L'endoctrinement transversal

Parlons de souveraineté à l’école

Le Conseil de la souveraineté a décidé de porter son combat dans les écoles, de la maternelle à l'université. Le " guide pédagogique " publié hier est un vulgaire outil de propagande, bête comme seul peut l'être la propagande. Il serait déjà scandaleux que la thèse souverainiste soit présentée d'une façon aussi simpliste aux adultes; le fait qu'on invite les enseignants à s'en servir pour endoctriner leurs élèves- dès l'âge de 4 ans!- est tout simplement révoltant.
Fidèle à la nouvelle approche pédagogique en vigueur dans les écoles- la notion d'indépendance se situerait " dans la logique des compétences transversales "!- la publication propose toute une série d'exercices visant à " amener les élèves et les étudiants à construire le lendemain de l'indépendance. " Premier exemple. Pour les élèves de la maternelle, des services de garde et du primaire, on a conçu des activités avec des drapeaux de différents pays. Le drapeau du Québec occupe une place centrale; celui du Canada est absent.
Deuxième exemple. On invite les enseignants du primaire à souligner en classe la fête d'indépendance de chacun des différents pays du monde. Le quiz suivant est suggéré: " Parmi les 190 pays indépendants dans le monde, combien sont moins populeux que le Québec? Réponse: 100 (53 %). Combien sont plus petits que le Québec? Réponse: 176 (93 %). " Évidemment, les auteurs n'ont pas jugé bon d'ajouter la question: " Combien de pays indépendants sont moins prospères que le Québec? " Il faut dire que la réponse risquerait de troubler les petits indépendantistes: quelque 160 pays indépendants sont en effet moins riches que le Québec. " Ben, monsieur le professeur, l'indépendance, qu'ossa donne? "
Le plus inquiétant dans cette affaire, c'est qu'on n'est pas ici en présence d'une stratégie concoctée par un groupuscule radical comme en comptent tous les courants de pensée. Le Conseil de la souveraineté est une organisation financée et cautionnée par le Parti québécois et le Bloc québécois. Son président est Gérald Larose, un militant souverainiste de premier niveau. L'ancienne vice-présidente du PQ, Marie Malavoy, et les députés bloquistes Vivian Barbot et Pierre Paquette sont membres du conseil d'administration. L'actuelle présidente du PQ, Monique Richard, ex-présidente de la Centrale de l'enseignement du Québec (!), est parmi les signataires du guide pédagogique (mais le PQ soutient qu'elle a quitté le comité responsable). Enfin, en quatrième de couverture, l'initiative est saluée par des vedettes souverainistes tels Luck Mervil et Gilles Vigneault.
Heureusement, le chef du Parti québécois, André Boisclair, s'est dissocié de cet ouvrage. Il est néanmoins difficile de croire que nul n'était au courant de cette initiative condamnable dans la hiérarchie du PQ, compte tenu de l'importance du projet et de l'envergure des gens impliqués. Et personne n'a songé à stopper cette folie?
Une frange du mouvement souverainiste a perdu tout sens de la mesure. L'idéal de ces gens-là, tout à fait légitime, s'est transformé en idéologie, en obsession, en religion. Le document qu'ils viennent de pondre fait songer à l'endoctrinement des petits dans la Chine de Mao ou, de nos jours, dans les écoles coraniques. Et cela suscite un profond malaise.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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