Deux semaines en politique, c’est long !

(petite chronique de retour de vacances)

Chronique de Michel Gendron


De retour du Maroc, hier à 21 :30. Nous déposons nos valises, commandons du « chinois », et puis nous nous installons devant la TV, question de relaxer et mieux vivre le décalage horaire. Malédiction ! Le PLQ est en tête des intentions de vote au Québec, apprenons-nous. La nouvelle nous a fait faire la grimace, et c’est peu dire. Compte tenu de l’actualité des derniers mois, la nouvelle déçoit. Vite, se coucher et dormir pour mieux oublier la réalité… Je ne savais pas à ce moment-là que j’allais réussir à me motiver suffisamment pour trouver le temps d’écrire une chronique, même courte.
Samedi matin. Gaston, notre voisin, vient faire un tour à la maison et nous remet les exemplaires du Devoir qu’il a précieusement conservé pour nous pendant notre absence. Après quelques minutes de lecture, j’apprends que Pauline Marois se rallie, pour l’essentiel, à la position de Gérald Larose, celle-là même dont j’ai fait l’éloge dans [ma chronique du 30 décembre->11001]. Étant plutôt pessimiste de nature, je ne m’attendais pas à ce que la stratégie proposée par l’ancien syndicaliste de la CSN fasse autant de chemin en si peu de temps.
Il n’en fallait pas plus pour [créer tout un émoi chez nos fédéralistes->11208], Benoît Pelletier et [Stéphane Dion->11211] en tête. [« Rupture », « illégalité »->11216], « antidémocratique », [«stratégie de la cage au homard »->11235], tout y passe. Ces attaques intempestives réconfortent, rien de moins. L’émotion de l’ennemi est à son comble, cela veut donc dire que quelque chose le tracasse. Déjà on commence à parler des conseillers « occultes » qui influencent madame Marois et à souligner les erreurs de jugement passées de Gérald Larose. Ce que j’aime dans la vision de ce dernier, c’est quelle permet au mouvement indépendantiste de s’adapter aux conjonctures. Rien n’est coulé, rien n’est figé. Son point de vue permet d’être souple autant en attaque qu’en défensive. Mieux encore : elle suggère l’élaboration et la mise en place de politiques concrètes desservant autant les citoyens que la nation. De beaux débats à venir entre les tenants de cette vision et ceux du « référendisme ».
Pour Vincent Marissal, la stratégie de gouvernance souverainiste de Larose ne serait rien de plus que du fédéralisme « exemplaire ». Il a raison, mais il ne faut pas oublier que la lutte pour l’indépendance ne saurait être linéaire dans sa forme. Pour sa part, dans sa chronique du 17 janvier intitulée [« La manière douce »->11222], Michel David prétend, avec justesse, que plusieurs souverainistes verront dans cette stratégie une réédition du « beau risque » et de « l’affirmation nationale ». En effet, on aurait raison de s’en inquiéter si celle-ci devenait une fin en soi, ce qui, pour le moment, n’apparaît pas être le cas. Pour ma part, l’attentisme ou la pureté doctrinaire ne peuvent en aucun cas être garants des succès espérés. Pour atteindre les plus hauts sommets, l’alpiniste ne trace pas une ligne droite du point A vers le point B. S’y restreindre serait suicidaire. En attendant le « Grand Soir », la nation québécoise a tout intérêt à se consolider en instaurant à son avantage des mesures ayant valeurs républicaines.
Et que dire de l’enquête menée par Noée Murchison, cette journaliste anglophone du Journal de Montréal qui a démontré que l’utilisation du français dans les commerces du centre-ville de Montréal est de plus en plus mise à mal ? La nouvelle ne surprend guère, mais il est intéressant de voir à quel point La Presse s’est empressée de mettre en doute les qualités journalistiques, sinon intellectuelles, de Noée Murchison. Malheureusement, n’ayant pas eu le temps d’analyser les allégations des porte-flingue du fédéralisme du glorieux fleuron de Gesca, il m’est impossible ici de commenter davantage. Fions-nous, pour l’essentiel, à ce qu’en dit Michel Vastel dans sa chronique du samedi le 19 janvier, dans le Journal de Montréal. Le monsieur n’est pas tendre envers La Presse et ça fait plaisir à lire…
Toujours à propos de cette dernière « nouvelle », ce qui est désolant, c’est de constater à quel point le PLQ fait front commun avec les bien-pensants de la rectitude politique. La réplique de Christine St-Pierre, avec sa soi-disant étude affirmant que les commerces utilisent le français avec leur clientèle dans une proportion de 90%. Il n’y a donc pas de problème, tout est un faux débat, et patati et patata. Compte tenu des récentes statistiques dévoilées en décembre dernier par Statistiques Canada, données qui mettaient en évidence la précarité grandissante du français à Montréal, une telle attitude met en exergue la mauvaise foi de ce gouvernement. Candide, Christine St-Pierre se contente de dire qu’il appartient aux consommateurs d’affirmer leur préférence. La langue d’usage dans les commerces serait donc, si l’on se fie à ses dires, inféodée aux lois de l’offre et de la demande… Décidément, l’Institut économique de Montréal – un organisme reconnu pour son néo-libéralisme militant – ne manquera pas d’applaudir la géniale suggestion de la ministre…
Bon, voilà, c’est fait. Quelques lignes sur les dernières actualités pour vous dire que je suis de retour. Et un gros merci à Patrice Boileau pour son excellente chronique du 16 janvier, intitulée [« ADQ king size »->11197], une chronique que j’aurais aimé écrire.


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