Benoît Renaud, secrétaire général de QS, ou comment défendre le multiculturalisme

Chronique de Michel Gendron


Jusqu’à récemment, j’étais persuadé que Québec solidaire (QS) était l’un des porte-étendards de la laïcité au Québec. [L’anthropologue Michèle Sirois, ex-membre de QS, a su déboulonner cette impression->23837]. Ainsi a-t-on appris que QS semble plutôt favorable au port du voile dans la fonction publique. Cette récente prise de position m’apparaît conforme aux conclusions de la Commission Bouchard-Taylor et à l’enlignement pris dernièrement par la Fédération des femmes du Québec. Surtout, elle va dans le sens du muticulturalisme canadian et banalise ce que symbolise le voile. Pour un parti se disant féministe, cette orientation surprend. [La charge de Benoît Renaud, secrétaire général de QS, contre les positions de Michèle Sirois, ne rassure en rien->24906].
Dans son témoignage sur l’islamisme, dans Ma vie à contre-Coran, [Djemila Benhabib dit ceci->22599] :

Je n’ai pas honte d’être née femme. Je n’ai pas à m’en excuser. Je n’ai pas à m’en cacher. Les islamistes rendent les femmes coupables de leurs désirs, de leurs misères et de leurs frustrations sexuelles. Ce sont des malades du sexe. La haine et la soumission des femmes cristallisent leur idéologie. Il ne peut y avoir de femmes libres et émancipées dans un État islamiste, ni d’hommes d’ailleurs. Engels avait raison de dire que « le degré d’émancipation de la femme est la mesure du degré d’émancipation générale ». 

Cette phrase résume assez bien l’essence de son livre. Djemila Benhabib vit au Québec, elle milite pour la laïcité de nos institutions publiques. [Elle n’a pas hésité à dénoncer la position de la Fédération des femmes du Québec,->19695] qui a adopté l’an dernier une orientation banalisant le port du voile dans la fonction publique. Madame Benhabib, présente lors du débat sur cette question à la FFQ, confirme ce que j’avais cru comprendre : plusieurs militantes islamistes étaient présentes lors des débats ayant précédé la prise de position de la FFQ. Ce fait avait provoqué en moi un malaise à l’époque. Non pas parce que des femmes musulmanes s’impliquent dans une organisation féministe, mais parce qu’elles semblaient vouloir défendre le principe de « laïcité ouverte » de Bouchard-Taylor, un euphémisme pour qualifier le multiculturalisme, une idéologie éminemment soutenue par les chartistes. Mon malaise : on investit une organisation féministe influente (la FFQ) pour affaiblir sa capacité historique de militer pour l’égalité des sexes, que ce soit au travail, dans la famille, ou ailleurs, le tout en utilisant une rhétorique mystificatrice faisant l’apologie du « vivre ensemble », du droit au travail. Cela m’a laissé perplexe et j’ai souhaité avoir tort, dans le sens où j’ai cru reconnaître dans cet activisme davantage une tentative d’introduire les valeurs islamiques dans la sphère publique plutôt qu’une volonté de défendre des droits. Ça, c’était en mai – juin de l’année dernière (2009).
Le [texte de Michèle Sirois->23837], publié récemment sur Vigile et sur le site du Collectif citoyen pour l’égalité et la laïcité, a renforcé mes craintes. Aujourd’hui, c’est nul autre que le secrétaire général de QS qui se permet de descendre en flamme madame Sirois, la traitant grosso modo d’incompétente, tout en laissant croire que son analyse fait le jeu des islamophobes, des racistes et des promondialistes. Je constate surtout qu’il s’attaque à sa personne, à son intégrité intellectuelle. Qu’un dirigeant de QS fustige de la sorte une féministe déçue de l’orientation prise par un parti auquel elle croyait démontre que la tendance qu’elle décrit au sein même de ce parti est bien plus qu’un accident de parcours. Une chance que monsieur [Serge Charbonneau, membre de QS, a eu le courage de le confronte->24903]r. Je profite aussi de l’occasion pour dire à monsieur Charbonneau que je suis 100% d’accord avec sa réplique publiée sur Vigile le 6 janvier dernier. Nous partageons les mêmes vues.
Ce qu’il faut admettre : les islamistes voient en chaque droit acquis une preuve, non pas d’ouverture, mais de notre déliquescence morale et sociétale. Ce qui pour nous est tolérance, est perçu chez ces militants comme une reddition de notre part, une démonstration de notre faiblesse intrinsèque. Aussi, tout nouveau droit acquis – ou confirmé – laisse présager des gains futurs. Et le voile est justement un enjeu de taille, puisqu’il se situe sur le terrain de la symbolique. Ce bout de tissu, porté exclusivement par les femmes, signifie « Islam », tout ce qu’il y a dans le Coran, que son contenu soit mal ou bien interprété. Porter le voile permet aux autres – les Infidèles - de « voir » l’Islam. Cette religion milite en autres par sa visibilité, notamment par le port du voile et autres burqas. C’est encore mieux si elle pénètre les institutions de l’État, car cela donnera davantage d’autorité au symbole. Appuyé dans leur guerre par les multiculturalistes locaux, les islamistes ont alors beau jeu : leurs alliés font une partie du travail à leur place, notamment en intervenant en leur faveur dans des organismes aussi vénérables que la Fédération des femmes du Québec, chez QS, ou encore en interprétant en leur faveur les chartes des droits. Mieux encore : les multiculturalistes, rompus aux techniques de la rectitude politique, n’hésitent pas à crier au racisme, à l’islamophobie, à l’impérialisme culturel occidental.
Culpabiliser, donc, et à tout prix. Benoît Renaud – et j’espère que le courant auquel il appartient soit minoritaire chez QS – est un multiculturaliste, un promoteur de la rectitude politique dans ce qu’elle a de plus détestable.
Je suis attristé de voir le secrétaire général de QS défendre le port du voile dans la fonction publique, comme s’il s’agissait d’un droit inaliénable. De deux choses l’une : soit le secrétaire général de QS reconnaît dans le voile un symbole sexiste et de soumission, soit il n’y voit rien d’autre qu’un banal signe religieux et culturel n’ayant aucune prétention idéologique et politique. Si la première hypothèse est la bonne, alors je suis plus que troublé qu’il en fasse abstraction sous prétexte qu’il faut avant tout favoriser l’intégration de ces femmes, notamment en leur facilitant l’accès à l’emploi. Relativiser à ce point le symbole que représente le voile est une injure faite aux femmes qu’on a tuées, qu’on bat, qu’on ostracise ou qu’on réprimande parce qu’elles ont voulu s’émanciper dudit symbole. Pire : le secrétaire général Renaud va jusqu’à traiter de fanatiques les militants de la laïcité de l’État! Drôle, car c’est aussi ce que disent les ultra catholiques, pour qui le combat pour la laïcité est un intégrisme en soi. Ainsi en est-il des libertaires (libéralisme extrême) pour qui la laïcité s’apparente à un repli sur soi. Idem pour les multiculturalistes. Vivre et laisser-vivre : un belle phrase fourre-tout dont on se sert pour culpabiliser, pour tenter de noyer le poisson. Une telle inconscience mérite plus que des coups de pied au cul.
Sans doute le secrétaire général Renaud adhère-t-il aux conclusions multiculturalistes et anti-identitaires de la Commission Bouchard-Taylor. Pour ma part, son « ouverture envers l’autre » et son mépris envers les défenseurs de la laïcité sont ni plus ni moins qu’un geste d’abdication.
Surtout, sa colère et la suffisance de son argumentaire ne lui donneront pas davantage raison. La laïcité est une valeur que la gauche défend depuis toujours, ainsi en est-il du féminisme. Mais le secrétaire général se situe au-delà de cela maintenant. Un peu plus, et il nous dirait sans rire que « la laïcité, c’est l’intolérance ; pouvoir afficher sa soumission, c’est la liberté ». Le lecteur excusera cette image orwellienne.
Répliquer en profondeur à Benoît Renaud aurait exigé plusieurs pages d’analyse, tellement chacun des arguments qu’il avance invite à la polémique. L’espace me manque. On me permettra toutefois de commenter brièvement deux citations :
(Ensuite,) il ne faut pas confondre politique et religion. Aucune conviction politique ne demande à ses adeptes de porter un symbole ou un vêtement particulier. Interdire le port de signes religieux en invoquant une comparaison avec la politique est donc une erreur de méthode évidente.

Je dirais que cette citation de B. Renaud est plutôt le signe de son ignorance. Il n’a aucune conscience de ce qu’est l’islamisme militant. L’islamisme militant prône la fusion de la religion et de l’État, et non pas le contraire. Dans ce combat, la lutte pour autoriser le port du voile relève d’une tactique qui découle d’une stratégie globale. Or, Michèle Sirois, une spécialiste des religions, sait tout cela. Pour Benoît Renaud, l’Islam n’est pas politique dans son action : grave erreur qui l’amène à faire la promotion de positions qui ne vont pas du tout dans le sens de cette cohésion sociale qu’il semble pourtant vouloir rechercher.
Et que dire maintenant de ceci :
(Deuxièmement,) le fait d’identifier les immigrants musulmans à une menace permet de justifier la discrimination contre cette population, ce qui permet aux autorités de lui nier des droits fondamentaux et ainsi d’en faire une catégorie de citoyens de seconde zone, facilement exploitable. L’extrême droite européenne, qui s’attaque depuis toujours à l’immigration en général, peut maintenant se donner un air de respectabilité en ciblant la minorité musulmane au nom de la « laïcité » et des « valeurs », le dernier exemple de cette stratégie étant le référendum suisse sur les minarets.

Quoi ? Être en faveur de la laïcité, promouvoir les valeurs québécoises et s’opposer au multiculturalisme version canadian pourraient nous amener, comme collectivité, à réduire les droits fondamentaux de groupes vulnérables, à devenir perméables au discours de l’extrême-droite ? Le sous-entendre, c’est culpabilisant et manipulateur.
Attention : il ne dit pas que le mouvement laïc, certaines féministes et les défenseurs de l’identité québécoise s’inspirent des idées de l’extrême-droite, mais il suggère plutôt que les positions dont ils font la promotion vont dans le sens de celles d’alliés conjoncturels peu recommandables. Enfin, il ne fait pas de distinction entre islamistes et immigrants musulmans (bon nombre de musulmans ne sont pas pratiquants, donc ne sauraient être qualifiés d’islamistes). C’est subtil, mais ça reste foncièrement malhonnête. Selon moi, ce genre de discours aura de moins en moins d’impact. De plus en plus des gens prennent la parole en faveur de la laïcité, de l’égalité hommes-femmes et du respect de l’identité québécoise. L’idée républicaine fait son chemin. Nous n’avons pas à avoir honte.
Tout comme Michèle Sirois et Djemila Benhabib l’ont exprimé sur d’autres tribunes, je pense aussi que l’incompréhension de l’insécurité identitaire des Québécois par une certaine gauche ne pourra qu’engendrer un effet pervers, à savoir que des positions comme celles défendues par Benoît Renaud peuvent laisser croire à plusieurs que seule la droite a à cœur la question identitaire, alors qu’en réalité elle est l’affaire de tous et de toutes.


Laissez un commentaire



9 commentaires

  • Yves Chartrand Répondre

    12 janvier 2010

    Membre de Québec Solidaire, je mets en garde mon parti depuis longtemps de ne pas rester figé dans une position doctrinaire d'absolue défense des minorités sans contrepartie de bien comprendre l'identité québécoise et les exigences d'intégration vis à vis des nouveaux arrivants. J'espère que Québec Solidaire profitera de la crise actuelle pour remettre les pieds sur terre et ne pas s'isoler des indépendantistes progressistes forts nombreux au Québec.
    Yves Chartrand

  • Serge Charbonneau Répondre

    11 janvier 2010

    Cette fois-ci, je suis en total accord avec M. Gendron.
    Aucune attaque mal placée, une argumentation structurée, en plus il va jusqu'à dire qu'il est d'accord avec moi.
    J'aurais l'air fou de le contredire.
    Et j'ai même l'air fou de l'appuyer. J'aurais eu l'air moins fou s'il ne m'avait pas mentionné.
    Oui, c'est une bien triste histoire que cet article de Benoit Renaud. Monsieur Renaud avec qui j'avais un brin argumenté (sans savoir qu'il était "mon" secrétaire général), pendant un atelier sur la laïcité lors d'un camp d'information de QS en septembre dernier.
    Nous avons aussi eu un échange courriel assez "ergoté" lors de mon texte fustigeant l'auteur de ce présent article.
    Monsieur Renaud est en croisade personnelle pour le voile depuis belle lurette. On comprend mieux le mémoire de QS déposé à la commission Bouchard-Taylor en sachant qu'il en était un des rédacteurs.
    À QS nous avons eu une amorce de débat sur la question. C'est au congrès que l'ampleur du débat s'est fait sentir. Malheureusement, QS ne l'a pas noté. On a décidé de faire semblant que ce point chaud était réglé. Possiblement que ce point aurait pu être mis sous une cloche et sorti peu à peu entre les membres de QS pour le débattre calmement en s'inspirant des malaises mondiaux, des malaises locaux, de nos malaises intérieurs. Il y aurait eu beaucoup d'informations à glaner et d'analyses «calmes» à faire. Peut-être que sans cette croisade de Benoit Renaud, ce point aurait pu être muri et mieux compris par le parti pour finalement être mieux présenté dans son programme. Ce point aurait peut-être passé presque inaperçu si M. Renaud n'avait pas poursuivi, j'oserais dire, comme un "fanatique" sa lutte pour ce fameux voile.
    Le drame (pour nous à QS) c'est que Monsieur Renaud qui lutte pour faire valoir ses idées très personnelles s'est carrément foutu du tort qu'il faisait à son parti. La position de Monsieur Renaud est très loin de faire l'unanimité à QS. Nous le constatons par les claquements de portes et les nombreux commentaires des gens de QS.
    Si QS n'enclenche pas un débat sérieux et que l'élite dirigeante manœuvre en catimini pour faire passer la crise, je crois que le parti risque de perdre encore plus de lustre que présentement. J'ai été fort déçu de l'attitude de notre secrétaire général. Je constate la division entre les membres. J'ai reçu des insultes et on m'a invité à quitter le parti. Pourtant, ce maudit voile ne représente qu'un point. Comment se fait-il que QS ne puisse mettre en marche un débat de fond non pas dans un petit groupe restreint de dirigeants, mais dans toutes les associations locales?
    J'ai toujours dit parce que j'ai toujours cru que QS favorisait la démocratie participative, mais j'ai l'impression que "nos" élites dirigeantes n'osent pas trop donner de pouvoir aux membres. En plus, j'ai aussi l'impression de noter un certain manque de transparence dans mon parti.
    Malgré tout, mis à part cette crise majeure causée par le fanatisme et l'inconscience de notre secrétaire général, je crois que QS est le seul parti valable comme alternative aux anciens partis. Si je ne reçois pas trop d'invitations à quitter, je crois que je ne déchirerai pas ma carte de membre.
    Mais pour en revenir à l'essence du débat, le point est le port DES signes religieux pour les agents-es de l'État au service des citoyens.
    Cela concerne TOUS les signes religieux sans distinction.
    Cela concerne aussi, à mon sens, les fameux crucifix dans les lieux publics (Assemblée nationale, écoles, hôpitaux).
    D'aiguiller le débat sur le voile c'est fausser le débat.
    Le voile est bien sûr concerné, mais le débat n'est pas sur le voile.
    Ce débat sur le voile, c'est un autre débat, encore plus complexe que le débat actuel qui concerne la laïcité de l'État.
    La laïcité de l'État ne concerne pas la laïcité de la société.
    Les libertés individuelles de croyance et de pensée ne sont d'aucune façon menacées.
    Il faudrait faire un effort pour ramener le débat à ce qu'il est et cesser d'en faire une boule de neige.
    En terminant, je vous dis bravo pour votre texte, Monsieur Gendron.
    Serge Charbonneau
    Québec
    Membre de QS, non-raciste, non-islamophobe, non-xénophobe et même pacifiste
    et pour un État laïc régi par des lois laïques.

  • Yves Claudé Répondre

    11 janvier 2010

    Le discours erratique de Monsieur Renaud ne constitue pas un fait isolé dans la trajectoire de « Québec Solidaire » : au-delà des dérapages qui amènent le discours de Monsieur Renaud à s’auto-disqualifier intégralement, le contenu essentiel est conforme à la ligne idéologique de QS.
    QS a adhéré d’une manière acritique aux conclusions du Rapport Bouchard-Taylor et a applaudi naïvement à la mise en place du cours « Éthique et Culture Religieuse », vecteur pédagogique de l’imposition du multiculturalisme dans la formation citoyenne des élèves.
    L’angélisme absolu de QS dans ce domaine atteint un sommet, lorsque des cadres du parti mettent de l’avant des mesures racialistes, c’est-à-dire objectivement racistes (racisme « positif ») :
    « Nous proposons aussi que la Loi électorale contienne des mesures contraignantes et incitatives (financières et autres) pour accroître la représentation de personnes immigrantes et des minorités visibles. On pense ici à la majoration de l’allocation annuelle accordée aux partis politiques en fonction de certains critères en lien avec les candidatures présentées ou élues. » (F. Saillant - S. Lessard)
    http://programme.quebecsolidaire.net/contributions/les_communautes_culturelles_et_l8217immigration_7
    Yves Claudé – Montréal, le 11 janvier 2009
    ycsocio@yahoo.ca
    PS : Mon argumentaire rejoint tout-à-fait celui de Michel Gendron :
    http://www.vigile.net/Contre-le-neo-maccarthysme-de
    http://www.vigile.net/Les-derives-de-la-CDPDJ

  • Archives de Vigile Répondre

    11 janvier 2010

    "C’est ce qui arrive quand la gauche choisit les outils d’analyse de la droite - basée notamment sur les seuls droits individuels au détriment des droits collectifs"(Anonyme)
    C'est le libéralisme.
    La droite et la gauche sont parties du même système. Il sert a diviser. Il fonctionne lorsque les sujets l'ont assimilé comme réalité politico-identitaire qui prend la place de leur identiraire national-ethnique. Ils deviennent alors les jouets des nationaux-ethniques qui leur ont fait assimiler.
    Ce libéralisme est encore plus prononcé chez le parti Socialiste en France.
    Il est chez les partis de droite religieux.
    La fonction première est la dénationalisation des identités puis la dissolution de ces identités.
    Ne restera plus que des gauches et des droites qui auront fini par abandonné leur recherche innutile de liberté car ne sauront plus qui ils sont et d'où ils viennent.
    Ils ne connaîtront que leurs maîtres.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 janvier 2010

    La diatribe au ton extrêmement suffisant du secrétaire général de QS, (initiative personnelle, a-t-on appris dans les commentaires publiés à la suite de l'article du Devoir), pourrait bien avoir des conséquences aussi désastreuses que celles qui ont suivi la malheureuse phrase sur les Yvettes lors du premier référendum de 1980.
    À lire l'analyse de M. Renaud, à constater son indifférence ou plutôt son ignorance des enjeux réels soulevés par les intrusions de plus en plus grandes du religieux dans la vie publique et politique du Québec, on comprend que certaines personnes choisissent malheureusement des partis de droite qui, eux au moins, ont l'air de comprendre leurs appréhensions au lieu de les dénigrer. Et quand la droite s'en empare, elle apporte aussi des solutions de droite.
    Dommage que la gauche n'ait pas compris que le combat de la laïcité lui appartenait encore et toujours. C'est ce qui arrive quand la gauche choisit les outils d'analyse de la droite - basée notamment sur les seuls droits individuels au détriment des droits collectifs-, l'avenir s'annonce triste...

  • Thérèse-Isabelle Saulnier Répondre

    11 janvier 2010

    Je suis étonnée, M. Gendron, que vous n'ayez appris que récemment que QS n'était pas l’un des porte-étendards de la laïcité au Québec et qu'il est favorable (et non "plutôt favorable") au port du voile dans la fonction publique. Tout cela est dans le Mémoire que ce parti a déposé devant la commission Bouchard-Taylor en décembre 2007, si je ne m'abuse, se résumant par la notion de "laïcité interculturelle". C'est d'ailleurs ce Mémoire qui m'a fait démissionner en tant que membre de ce parti, démission dont j'ai expliqué les raisons dans une chronique (http://www.vigile.net/Vous-avez-dit-laicite,11124). Voir tout spécialement les raisons 3 et 4.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 janvier 2010

    "Tout en étant personnellement athée, laic, et souhaitant à long terme la disparition da la mainmise du religieux dans le quotidien des gens"(Marc-André Pilon)
    Cela explique peut-être votre position pour une laïcité "ouverte".
    Vous présentez votre laïcité "ouverte" comme une main tendue envers des communautés religieuses dont vous avouez ici que vous désirez en fait leur disparition. Un espèce de piège conçu pour leur faire croire que vous respectez et accueillez leur choix mais qui sert en fait à les assimiler à votre athéisme. Comme le cours ECR (que David supporte), vous vous préparez à faire du prosélythisme idéologique étatique.
    Ma position en faveur d'un État laïque fort (à 100%) est que je souhaite des religions fortes dans la société civile.
    Je ne veut pas d'un État qui cherche à m'imposer une idéologie.

  • Raymond Poulin Répondre

    10 janvier 2010

    Beaucoup de Québécois, lorsqu’ils ont quitté l’Église, ont remplacé la culpabilité d’essence religieuse qu’on leur avait inculquée par une autre, confuse et indéfinie. Il leur faut absolument se sentir coupables de quelque chose. Alors, ils passent leur temps à s’en excuser en adoptant la rectitude politique dans ses diverses manifestations. La fameuse ouverture au monde prêchée par le multiculturalisme — implantée en Occident par la Trilatérale et autres Bilderberg pour cautionner le mondialisme, soit une technique de déstructuration des nations qui sert à la fois les multinationales et le futur gouvernement mondial autoritaire qui va avec — constitue le pire avatar de la novlangue, ce qu’est en somme le politiquement correct. Ses initiateurs n’en croient pas un mot, évidemment, mais ceux qu’ils manipulent, oui. En général, les protestants pratiquants sont les plus faciles à manipuler, car le protestantisme, contrairement à une idée répandue, incruste généralement bien davantage l’idée de culpabilité que le catholicisme, et voilà probablement pourquoi le multiculturalisme sévit surtout en pays anglo-saxons et germaniques. Cependant, il faut se rappeler que notre forme de catholicisme dérivait directement du rigorisme catholique français de la fin du XVIIe siècle voire du jansénisme. Alors, nos culpabilisés, pétris de bonnes intentions mais orphelins de la croyance collective perdue, ont tout loisir de vouloir soulager toute la misère du monde, au détriment de leurs proches s’il le faut. Tous ceux qui s’opposent à leur manière de voir remplacent en somme le Malin dans leur symbolique. Cela part certes d’un bon sentiment, mais rien de pire qu’un bon sentiment transformé en prosélytisme politique lorsqu’il s’appuie sur une “vérité” absolue. Relisez les justifications des pères du cours ECR, vous trouverez le même genre d’arguments, la même suffisance et la même tournure sophistique que chez les défenseursde la vision de QS quant aux signes religieux et aux accommodements dits raisonnables. Théorie fantaisiste? Je n’en suis pas si sûr.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 janvier 2010

    Il faudrait donc que QS mette dans son programme des lois brimant les libertés individuelles afin de faire plaisir aux "insécures identitaires"?
    Si QS voulait passer une loi similaire s'adressant à la majorité et non à la minorité, on les taxerait de communistes, de vouloir faire du Québec un nouveau Cuba, qu'ils veulent que l'État contrôle tout, même les individus (etc.). Maintenant, s'ils prennent une position modérée défendant les libertés individuelles (l'État est laic, pas les individus; un droit de réserve étant en place pour les métiers étatiques obligeant une abscence de signes religieux), on les accuse de flirter avec l'extrême-droite et le FN, ou encore d'être des fanatiques religieux de gauche (j'ai même lu quelqu'un les accusant de néo-maccarthysme(!))
    Je crois que les gens qui lisent vigile.net et QS s'entendent sur l'importance de la laicité de l'État. On ne peut juste pas étendre cette laicité aux individus. Et, dans la position modérée qu'ils ont choisie, pas à TOUS les employés de l'État en tant qu'individu. Bien entendu, si l'emploi réclame l'absence de signes religieux pour des raisons valables (qui n'auront rien à voir, je l'espère, avec notre insécurité... à ce compte, on pourrait aussi interdire les assistés sociaux si ça rend les payeurs de taxe insécures...) ceux-ci ne pourront pas être portés. Je ne vois pas pourquoi des gens font un drame avec cela.
    Tout en étant personnellement athée, laic, et souhaitant à long terme la disparition da la mainmise du religieux dans le quotidien des gens, et l'apparition d'une réelle égalité homme-femme, je dois avouer ne pas comprendre des gens qui ne sont jamais offusqués de voir un employé masculin de l'État porter un bijou chrétien réclamer tout à coup que les agents de l'État ne puissent pas porter de signes religieux maintenant que d'autres sont apparus (même notre Assemblée nationale à une croix sur le mur! Ou est-ce "notre patrimoine"? Merci Duplessis!). Maintenant, s'il s'agit d'un autre débat que celui-ci (c'est-à-dire qu'on n'accepte pas le voile pour la soumission au patriarcat qu'il sous-tend), peut-on arrêter de tirer des roches sur QS à propos de ce sujet?
    Je suis sûr que QS est également pour la disparition du patriarcat. Ils comprennent simplement que ce n'est pas en ostracisant des femmes victimes de ce patriarcat que l'on prend une position "féministe". Il faudrait au contraire leur donner notre appui afin qu'elles puissent profiter éventuellement des luttes du Québec des cinquantes dernières années. On ne peut malheureusement imposer une émancipation avec des lois.