En 1970, Pierre Vadeboncoeur écrivait dans La Dernière heure et la première:
«Ce qu’il y a de nouveau pour nous dans le temps actuel, c’est que nous ne sommes plus portés par l’histoire et que, pleinement pour la première fois peut-être, nous avons à décider de demeurer ou de partir»i.
Ce que Vadeboncoeur écrivait alors, il y a quarante ans, est encore plus juste aujourd’hui, plus pressant, plus alarmant. Le Québec actuel n’est pas porté par l’histoire. Il n’est pas non plus en marge de l’histoire comme il l’était dans la société traditionnelle. Il pouvait alors se contenter de «survivre», en marge des grandes forces d’assimilation de la société contemporaine. Mais depuis le milieu du vingtième siècle, avec l’avènement de la société industrielle, le développement fulgurant des moyens de transport et surtout l’éclatement de toutes les frontières provoqué par le développement des médias, le Québec n’est plus isolé, il n’est plus protégé par ses institutions, la paroisse, l’éducation, l’Église. Il n’a de chance de survie que s’il se prend en main, que s’il s’assume lui-même, que s’il décide de rester lui-même. Dans ce petit livre qui est un chef-d’oeuvre, Vadeboncoeur écrivait encore:
«Il y a ceci de tout à fait nouveau: langue, culture, liberté et pouvoir sont aujourd’hui absolument indissolubles. Il n’ y aura plus un jour ici de langue et de culture françaises, de liberté et de pouvoir, que munis de toute la force politique à laquelle nous puissions prétendre»ii.
***
Le livre de Vadeboncoeur a été écrit il y a quarante ans. Il lançait un cri d’alarme qui n’a pas été entendu. La conscience politique des Québécois est plus faible, plus somnolente que jamais. Montréal, la plus grande ville du Québec est en train de devenir une ville anglaise. Aux dernières élections fédérales, les Québécois ont mis au pouvoir des fédéralistes qui n’ont aucun souci des intérêts du Québec. Jamais la conscience nationale des Québécois n’a été aussi flageolante. Après deux siècles de résistance, deux siècles pendant lesquels tout ce qu’il pouvait, c’était de durer, de survivre, quand arrive le moment de la libération, il se résigne, il se détourne de lui-même, il consent à disparaître. Il faut essayer de comprendre cette dégringolade qu’a connue le Québec dans le dernier quart du vingtième siècle et la première décennie du vingt-et-unième. Il faut essayer de comprendre comment nous avons pu en arriver à la léthargie nationale dans laquelle nous somnolons actuellement.
Mon diagnostic est très simple. Ce que nous vivons actuellement, c’est une nouvelle capitulation, une démission radicale que la majorité des Québécois assument avec une pusillanimité innommable et une inconscience incommensurable.
Vers 1960, il s’est passé au Québec une prise de conscience historique qui permettait de tout espérer. Le «Désormais» de Paul Sauvé, le «Maître chez-nous» de Jean Lesage, le «Égalité ou indépendance» de Johnson, le «Québec aux Québécois» du PQ, le discours de certains de nos artistes et de certains de nos intellectuels, l’ardeur de la jeunesse, tout laissait entendre que le moment était arrivé d’échapper aux avanies que l’histoire nous avait réservées. Que s’est-il donc passé pour que ce vouloir-vivre, cette poussée révolutionnaire se dissolvent dans l’informe, dans le brouhaha de l’actualité?
Mon interprétation de cette catastrophe est très simple. L’indépendance du Québec ne pouvait pas se réaliser de façon spontanée, par le simple jeu des discussions politiques routinières. Elle ne pouvait se réaliser que par le moyen d’une lutte difficile, énergique, patiente. Elle ne pouvait être que le résultat d’un combat ardu, obstiné, têtu. Or nos hommes et nos femmes politiques, qui parlaient d’indépendance, s’imaginaient qu’elle se ferait toute seule. Ils ne la voyaient pas comme le résultat d’une bataille patiente, longue, héroïque. Ils semblent avoir ignoré dans quelles conditions s’est faite l’indépendance des États-Unis, de la centaine et plus de pays qui depuis cent-cinquante ans ont fait leur indépendance en Amérique, en Afrique, en Asie.
***
De plus, il est bien évident que sous des apparences de démocratie et de libéralisme, le Canada est un tronçon de l’Empire britannique qui a bien montré en 1837, 1840, 1867, 1982, etc., que les droits démocratiques du Québec ne pèsent pas lourd quand les prétentions et l’autorité de l’Empire sont mises en question. Ajoutons à cela que ce n’est pas le Québec qui a besoin du Canada, mais le Canada qui a besoin du Québec. Sans le Québec, le Canada n’existerait pas. Il éclaterait et serait avalé par les États-Unis. Le Canada s’oppose à l’indépendance du Québec, et en même temps, il ne veut pas que le Québec reste lui-même.
***
Donc, ce qui me semble évident, c’est que pour le Québec, à la fin du vingtième siècle, le moment était venu de faire l’indépendance s’il voulait continuer à exister. Il a entretenu ce rêve pendant quelques décennies, mais n’a pas osé le réaliser. Ce qui me semble évident, c’est qu’il n’a pas compris que l’indépendance ne nous serait pas reconnue spontanément, qu’elle serait le résultat d’un rude combat ou ne serait pas. Ce sont nos hommes politiques qui sont responsables de cet échec, qui ont été pusillanimes ou inconscients, naïfs et irrésolus, n’osant jamais aller au bout de leurs convictions, n’osant jamais relever les défis qui s’imposaient, ne comprenant pas, semble-t-il, que l’indépendance du Québec ne serait le résultat que d’une longue et rude bataille politique, que la violence même ne serait peut-être pas évitée le jour où la volonté de liberté s’affirmerait avec énergie.
Nos hommes politiques ne semblent pas avoir conscience de la véritable situation dans laquelle nous nous trouvons. Ils ne s’aperçoivent pas qu’ils ont devant eux un adversaire déterminé. Hubert Guindon disait:
«Je pense que nous n’avons pas du tout fait nos classes. Nous n’avons pas appris que l’Angleterre n’a jamais rien cédé, et ce sont les fils de l’Angleterre que nous avons en face nous»iii.
De toute façon, il fallait livrer le combat de l’indépendance, mais il n’a pas été livré. En 1982, au moment du rapatriement unilatéral de la Constitution refusé à l’unanimité par l’Assemblée nationale, les conditions étaient réunies pour entreprendre la démarche de l’indépendance. Il fallait refuser l’intrusion de l’Empire dans notre vie démocratique, porter la cause devant la communauté internationale, formuler nos revendications, les formuler de façon précise, les faire voter par l’Assemblée nationale. Au lieu de cela, nous avons laissé passer l’occasion, nous avons capitulé. Et ce n’est pas Robert Bourassa qui allait mener le combat! L’histoire de Meech est une vraie honte. Dans cette affaire, Robert Bourassa a été d’une bassesse innommable. En 1995, nouvelle occasion de nous ressaisir. Nouvelle capitulation . Un référendum volé, y a rien là! Passons à autre chose!
L’indépendance, dis-je, ne pouvait être le résultat que d’un combat ardu, ferme, méthodique. Nous ne l’avons pas livré. Nous ne l’avons pas livré dans l’arène politique. Nous ne l’avons pas livré non plus dans l’arène sociale.
L’histoire de Mirabel est une véritable ignominie. On a exproprié des gens qui cultivaient les terres familiales depuis des générations. On a construit un aéroport qui devait être, au dire de Trudeau lui-même, la porte de l’Amérique du Nord. Mais Trudeau a dû apprendre que ce n’est pas Ottawa qui dirige ce pays, mais Toronto. Mirabel a été transféré à Toronto. Une véritable infamie, une insulte pour le Québec. Nos hommes politiques ont assisté au dépeçage de l’aéroport sans protester. Il y avait là une bataille à livrer, une occasion de faire prendre conscience aux Québécois du traitement que leur réserve le Canada. Il ne s’est à peu près rien passé. Même capitulation devant la fermeture de GM à Boisbriand et son transfert en Ontario. Et si on parlait de la loi 101 qui a été triturée par la Cour Suprême sans que nos hommes et nos femmes politiques s’opposent vraiment à ces intrusions de l’Empire dans le domaine de nos droits nationaux, culturels et spirituels les plus sacrés.
***
Il faut dire ici un mot du manque de sens politique des Québécois. Je pense au morcellement du mouvement indépendantiste après l’échec du Lac Meech. Tous ceux qui voulaient l’indépendance ou l’autonomie du Québec auraient dû comprendre qu’il fallait éviter de nous diviser, qu’il fallait d’abord faire l’indépendance, et après cela fonder des partis politiques différents. C’est ce manque de sens politique des Québécois qui permet au parti libéral de diriger le Québec avec peut-être vingt pour cent des Québécois francophones vu que ces derniers sont éparpillés dans plusieurs partis alors que les anglophones, les néo-Québécois donnent le pouvoir à la petite minorité française fédéraliste libérale.
***
Ce à quoi nous assistons actuellement au Québec, c’est à une nouvelle capitulation. Le combat qui s’imposait n‘a pas été livré, nous nous accommodons de la situation, dans l’inconscience, dans le renoncement à nos droits, dans une résignation suicidaire. On entend toutes les formes de raisonnements biaisés par lesquels on veut se donner bonne conscience. J’entendais l’autre jour des gens apparemment très sérieux qui disaient que nous serons toujours une minorité en Amérique du Nord, parce que nous sommes entourés de quelques centaines de millions d’Anglo-Saxons. Je réponds que nous serons une minorité tant que nous serons une province d’un pays anglophone. Un pays indépendant, même s’il n’a pas une très grosse population, n’est pas une minorité. La Hollande, qui est un pays d’à peu près notre poids, n’est pas une minorité. Elle est pourtant à côté d’un grand pays, l’Allemagne. La Hollande n’est pas menacée, parce qu’elle est autonome, indépendante, comme la Norvège, la Suède, la Finlande... Le seul moyen pour le Québec de garder son identité française, c’est d’être indépendant. Et d’ailleurs, c’est alors qu’il serait respecté par les autres pays d’Amérique, qu’il présenterait un intérêt différent d’une province plus ou moins anglicisée du Canada.
***
Le Québec, dis-je, vit une nouvelle capitulation. La volonté d’indépendance qui s’était manifestée à la fin du siècle dernier n’a pas été assumée par nos personnes politiques. Les combats qui s’imposaient n’ont pas été livrés, le peuple québécois ne sait où donner de la tête, il s’étiole dans un vide politique asphyxiant, délétère. Les célébrations qu’il a offertes récemment au prince William et à la princesse Kate sont le signe aberrant de cette aliénation. Les médias étaient pour beaucoup dans cette mascarade, mais les Québécois en majorité étaient heureux de célébrer les représentants du pouvoir qui les a dominés, persécutés, méprisés, niés. La plupart des Québécois veulent bien oublier que ces gens représentent le pouvoir qui a écrasé dans le sang les défenseurs des droits démocratiques en 1837-1838, les Patriotes, qui a imposé dans le mépris et par la force l’Acte d’Union, le rapatriement unilatéral de la Constitution, etc., etc.
Si le Premier ministre du Québec avait eu un peu de fierté, il aurait pu, dans la dignité, rappeler les implications historiques et politiques de cette propagande. Quand un homme est conquis jusqu’au fond de l’âme, on ne peut pas s’attendre à ce qu’il conserve un peu de fierté et de dignité. On se serait attendu aussi à ce que la chef du Parti québécois dégage le sens de ces événements. Je ne l’ai pas entendue. Elle a gardé, à ma connaissance, un silence absolu. Quand je vous dis que ce que nous vivons c’est une nouvelle capitulation! Que nous ne livrons pas les batailles qui nous permettraient de sauvegarder notre dignité, de nous percevoir comme des êtres libres, indépendants.
Je dis que les Québécois ont de nouveau capitulé, qu’ils acceptent de disparaître. La démarche d’affirmation du Québec qui animait la Révolution tranquille s’est transformée en un acte obstiné de refus de soi, de son histoire, de son identité. Jacques Beauchemin affirme que ce refus de soi était au coeur même du nationalisme de la Révolution tranquille.
Le nationalisme des années 60, écrit-il, ne se fonda pas sur «l’idée d’un legs, mais sur celle d’une rupture». Le Québec, dit-il, est habité par une «mauvaise conscience qui s’exprime dans un refus de soi»iv .
Je ne partage pas tout-à-fait le point de vue de Jacques Beauchemin. Il me semble que le nationalisme de la Révolution tranquille était un acte d’affirmation plus que de refus de soi. Mais cet acte d’affirmation n’arrivant pas à passer dans les faits, à s’exprimer dans une démarche politique, a fini par se transformer en un refus de soi qui caractérise toujours les situations d’aliénation nationale. L’échec de la démarche politique est responsable de cette catastrophe, mais il faut s’empresser d’ajouter que nombre de nos intellectuels, de nos enseignants, de nos personnes politiques, au lieu de s’engager dans la démarche qui s’imposait pour se libérer, ont adopté une démarche d’auto-flagellation, de rupture avec l’histoire, de refus du Québec réel qui ne pouvait qu’engendrer la perplexité. Beaucoup de militants militent pour l’indépendance du Québec tout en reniant le Québec réel. Dans de telles conditions, le mouvement d’émancipation ne pouvait que se retrouver dans un cul-de-sac. Nous y sommes jusqu’au cou!
Paul-Émile Roy
NOTES
i - Pierre Vadeboncoeur, La Dernière et la première, Montréal, L’Hexagone/Parti pris, 1970, p.
ii - Ibid., p. 60-61.
iii - «L’Insoumission sociologique, Rencontre avec Hubert Guindon», Propos recueillis par Stéphane Stapinsky, Les Cahiers d’histoire du Québec au vingtième siècle, No 8, automne 1997, p. 206.
iv - Jacques Beauchemin, «Dire nous au Québec», Bulletin d’histoire politique, Vol. 11, no 2, hiver 2003, p. 154, 155.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
11 commentaires
Archives de Vigile Répondre
5 août 2011Desmarais et Péladeau controlent le message. Tant que la guerre n'est pas gagnée contre eux, vous perdez votre temps.
C,est le seul moyen, tout le reste devient du radottage entre initiés et deja convertis
Jacques H. Grenier
Lucie Mayer Répondre
5 août 2011Mon commentaire se retrouvant à la suite d'une lignée d'observations, impressionnante par son érudition et son expérience, elle-même à la remorque d'un texte instructif et éclairé, je tenterai de me faire brève.
Les Québécois ont été bernés. Par qui, ou quoi, comment? J'ai dit que je serais brève, alors passons.
Un fait demeure: le citoyen n'a plus la place qui lui revient de droit, au coeur des décisions qui le concernent. Or, pour survivre, il faut faire mentir ce que Monsieur Bouchard laissait s'échapper en commission parlementaire il y a peu, à savoir que "Les corporations sont des citoyens qui ont des droits!"!! Et les droit des citoyens qui ne sont pas des corporations, je vous prie? (Sauf qu'à en croire certaines théories du complot... :)
L'indépendance ne nous viendra pas d'un parti politique. Elle viendra d'une volonté citoyenne de reprendre la place qui lui est due et ce, rapidement, dans l'ouverture et la transparence, le respect et l'éducation.
Si vous prenez le pouls de la population, non pas via les sondages souvent biaisés, mais plutôt en survolant les réseaux sociaux, vous vous rendrez compte que cette volonté d'agir se fait très pressante. Pour ma part, ma curiosité m'a amenée à connaître un groupe, le MACQ, dont je ne sais pas grand' chose, il est vrai, sinon la volonté et la persistance à éduquer les citoyens et à "pondre" une Constitution populaire. La démarche m'édifie.
C'est ainsi que je suis devenue correctrice d'épreuves pour eux. Cela me met au coeur de l'action et me fait suggérer des idées qui les poussent encore plus à la réflexion. Pourquoi moi? Pourquoi pas! Je suis une citoyenne québécoise, engagée socialement, éducatrice et artiste, indépendantiste depuis mai 1980, même si trop jeune pour voter. J'ai été péquiste jusqu'après 1995; j'ai été bloquiste, jusqu'à certaines tractations auxquelles je ne pouvais donner mon appui. Je suis maintenant Solidaire, mais je n'attends après aucun politique pour faire valoir ma voix pour la Constitution du Québec, dont je rêve depuis si longtemps.
La Constitution adoptée par le deux-tiers de la population aura force de loi. Il n'en tiendra qu'à l'Assemblée de proposer un référendum, basé sur la Constitution, et non pas dans le vide, comme on nous le propose, encore et toujours!
Ma conclusion, elle, sera brève, promis!
Mon invitation à vous rendre sur le site du MACQ, afin de participer, vous aussi, à l'élaboration d'une Constitution québécoise, par et pour les citoyens, non-partisane et résolument moderne!
http://www.macqc.org/index.php
Respectueusement,
Lucie Mayer
Archives de Vigile Répondre
4 août 2011«Or nos hommes et nos femmes politiques, qui parlaient d’indépendance, s’imaginaient qu’elle se ferait toute seule.»
C'est ce que j'appelle le syndrome Claude-Morin: «l'indépendance c'est comme une fleur. Ca donne rien de tirer dessus, ça pousse tout seule!!!!»
Et que dire du syndrome Gilles-Duceppe? «Le Canada, c'est un beau pays»
Archives de Vigile Répondre
4 août 2011En 1970 les banques centrales étaient encore souveraines (sauf aux USA).
Le Québec n'est pas encore souverain ? Somnolence ? Léthargie ?
Tous les pays de l'Union Européenne ont perdu leur souveraineté ! Ils ne sont plus que des provinces soumises comme le Québec. Même le Canada n'est pas souverain et n'est qu'une province de l'oligarchie américano-anglo-israélienne.
Vous demandez aux Québécois l'impossible.
Le combat pour l'indépendance nationale est maintenant un combat par toutes les nations contre la mafia mondialiste.
Le Québec n'obtiendra son indépendance qu'en s'associant au mouvement international. Plus aucune nation ne peut faire cavalalier seul.
Lise Pelletier Répondre
3 août 2011@Nic Payne
Je n'aurais pu mieux écrire, tout comme vous et je l'ai déjà mentionné, les Québécois sont en mode éveil mais ne le démontre pas.
Et ils veulent l'Indépendance, intuition féminine si vous voulez mais ne vous y trompez pas car elle a des liens avec des observations dans la réalité.
Le grondement le grognement le raz-le-bol versus l'espoir l'envie le besoin du Pays. Ils sont prêts à appuyer le Parti qui lui parlera des vraies affaires. Et c'est pas ce qui manque dans le présent j'évite d'ajouter le futur tant qu'au passé on ne l'enseigne plus. C'est une honte de laisser un peuple dans l'ignorance de son Histoire.
Que l'Indépendance Nationale soit au coeur de l'automne, que soit expliquée les raisons concernant les avantages à devenir Maîtres Chez Nous. Parlez-en de la nationalisation de nos ressources naturelles et dehors les compagnies vivant de nos subventions volant les richesses polluant le territoire. Parlez-en de notre langue que la loi 101 soit renforcie. Le Parti qui aura cette plateforme électorale sera assurée de mon vote et de celui d'une majorité de Québécois, ils veulent leurs Pays.
Lise Pelletier
Archives de Vigile Répondre
3 août 2011Et le combat ne sera jamais livré monsieur Roy. Lorsqu'on regarde la jeune génération de "Canadiens-Français" (ceux de souche, c'est à dire les jeunes Québécois qui devraient avoir le plus à coeur l'avenir du Québec, de sa langue et de sa culture), ils passent tout l'été en "skateboard" (jusqu'à 25-30 ans dans bien des cas) et ils n'écoutent que de la musique américaine en anglais. Ils se foutent bien de l'avenir de leur nation.
L'esprit combatif de leurs ancêtres, ils l'ont perdu. Et si tu ne l'as pas cet esprit combatif à 20 ans, tu ne l'auras pas en vieillissant malheureusement...
Vous savez, au Québec on a bien parlé contre les Anglais. Mais il faut admettre qu'ils se laissent un peu moins manger la laine sur le dos que les Québécois. Les Québécois sont un peuple adroit, inventif et travaillant, plus que les gens d'origine britannique selon moi... mais les gens d'origine britannique ont cette qualité qui nous manque qui est le caractère.
Archives de Vigile Répondre
3 août 2011Un texte intéressant, mais qui est plus un cri du cœur qu’une analyse rigoureuse de l’état de la nation.
D’abord, une erreur :
«Aux dernières élections fédérales, les Québécois ont mis au pouvoir des fédéralistes qui n’ont aucun souci des intérêts du Québec.»
Cette affirmation fausse nuit à la cohésion du texte. Le Québec n’a pas mis au pouvoir des fédéralistes lors des dernières élections : le Québec a voté massivement contre le Parti Conservateur. Le Québec a voté NPD, et en deuxième position arrive le Bloc. Plusieurs élus du NPD se situent dans la mouvance gauche-nationaliste. On aime ou on n’aime pas, mais c’est un fait. On a le droit d'être déprimé, mais relativisons, s'il-vous-plaît.
Et que dire de ces évidences qu’il aurait fallu exprimer autrement :
«Le Canada s’oppose à l’indépendance du Québec, et en même temps, il ne veut pas que le Québec reste lui-même.»
Bien sûr, le Canada s’oppose à l’indépendance du Québec. Peut-on concevoir le contraire? Par contre, il veut que le Québec RESTE à sa place, sans jamais mettre en branle un processus de construction de sa nation au sein même du Canada. Le «Canadian nation building» prime sur tout, au détriment des nations sclérosées minoritaires qui le composent.
Il y a aussi ceci :
«Nos hommes politiques ne semblent pas avoir conscience de la véritable situation dans laquelle nous nous trouvons. Ils ne s’aperçoivent pas qu’ils ont devant eux un adversaire déterminé.»
S’il s’agit de Charest, la formule tombe à plat : lui-même fait partie de l’adversaire déterminé. Quant aux autres – le PQ, le Bloc et QS, j’imagine -, je suis plutôt d’avis qu’ils savent que l’adversaire est déterminé et que sa volonté d’hégémonie est absolue. Ils le savent, mais de là à savoir quoi faire, c’est autre chose. Notre classe politique souverainiste persiste à œuvrer sur le terrain de l’adversaire. Quant à la perspective de gouvernance souverainiste du PQ, du moins dans sa formule actuelle, elle a le défaut de ménager la chèvre et le chou. Il lui manque définitivement de stature pour qu’on puisse espérer sérieusement gravir un échelon. QS patauge dans les mêmes eaux. Pourtant, tout est là pour faire différemment et agir dans le sens de l’union.
Enfin, il y a ceci, une vérité malheureusement mal située dans le temps :
«Il faut dire ici un mot du manque de sens politique des Québécois. Je pense au morcellement du mouvement indépendantiste après l’échec du Lac Meech. Tous ceux qui voulaient l’indépendance ou l’autonomie du Québec auraient dû comprendre qu’il fallait éviter de nous diviser, qu’il fallait d’abord faire l’indépendance, et après cela fonder des partis politiques différents.»
L’échec de Meech a ravivé le mouvement, l'a fait converger. C’est la défaite du référendum de 1995 qui l’aura entraîné vers le bas. Jusqu’au point où nous en sommes rendus aujourd’hui. La division est totale, elle est hargneuse et teintée de dogmes. Plusieurs ici sur Vigile prônent la création d’un nouveau parti. Plus de division, donc, mais si ce parti pouvait obtenir un certain degré de crédibilité et de notoriété, alors tant mieux si cela nous conduit à tout redéfinir sur le plan stratégique. Je suis sceptique, cependant.
On verra si J.M. Aussant réussira à faire quelque chose malgré ses très jeunes jumeaux... Pierre Cloutier se proposerait-il comme gardien-papy? (joke)
Nic Payne Répondre
3 août 2011Si je nous trouve certaines sensibilités communes, il reste que je ne souscris absolument pas à votre jugement sur la conscience politique et nationale des Québécois.
En 1995, nous avons voté oui à plus de soixante pourcent, une majorité fort respectable. Je parle du nous national réel, et non pas de ce nous idéal qui voudrait tellement inclure -- et je suis bien d'accord -- un important contingent de nos concitoyens qui, il faut en prendre acte, n'adhère pas autant qu'on en rêverait -- ou n'adhérait pas, en 1995 -- à la nationalité québécoise.
Déja là, l'aliénation dont vous parlez est sérieusement relativisée.
Du reste, les Québécois sont-ils tellement moins politisés que les populations nord-américaines qui les entourent ?
Ici comme ailleurs, la politique dans la substance, le détail et les nuances, n'est pas l'apannage assidu de la majorité. Et encore, notons que sur certaines questions, comme par exemple l'environnement, un fort nombre de Québécois a des idées assez claires.
D'ailleurs, beaucoup d'information circule à ce sujet, et des porte-parole talentueux et populaires sont régulièrement entendus.
Or, en ce qui a trait à la question nationale, de quoi nourrit-on les Québécois, au juste ? De la petite lutte provinciale entre le Dupond bleu et le Dupont rouge, qui paraît plus insignifiante que jamais en ces temps de mondialisation ? De quelques cours d'histoire expédiés au milieu du secondaire ?
Quant à la " conscience nationale " dont vous parlez, on imagine facilement que, quelle que soit la définition que vous en donneriez, elle ne soit pas facile à entretenir dans le régime schizophrène actuel.
Pourtant, il me semble évident que la nationalité québécoise, pas celle qui descend dans la rue pour scander le pays, mais plutôt celle qui se vit intrinsèquement, naturellement, automatiquement, qui s'exprime à travers toutes les pores de ce peuple sans qu'on en fasse délibérément étalage, est plus forte que jamais.
Sans vouloir vous prêter d'allégeances, ce que vous dites rejoint un peu le discours de plusieurs péquistes : Les Québécois sont trop ceci ou trop cela pour comprendre le message. Trop inconscients, trop incultes, trop peureux, et quoi encore.
Je pense plutôt qu'il faudrait, au minimum, prendre la parole, tenir un propos indépendantiste cohérent, mature et décomplexé, avant de juger nos compatriotes aussi sévèrement.
NP
Luc Archambault Répondre
3 août 2011M. Roy, remarquable contribution à nos travaux vigilants.
Cependant, nous divergeons quant à votre conclusion.
Si OUI, nous, le peuple Souverain du Québec, nous nous trouvons bel et bien dans une impasse, ce n'est parce que je suis et nous sommes, nous le peuple, dans le « refus de soi ».
Pour que ce soit bien le cas, encore eut-il fallu qu'il vote NON à ce qui fait de lui un peuple, un peuple Souverain, un peuple Souverain démocratique, un peuple Souverain démocratique qui est la seule valide et légitime Autorité démocratique suprême sur SON sol national.
Quand donc ce peuple aurait-il dit NON à ce telles constituantes affirmations ? Jamais ! Cela, pour la bonne et simple raison que nos élites politiques n'ont jamais posé le problème sous de telles questions. Ni la minorité canadianisatrice, ni la majorité nationaliste, ni les parties indépendantiste, souverainiste et autonomiste de cette majorité n'ont jamais posé au peuple une telle question.
Ce à quoi a dit NON ce peuple, ce n'est pas à lui-même, mais bien à la souveraineté-association de l'État souverain à venir, cela en 1980, à la souveraineté-partenariat de l'État à venir en 1995, et entre les deux à une Constitution remaniée mais tout aussi bancale. Ce qui n'est aucunement un « refus de soi ». Mais bien un NON à des compromis bancals. Et, c'est tant mieux, car nous serions encore aux prises avec un gênant partenariat qui limiterait encore indument l'effectivité de la souveraineté de l'État du peuple, et partant, de la souveraineté démocratique de ce peuple. En somme, ce peuple s'est protégé de subir des compromis aliénant toujours sa liberté, pour les écarter de son chemin, à tout jamais. Ce qui oblige ses élites à mettre au point la Constitution d'une VRAI République démocratique pour le peuple Souverain du Québec.
À qui la faute si ses élites ne sont pas parvenues à s'entendre pour ce faire ? À qui, sinon, à nos politiques, à nos stratégies, nos partis, notre députation et à nos gouvernements collabos qui ont omis depuis 60 ans de contrer ce qui NIE la primauté effective de la souveraineté de ce peuple dans cet infernal État du Québec/Canada qui jamais n'a NI sollicité NI obtenu le clair OUI de la démocratie électorale et référendaire québécoise. Ce sont ces élites politiques, appuyées par nos élites intellectuelles qui ont interdit à ce peuple l'usage de ses pleins pouvoirs démocratiques, qui ont toujours refuser de se réclamer de ces pleins pouvoirs démocratiques souverains pour appeler ce peuple à trancher.
Oser maintenant blâmer ce peuple, l'affubler d'un supposé ignoble « refus de soi », le stigmatiser pour cela qui est affirmé contre toute évidence, non seulement fait injure à ce qu'il est ce peuple, non seulement trahit ce qu'il vit, mais passe sous silence des faits indéniables : le Canada ne passe pas au Québec. La minorité canadianisatrice est incapable d'obtenir le OUI du Québec et des Québécois,es. Ce qui est la preuve d'un refus, certes, mais certainement pas d'un « refus de soi ».
Le peuple Souverain du Québec refuse que l'État illégitime du Québec/Canada applique sur sa LOI unilatérale sur SON sol national. Il le refuse de toutes les manières possibles, mais ce refus est sans voix, car mêmes nos élites soi-disant souverainistes ont refusé, et prévoient toujours refuser de donner voix à ce refus du Québec/Canada actuel. Ce qui est criminel. D'autant si ensuite on en profite pour blâmer ce peuple. Que peut-il faire face à ce défaut de nos élites ?
Pour l'heure, il tente de les déstabiliser. Avec succès le 2 mai dernier. Il compte bien que SES élites comprennent le message. Mais elles sont dures d'oreilles.
Qu'à cela ne tienne. Il récidivera aux prochaines élections qui les oreilles ne se débouchent pas. Les mêmes causes produisant les mêmes effets.
Jamais les conditions n'ont été plus favorables pour que s'opère le renversement paradigmatique crucial qui permettrait à nos élites de s'engager désormais à cesser de vouloir former par dessus la tête du peuple des gouvernements collabos qui nieront encore la primauté effective de la souveraineté de ce peuple en tolérant sans recours que s'applique impunément la légalité illégitime d'un État d'incapables, d'impuissants, qui ne parviennent pas à obtenir le clair OUI de ce peuple.
Une COALITION NATIONALE - Démocratie et Souveraineté doit surgir de nos Actes citoyens et politiques pour donner voix au refus de ce peuple qui n'accepte pas que s'impose sur SON sol national des États illégitimes qui n'ont pas son OUI.
Livrer le combat !? Battre les gouvernements collabos
Nos élites négationnistes doivent cesser de refuser de s'en remettre à l'Autorité démocratique suprême de peuple qu'elles prétendre défendre alors qu'elles n'ont fait depuis toujours que se diviser, par dessus la tête du peuple, en le tenant à l'écart et en refusant de lui donner la parole quant à ce qu'il est LUI, quel que soit l'État qui gouverne son gouvernement.
Ce ne sont pas les élections à elles seules qui peuvent agir, car ni la députation, ni le gouvernement du peuple n'ont prise sur l'État actuel qui n'est pas celui du peuple. Pour que des élections soient décisives, il faut que nos partis soi-disant souverainistes le soient vraiment. Pour cela, ils doivent faire former une COALITION NATIONALE - Démocratie et Souveraineté qui s'engage à user pour une fois, des pleins pouvoirs démocratiques de ce peuple souverain. Ce qui advient, le jour où notre députation cesser de vouloir former des gouvernements collabos et décide de se commettre pour obtenir un mandat électoral qui l'habilite à se commettre sous CONSTITUANTE BICAMÉRALE, qui l'autorise à rédiger et adopter la CONSTITUTION PRIMORDIALE de la République démocratique du peuple souverain du Québec et qui appelle ce peuple à TRANCHER.
Ou bien il se pose dans l'État en tant que seule Autorité démocratique suprême sur SON sol national ; ou bien il accepte que des États s'imposent sur SON sol national du Québec sans obtenir son aval. S'il disait NON à l'INVALIDATION de tout État qui n'a pas obtenu son clair OUI, en ce cas, OUI, nous pourrions affirmer que ce peuple est bel et bien dans le « refus de soi ». Mais comme il ne l'est pas, il dira franchement et clairement OUI, à l'effectivité de sa suprématie démocratique NIÉE par l'État illégitime du Québec/Canada actuel qu'il répudie.
S'il dit NON à ce qu'il est et croit être, nous pourrons cesser de vouloir sa libération, puisqu'un peuple qui se refuse à lui-même, ne mérite pas de vivre. Si vous croyez que ce peuple est dans le « refus de soi », cessez immédiatement de vouloir sa libération, ce peuple est perdu.
Or, comme il ne l'est pas, il faut cesser d'avoir peur de lui. Cesser d'éviter de s'en remettre à lui, quant à l'existentielle et irréductible question de la primauté effective de sa souveraineté de peuple. Faites comme nous pressions sur nos élites qui réfléchissent à l'instar de M. Aussant et autres Curzi, non pas pour qu'ils prennent encore le parti des gouvernements collabos, mais celui de la COALITION NATIONALE - Démocratie et Souveraineté
cf : La gouvernance soi-disant souverainiste - Clairement et amèrement nauséabond
Nestor Turcotte Répondre
3 août 2011La situation est fort simple pour moi. Les premiers combattants pour l'indépendance ne faisaient pas dans la dentelle. Ils parlaient franc, clair et sur un ton décidé.J'en étais. Ils savaient rassembler, convaincre, et lutter sans cesse. Pas une fois de temps en temps, le temps d'une élection. Seul Parizeau, avec son «avant-pendant-après»,mérite le beau tire d'indépendantiste. C'est pourquoi, je le considère comme le plus grand chef d'État du Québec moderne, tout en admirant l'avancée énorme qu'à fait faire René Lévesque à la Laurentie.
Aujourd'hui, la résignation et le silence concerté est de mise pendant que le pays se détruit et s'anémie de l'intérieur, pendant que les espérances s'estompent.
Les députés péquisto-confédéralistes font des «saisons des idées», des consultations bidon, alors que l'idée, le moteur du changement, c'est l'indépendance. C'est ça, FAIRE AUTREMENT. Nous n'avons pas à chercher de nouvelles idées: il faut convaincre de la seule idée historique et logique qui convient à la nation québécoise: la liberté de décider. Je peux encore, malgré mes 71 ans, en faire la démonstration.
Le député de chez nous (MATANE) fait (à partir du 15 août) une tournée (pré-électorale ?) pour savoir ce que les gens pensent de la politique. C'est fort, en maudit, ça! Hein ?
On est loin de l'indépendance avec un tel discours édulcoré,une telle démarche qui verse dans le pragmatisme électoraliste. Il ne fait pas une tournée pour convaincre. Il fait une tournée pour «se» faire convaincre, pour savoir quel discours tenir pour plaire à tous, sans déplaire à personne, et préparer sa prochaine élection. On va loin en maudit avec une telle approche.
La seule façon de faire autrement, c'est d'y aller visière levée. Il vaudrait mieux avoir 10 députés indépendantistes sur les banquettes de l'Assemblée que d'avoir des pleutres qui ne songent qu'à leur réélection. Qu'à gagner la prochaine période de questions et réponses orales.
Où sont les braves combattants qui sacrifieraient un peu de leur confort et briseraient le mur de l'indifférence pour lancer un assaut historique, sans précédent ? On ne peut compter sur les jeunes: ils sont tous dépolitisés. On doit sonner le tocsin pour le retour des armées de réserve. Et je n'en vois pas d'autres que celles qui, jadis, ont si généreusement livré le combat, et que le temps à mis au rancart, victime du mépris des uns et de l'oubli des autres...
NT
Henri Marineau Répondre
3 août 2011Très bonne analyse des faits, M. Roy!...Maintenant, que proposez-vous pour "livrer le combat"?...une suite que j'apprécierais beaucoup pour alimenter mes réflexions!