L'armée fleur bleue

Parlons de souveraineté à l’école


Éditorial - Le controversé " guide pédagogique " produit par le Conseil de la souveraineté est révélateur d'un aspect important de la pensée souverainiste d'aujourd'hui: sa vision naïvement antimilitariste de la politique internationale.
Le guide propose aux enseignants du primaire d'amener leurs élèves à réfléchir sur ce que ferait un Québec indépendant des morceaux de l'armée canadienne dont il hériterait. Lisons: " Si le Québec était un pays indépendant, nous pourrions décider de ne conserver qu'une défense civile, en cas de catastrophe naturelle. Nous pourrions peut-être décider également de maintenir quelques unités militaires pouvant intervenir dans des opérations de paix des Nations unies. Bref, nous pourrions facilement couper le budget de la défense de moitié et utiliser l'argent ainsi récupéré pour promouvoir la paix. "
Ce rêve d'un Québec indépendant doté d'une armée fleur bleue, s'occupant exclusivement de secourir la population et de missions de paix, n'est pas seulement le fait des auteurs zélés du " guide pédagogique ". Au contraire, il s'agit d'une idée forte parmi les indépendantistes.
Lors d'un débat de la récente course à la direction du PQ, André Boisclair n'a même pas voulu employer le mot " armée ": " Le Québec a besoin de s'équiper, si ce n'est que pour des catastrophes naturelles. Il faut donc qu'il y ait une force civile qui soit correctement organisée. " Le programme du Parti québécois évite le sujet, sauf pour dire que le Québec " est et sera pacifique ".
La vocation pacifiste d'un Québec souverain est très séduisante pour les jeunes. Elle est aussi illogique et irréaliste. Cette idée que l'armée québécoise se limiterait au rôle traditionnel des " casques bleus " n'a pas de sens parce que les forces multinationales d'intervention ne peuvent plus se contenter de surveiller l'application de cessez-le-feu. Aujourd'hui, la communauté internationale- dont les Québécois- exige que les démocraties interviennent pour mettre un terme aux conflits dont les populations civiles sont les principales victimes. C'est ce qu'on appelle la " responsabilité de protéger ", défendue notamment par Kofi Annan et Bernard Kouchner.
Combien de Québécois pensent que les Nations unies auraient dû envoyer au général Dallaire des forces suffisantes pour qu'il puisse agir efficacement au Rwanda? Une forte majorité, sans doute. Imaginons que les soldats d'un Québec souverain participent à une telle mission; ne devraient-ils pas être puissamment armés et entraînés à la guerre pour s'imposer face aux bandes d'assassins hutus? En cette matière, le chef du Bloc québécois est plus réaliste que beaucoup des militants souverainistes lorsqu'il souligne qu'une éventuelle armée québécoise ne pourrait pas " acheter des casques aux surplus de l'armée pour rétablir la paix au Rwanda ".
La conséquence de cette nouvelle réalité, c'est que même les pays qui se définissent comme pacifistes et progressistes doivent se doter d'une véritable armée, bien équipée et prête au combat. Un Québec souverain devrait faire de même, à moins d'estimer que ce qui se passe hors de ses frontières ne le concerne d'aucune manière, qu'il s'agisse de terrorisme ou de nettoyage ethnique.
De plus, quoi que rêvent plusieurs souverainistes, le Québec devrait disposer de forces armées capables de protéger ses frontières, de contrer d'éventuelles attaques terroristes et d'assumer ses obligations au sein de l'OTAN.
Dans de telles circonstances, on peut conclure qu'un Québec indépendant adopterait une politique de défense très semblable à celle du Canada... avec des moyens quatre ou cinq fois plus petits.
apratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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