effet, d’une grande détermination, parfois même à l’endroit de l’autorité ecclésiastique. On est surpris de constater, chez plusieurs Françaises, religieuses ou non, le désir très fort de venir en Nouvelle-France pour participer à l’instruction des Sauvages, comme on dit, et leur accorder les soins hospitaliers. D’autres, par ailleurs, qui sont venues au pays, ont trouvé difficile d’y vivre et ont voulu retourner en France. C’est pourquoi on essaie de s’assurer que celles qui viennent ici sont capables de supporter les conditions pas toujours très confortables que la colonie leur offre. Il faut remarquer la détermination avec laquelle la plupart de ces femmes adoptent ce nouveau pays, s’accommodent de sa façon de se loger, de se nourrir, etc. Les religieuses apprenaient la langue des autochtones, ce qui faisait l’objet de l’étonnement et de l’admiration des Indiens.
Chantal Théry offre à son lecteur de longues citations de textes de l’époque. Elle a conservé l’orthographe de ses « Amazones », « femmes de plume et d’audace ». Cette orthographe est savoureuse et ne contribue pas peu à nous décider à nous attarder avec plaisir dans ce pays que nous portons secrètement au fond de nous-mêmes.
Chantal Théry
De plume et d’audace, Femmes de la Nouvelle-France, Montréal et Paris, Triptyque/Cerf, 2006, 262 pages


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