Il y a quelques mois, dans un texte intitulé Indépendance : Parlons stratégie, j'avais préfacé mon article de la mise en garde suivante :
« AVERTISSEMENT : LE TEXTE QUI SUIT BOUSCULE UN CERTAIN NOMBRE D'IDÉES REÇUES. VOUS EN POURSUIVEZ LA LECTURE À VOS RISQUES ET PÉRILS »
Et, j'avais choisi comme sous-titre « Et si nous avions fait fausse route ? ».
Pour le présent texte, je sens d'autant plus besoin de réitérer ma mise en garde que la question que je soulève cette fois-ci risque de ne pas me rendre très populaire dans certains milieux. Mais qu'importe, je n'ai jamais eu le souci d'être populaire et la perspective de froisser quelques plumes ne m'effraie pas du tout. Cependant, parce que je souhaite contribuer à l'avancement de notre cause et que je veux éviter que quiconque se méprenne sur mes véritables intentions, je prends la peine de répéter ce que je disais dans mon premier texte sur ce sujet :
« Comprenons-nous bien. Mon propos ici n'est pas de jeter la pierre à qui que ce soit. Je prends pour acquis que tout le monde a agi de bonne foi. Je cherche tout simplement à comprendre pourquoi, après tant d'années, nous sommes encore si peu avancés. »
Cette fois-ci, la question que je nous pose collectivement est la suivante : Et si nous n'avions pas été prêts ? Je précise tout de suite que ma question ne vise pas tant notre degré de préparation collective à l'idée de faire l'indépendance que notre degré de préparation à la rendre effective et à assumer les responsabilités d'un gouvernement indépendant, même s'il y a un lien direct entre notre disposition à accepter l'idée de l'indépendance et notre degré de confiance dans notre capacité à la rendre effective et l'exercer.
Autrement dit, notre degré de préparation à l'idée de faire l'indépendance serait-il fonction de notre degré de confiance dans notre capacité à l'exercer ? Si tel était le cas, cela jetterait un tout autre éclairage sur les résultats des référendums de 1980 et de 1995, et même sur le référendum de 1993 sur l'accord de Charlottetown. Pour ma part, j'ai acquis au fil des années la ferme conviction que c'est bien le cas, et qu'il nous faut donc envisager de nous préparer tout autrement à livrer la prochaine bataille. La confiance, ça se gagne, et ça prend plus que quelques discours et un coup de bluff.
Certains me rétorqueront tout de suite que je divague, que nous étions prêts en 1980, et encore plus en 1995. Donc, si nous avons perdu, ce n'est pas de notre faute. C'est celle de quelqu'un d'autre. C'est une posture confortable qui nous évite de remettre quoi que ce soit et qui que ce soit en question, mais qui nous laisse comme seule perspective de nous en remettre à la chance ou au pourrissement de la situation pour enfin parvenir à notre but.
Même si je ne ferais pas la fine bouche devant un pareil développement, j'estime non seulement que nous méritons mieux que ça, mais que nous nous devons à nous mêmes et aux générations futures de bâtir un Québec indépendant sur des fondations solides qui lui permettront de résister un autre quatre cents ans aux épreuves du temps et de l'histoire.
En faisant du vélo, je passe régulièrement devant l'Église de la Visitation du Sault-aux-Récollets sur le boulevard Gouin, et je m'y arrête tout aussi régulièrement pour relire les plaques commémoratives apposées sur la façade qui nous rappellent le passage en ces lieux de Jacques-Cartier en 1535, et de Champlain en 1615. De fois en fois, je ressens le même frisson au souvenir de ceux qui ont découvert notre coin d'Amérique et qui ont choisi de s'y établir pour le, et s'y, développer.
C'est un héritage colossal, extraordinaire, que nous connaissons souvent fort mal, mais à la hauteur duquel il nous revient de nous montrer. Cet héritage ne peut-être sauvé que par nous-mêmes. Les lieux continueront peut-être d'exister jusqu'à la fin des temps, mais ces lieux n'ont de sens que pour nous, et nous sommes les seuls à pouvoir leur donner tout le sens qu'ils ont. Je me souviens, c'est ça que ça veut dire.
Comme ce pays n'aura jamais autant de sens que pour nous, et que certains cherchent à lui en donner un autre que celui qu'il a, [à l'image de ce que Félix disait de l'Île d'Orléans, « en minijupe and speak English », nous avons le devoir de faire l'indépendance afin que le vrai sens des choses ne soit pas perdu, afin que notre patrimoine, notre identité, notre culture et notre langue ne soient pas dilapidés aux quatre vents par un « gros voisin d'en face » [(L'alouette en colère)->29784] animé du seul souci de « faire une piasse ».
Donc, vu déjà deux tentatives ratées, il faut nous assurer que la troisième sera la bonne. Comme nous avions commis l'erreur de confier à un parti politique et au gouvernement de faire l'indépendance, nous sommes nombreux à ne pas savoir ce qu'il faut faire pour préparer l'indépendance.
Les pays qui ont accédé à la leur au cours des dernières années ne peuvent guère nous servir de référence. Le Québec ne se compare pas aux pays de l'Est nés de la débâcle de l'Union Soviétique, le Québec n'est pas dans la situation de la République Tchèque ou de la Slovaquie, le Québec n'est ni le Kosovo ni le Soudan.
Le Québec est une société avancée, prospère, intégrée dans un cadre qui l'empêche d'être ce qu'elle est et de se réaliser pleinement. Il exerce déjà un bon nombre des compétences qu'exerce un État indépendant, et il ne saurait être question de mettre ses acquis en péril dans une aventure sans lendemain, que ce soit sur le plan social, économique ou culturel.
Le défi de l'indépendance réside donc dans sa préparation, afin que la transition soit la plus harmonieuse possible, et que l'assumation par le Gouvernement du Québec de toutes les compétences, les droits et les obligations présentement dévolus au gouvernement fédéral canadien au titre du Québec n'occasionne non seulement aucune répercussion négative sur le niveau et la qualité de vie des Québécois, mais qu'elle se trouve en fait à leur garantir un sort meilleur dans l'avenir. ***
Encore trop nombreux à nous croire « nés pour un p'tit pain », cette proposition nous semble irréalisable. Or non seulement elle ne l'est pas, mais dans la conjoncture économique et politique actuelle, l'indépendance est fort probablement la voie qui nous offre les meilleures perspectives.
En effet, les dernières craintes que nous avions sur la faisabilité politique de l'indépendance ont été levées, d'abord par la Cour suprême il y a quelques années, puis ces jours derniers par la Cour Internationale de Justice. J'ai employé à dessein le mot « craintes » car il ne s'agissait de rien d'autre. Il ne faudrait surtout pas croire que ces deux instances ont créé du droit nouveau juste pour nous. Elles n'ont fait que préciser l'état du droit tant interne qu'international sur ces questions.
La porte a toujours été ouverte, c'est juste que nous ne savions pas qu'elle était ouverte, et que nous redoutions même qu'elle puisse être fermée. Ce petit paragraphe nous permet de comprendre à quel point nous avons pu être manipulés par le camp adverse, et jusqu'à quel point ils peuvent être prêts à nous manipuler pour nous empêcher d'atteindre notre but. À mettre dans la même pipe que les commandites.
Nous savons également maintenant, gracieuseté de la Cour suprême, que le gouvernement fédéral aura l'obligation de négocier de bonne foi la séparation du Québec. Fini donc les épouvantails de bonhommes sept heures et la menace de laisser le Québec sécher au bout de sa corde. Et nous pouvons maintenant comprendre que, dans la mesure où le Canada demeurera responsable pour tous les engagements financiers qu'il a contractés en son nom au bénéfice de tous les Canadiens y compris les Québécois jusqu'à la fin des négociations à la satisfaction de toutes les parties, donc du Québec, il y aura un incitatif très fort pour le gouvernement fédéral à régler les choses le plus rapidement possible.
Il nous faut aussi comprendre que la période de transition pourra être assez longue. Nous devrons rapatrier des compétences (le commerce, les banques, la défense, la poste, le transport aérien maritime, ferroviaire, interprovincial, les pêcheries, la propriété intellectuelle, les lettres de change et les effets de commerce, les Indiens, l'immigration, le droit criminel, la faillite et l'insolvabilité, etc.) mais aussi du personnel (les fonctionnaires fédéraux québécois qui demanderont à être intégrés à la fonction publique québécoise), des infrastructures (ports et aéroports, édifices publics, ponts, voie maritime du St-Laurent, pénitenciers, bases militaires, laboratoires scientifiques, etc.), des biens (aéronefs civils et militaires, parcs automobiles, navires, brises-glaces, la part du Québec des réserves d'or du Canada, etc.), de l'argent (la part du Québec des réserves de la Banque du Canada, le capital pour couvrir les engagements des régimes de retraite des fonctionnaires rapatriés, etc,), mais aussi des obligations financières (part du Québec des obligations du Canada, bons du trésor, dette publique, etc.), en plus d'assumer des services divers tels que ceux qui sont dispensés par la Société centrale d'hypothèques et de logement, entre autres.
La simple énumération de tous ces postes (et cette liste n'est pas complète, tant s'en faut) nous donne idée du brassage extraordinaire auquel l'indépendance va donner lieu et de la quantité de travail qu'il génèrera. Comme il est à toutes fins pratiques impossible qu'une telle transition puisse s'effectuer du jour au lendemain, il faut prévoir qu'elle s'échelonnera sur quelques années.
Qui plus est, il est plus que probable que le Gouvernement du Québec profitera de l'occasion pour se délester d'un certain nombre d'activités et de programmes dans lesquels le gouvernement fédéral est engagé depuis des années pour toutes sortes de raisons y compris des raisons politiques sans que le Québec n'y trouve son bénéfice. Ce sera une occasion unique de procéder à un grand ménage et à un resserrement des contrôles comme il s'en présente peu dans l'histoire d'un pays, sans que les Québécois aient le moindrement à en souffrir. ***
C'est ce travail qu'il faut déjà préparer, de telle façon que, lorsque les Québécois seront invités à se prononcer une nouvelle fois sur leur avenir et sur celui de leur futur pays, ils aient confiance dans le scénario qu'on leur propose.
En 1995, nous avons à peine abordé ces questions, nous contentant de mettre à jour les études de la Commission Bélanger-Campeau, et de rajouter une étude sur le partage des actifs et de la dette, et une autre sur l'accession du Québec à l'ALENA. Or les études de la Commission Bélanger-Campeau n'ont jamais été réalisées dans l'optique de l'indépendance du Québec, elles ne visaient qu'à mettre de la pression sur le gouvernement fédéral pour qu'il accepte les conditions du Meech. On était donc loin du compte, et les Québécois ne s'y sont pas trompés.
Et le fait que nous soyons venus si près de l'emporter ne doit pas tant à la « qualité » de notre préparation (à peine celle d'un « show d'amateurs ») qu'à l'ineptie du fédéral. On ne peut pas compter sur la même chose dans l'avenir, et surtout pas s'il s'agit de notre dernière chance.
Richard Le Hir
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16 commentaires
Archives de Vigile Répondre
17 août 2010Aussi longtemps que les partis indépendantistes et les mouvements indépendantiste ne formeront pas des Comités multipartistes Pour l'Indépendance ( CMPI) dans chaque comté du Québec ayant pour tâche de préparer l'indépendance , rien ne se fera et rien n'arrivera car l'acquisition de notre indépendance nationale et notre ouverture au monde est un combat qui exige un militantisme constant
Vive le Québec libre
Archives de Vigile Répondre
15 août 2010...La Révolution tranquille, lance-t-il en reprenant un de ses thèmes de prédilection, a avorté et s'est «transformée en une forme vulgaire de capitulation tranquille». Après elle, les Québécois refusent le passé, méprisent leur héritage catholique, l'école devient un lieu d'inculture, la question nationale est dans un cul-de-sac et le conformisme marchand est devenu le nouveau dogme...
La nostalgie de Paul-Émile Roy
http://www.vigile.net/La-nostalgie-de-Paul-Emile-Roy
Archives de Vigile Répondre
15 août 2010À MM. Le Hir et Cloutier
Contrairement au péquiste qui grouille, grenouille et scribouille à mon sujet sur Vigile, vous avez tout mon respect et ma considération, même si, en ce qui me concerne, je considère le PQ comme un faux frère de la cause indépendantiste.
Michel Rolland
Michel Laurence Répondre
15 août 2010@Francis Déry et Jacques Bergeron
Cet organisme, c’est le R.I.N.
Le Rassemblement pour l’indépendance nationale (R.I.N.) est un mouvement citoyen. Le R.I.N. n’est pas un parti politique. Le R.I.N. ne se transformera pas en parti politique. La mission du R.I.N. est de rassembler les indépendantistes de la société civile québécoise pour travailler à l’indépendance du Québec. Un mouvement citoyen assez puissant pour forcer n’importe quel gouvernement de l’Assemblée nationale à engager un processus menant à l’avènement du pays du Québec: un pays démocratique, pacifique, laïque, écologique, un pays qui reconnait l’égalité entre les femmes et les hommes, un pays dont la seule langue officielle sera le français, un pays libre de ses choix politiques, économiques, juridiques et sociaux, libre de ses alliances et pleinement maître de son destin.
http://bit.ly/99MMPL
Jacques A. Nadeau Répondre
15 août 2010Loin d'être choqués, je suis convaincu que plusieurs comprendront ici que votre texte est une énième reprise d'une cassette entendue ad nauseam depuis 1995.
En bref, voici ce que je retiens de cette contribution : Jacques Parizeau n'était pas prêt. Et par voie de conséquence c'est lui le responsable de la défaite. Comme si au Québec nous n'aurions pas, d'un côté, la quantité nécessaire d'individus compétents pour régler rapidement tous les détails liés à une déclaration d'indépendance et, de l'autre, une population suffisamment renseignée pour savoir qu'elle peut déléguer, en toute confiance, à une quantité nécessaire d'individus québécois compétents le mandat de régler les détails liés à une déclaration d'indépendance.
Non, M. Le Hir, le Québec est prêt pour l'Indépendance et n'eut été des manœuvres fédérales et de la quantité inouïe de fonds fédéraux consacrée à des activités illégales nous y serions déjà depuis 15 ans. Et bien sûr, nous aurions pu faire mieux, il y a eu des erreurs, comme dans toutes entreprises humaines, mais ce n'est certainement pas en nous lançant le cliché ce n’est pas de notre faute. C’est celle de quelqu’un d’autre que nous nous auto-flagellerons pour avoir fait confiance à Jacques Parizeau et que nous balayerons sous le tapis les considérations déterminantes liées aux rapports de force. SVP, ne confondons pas stratégie avec logistique ou encore avec tactique.
Et, comme complément de lecture, voici un site qui relate des extraits révélateurs de votre témoignage lors d'une conférence à Cité Libre en 1998. (À peu près au milieu de la page, section intitulée «LE RETOUR SUR TERRE DE RICHARD LE HIR» http://www.quebecoislibre.org/980321-6.htm
Jacques A Nadeau
Mpntréal
Archives de Vigile Répondre
15 août 2010Personnellement, je ne crois à la volonté et à la détermination du PQMarois de réaliser l'indépendance du Québec. Prenez la peine de lire attentivement - comme je l'ai fait - la proposition de l'exécutif national et comparez la avec le programme d'affirmation nationale du PQJohnson de 1987 et vous allez vous rendez compte que c'est blanc bonnet et bonnet blanc.
1 - Sous prétexte de mettre fin à l'attentisme, on envoie aux poubelles, le projet de pays et son obligation de le présenter à l'électorat en en faisant le thème de l'élection et on envoie le référendum dans les limbes (quelque part dans le nord de l'Ontario, comme disait Richard Desjardins).
2 - On parle de congédier le référendisme, mais le dogme référendaire est encore le dogme officiel, sauf qu'on l'envoie aux calandres grecques. C'est pas très motivant pour les troupes.
3 - Et que fait-on en attendant ce jour béni? On laisse Pauline Marois gouverner la province comme première première ministre qui va "chercher à acquérir toujours plus de pouvoirs et de moyens pour le Québec et les québécois" (dixit la proposition). Une politique d'affirmation nationale et de quêteux, sous l'euphémisme de "gouvernement souverainiste". Ah, les mots à maux qui ne veulent rien dire et qui sont autant d'attrapes nigauds.
4 - Quand on veut un pays, on le met sur la table directement, franchement, ouvertement, courageusement, sans entourloupettes ni artifices comme des gens honnêtes et non pas comme des hypocrites. Et le peuple en dispose. Et le meilleur moment de le faire, c'est au cours d'une élection. Si on perd, on revient à la prochaine.
Pierre Cloutier
Archives de Vigile Répondre
15 août 2010"Il ne reste plus qu’à identifier l’organisme capable d’oeuvrer à l’organisation d’une première rencontre de toutes ces personnes."
Voilà! Les soldats piaffent! Ils ont répondu nombreux à des tirs de pratique: marche pour l'indép, 24 mai, rassemblement à pleine capacité au Monument national, création de sections régionales (Montérégie, etc.) du Mouvement Montréal Français, et d'autres, dont le Moulin à Paroles et tous rassemblements de Résistance à la Monarchie et à la canadianisation...
Les Québécoises et Québécois attendent le mot d'ordre pour un tir regroupé. Ils veulent faire mentir les statistiques patentées par les médias conscrits: nous sommes majoritaires à refuser de disparaître. Que les vrais chefs se manifestent! Nous ne subirons plus la domination fédérale dans ses référendums truqués! Octobre, c'est un mois si inspirant!
@ Richard Le Hir Répondre
15 août 20101. Avant de pouvoir rendre le choix effectif, il faut qu’il ait été effectué. Pour que ce choix aille dans le sens que nous souhaitons, il faut le « vendre » à la population. La stratégie que je propose dans cet article vise uniquement à convaincre la population que nous sommes prêts à faire l’indépendance, que nous savons exactement ce qu’il y à faire pour que la transition se passe bien et que la population non seulement ne subisse aucune retombée négative du fait de l’indépendance, mais que ses perspectives d’avenir s’en trouvent améliorées. J’ai déjà abordé dans des articles précédents d’autres volets de ce que devrait comporter une stratégie d’ensemble.
2. Il n’y a absolument rien qui empêche un groupe quelconque de Québécois de préparer un plan visant à permettre à un éventuel parti au pouvoir d’assumer les compétences, les droits, les obligations et les services que le gouvernement fédéral assume présentement pour le Québec.
3. De plus, comme il s’agirait d’un exercice privé (dans le sens où il ne serait pas le fait du gouvernement), il ne pourrait donner lieu à aucune sanction ou représailles de la part de qui que ce soit. Il pourrait même s’effectuer entièrement à l’abri des médias ou hors de portée de leurs critiques, le temps de recueillir les expertises nécessaires, de les valider, et de finaliser le plan.
4. Il faut bien comprendre ce que serait la séquence des événements. Une fois le vote en faveur de l’indépendance acquis, le gouvernement fédéral n’a plus aucune autorité sur le Québec. Il doit négocier le transfert de ses responsabilités avec le gouvernement du Québec. Cette négociation se fera rapidement parce que le gouvernement fédéral aura intérêt à ce qu’elle se fasse rapidement pour les raisons que j’ai indiquées. Il n’est donc plus question que le gouvernement fédéral puisse tenir des élections au Québec ou même une consultation populaire après un vote de la population du Québec en faveur de l’indépendance. Il faut distinguer le transfert des pouvoirs de la transition. Le transfert se fait rapidement. Par transition on entend le processus ordonné par lequel le gouvernement du Québec substitue sa volonté à celle du gouvernement fédéral dans ses nouveaux domaines de compétence. Il y a des centaines de lois et des milliers de règlements qui vont devoir faire l’objet d’un examen dans la seule perspective de l’identité du Québec, de ses orientations, de sa culture, etc. Cet exercice va prendre des mois, voire des années. Ainsi, le code criminel va devoir faire l’objet d’une refonte complète dans l’esprit de nos valeurs, de notre culture et de notre langue. Il en va de même pour des centaines d’autres lois.
5. Je suis en désaccord avec le plan Marois, tant sur le fond que la stratégie.
6. Dans un article précédent, j’ai suggéré que le Conseil de la souveraineté et/ou les intellectuels pour la souveraineté pourrai(en)t prendre l’initiative des opérations. Mais au fond, le QUI n’a pas véritablement d’importance. Ce qui importe, c’est de multiplier les initiatives en faveur de la souveraineté, même si cela doit donner lieu à une certaine dispersion des efforts ou à certaines duplications. Tôt ou tard, ces initiatives finiront bien par se rencontrer et les arrimages nécessaires ou possibles se feront. La dernière chose à faire à ce stade-ci, c’est de brimer ou brider l'enthousiasme de ceux qui veulent faire quelque chose. Toute graine semée portera des fruits.
Richard Le Hir
Archives de Vigile Répondre
15 août 2010Merci infiniment M. Le Hir.
Et c'est bien ce que les électeurs veulent entendre parler. Et les mots, le vocabulaire devront être bien choisis parce que la meute de loups fédéralistes nous mettra en pièces.
Et de grâce, pas de notions de gauche, de droite, de centre parce que nous ferons fuir les électeurs qui n'entendent plus se laisser manipuler par des politiciens opportunistes.
Une suggestions pour ces grands travaux : une carte d'électeur indiquant aussi la date d'entrée au Canada. Bien sûr, à condition qu'on ait pris une décision à ce sujet. Faire voter quelqu'un qui vient tout juste de débarquer ici, est tout simplement un non-sens et un couteau à deux tranchants.
Ce référendum ou cette élection référendaire devra mettre fin à notre tolérance et à notre ouverture, à la limite insignifiantes.
Vivement les grands travaux !
Jacques Bergeron Répondre
15 août 2010On ne devrait pas oublier que Jacques Parizeau avait mis sur pied la «Commission sur l'avenir du Québec», seule stratégie à ce que je sache des indépendantistes. Que faisons-nous aujourd'hui? Quelle action, (ou quelles actions) stratégique proposons-nous pour faire avancer notre idéal?Quant à l'auteur de ce propos, tant comme président de la «Section ludger-Duvernay, qu'individuellement, depuis plusieurs années, il propose que nous mettions sur pied une «vaste consultation populaire» des Québécoises et des Québécois de «toutes les régions du Québec» afin, qu'ensemble, ils définissent le pays dans lequel ils veulent vivre, formidable(selon moi) outil de promotion de l'idéal que nous poursuivons.Cette proposition ne semble pas trouver d'adeptes parmi nos ami-e-s indépendantistes. Peut-être qu'ils (et elles) attendent que les partis politiques agissent,alors que c'est justement le contraire qui doit être vrai,prétendant que le peuple du Québec doit «seul» choisir sa destinée au-delà des partis politiques, avec l'aide des sociétés nationales, «SNQ» et «SSJB» et des autres groupes associatifs. Malheureusement il semble que nos sociétés nationales soient plus intéressées à vendre de l'assurance sur la vie de nos compatriotes plutôt que d'oeuvrer à leur survivance et au développement de notre peuple de langue française en terre des Amériques. Je termine ce propos, trop long peut-être,en soulignant que plusieurs de nos compatriotes sont prêts à oeuvrer dans le sens décrit ici.Il ne reste plus qu'à identifier l'organisme capable d'oeuvrer à l'organisation d'une première rencontre de toutes ces personnes.
Archives de Vigile Répondre
15 août 2010Bonjour Monsieur Le Hir,
Le premier message, celui du péquiste JC Pomerleau reflète-t-il votre pensée ? Le plan Marois va-t-il dans le sens de ce que vous dites ?
Michel Rolland
Archives de Vigile Répondre
15 août 2010Quelques années?
Notre situation est peut-être différente de celle des Slovaques mais je vous rappelle que les Tchèques et Slovaques ont divorcé en 3 mois.
L'Union Soviétique, 15 pays! Le divorce a pris moins de 2 ans!
Si on se met à négocier pendant des années avec Ottawa, on est foutu. Leur game va être de faire trainer les choses espérant qu'on va réélire un gouvernement fédéraliste
Archives de Vigile Répondre
14 août 2010Et quelles sont les actes que les citoyens doivent préparer.
Parler d'indépendance autour de soi et militer le temps des élections est une chose. Mais que doit faire le citoyen pour passer à la transition et aux barrages érigés en chicanes par les défenseurs du fédéralisme ?
Il y aura des sanctions punitives de la part du Canada.
Je doute que les individus québécois soient prêts à la résistance. Faute de préparation psychologique et de plans personnels, beaucoup ont préféré rejeter la souveraineté.
On ne pourra compter sur le gouvernement du Québec comme régime de providance s'il est lui-même soumis à des attaques en règles de la part du ROC.
Il faut donc que les militants souverainistes se préparent à la résilience planifiée de longue date afin d'être les noyaux d'une résistance. Sans quoi, le nouvel état indépendant risque de plier et de se faire bananiser par l'ensemble de l'Amérique anglosaxonne.
Je teste actuellement mes propres solutions.
Christian Montmarquette Répondre
14 août 2010Comme vous semblez tout comme moi apprécier le concret.
Nous donneriez-vous les détails et procédures de votre manière non partisane et citoyenne de faire l'indépendance.
Merci d'avance,
_______________________
Christian Montmarquette
Archives de Vigile Répondre
14 août 2010pas besoin d'aller loin, que le pq a fait très mal au parti au pouvoir. On n'a qu'à voir sur RDI comment les jeunes essaient de tourner le cynisme de Jean Charest contre Madame Marois et l'opposition toute entière.
Le pq est bien plus près que l'on pourrait se l'imaginer. Je vois mal un joueur d'échec dire à l'autre quelle pièce il jouera ?
Plus le pq se taira, plus le Parti au pouvoir se brisera de lui-même
rg
le militant
Jean-Claude Pomerleau Répondre
14 août 2010Merci M Le Hir pour cette contribution sur le thème de la stratégie visant la souveraineté. Elle est d'autant plus pertinente qu'elle vient d'un acteur politique qui était au première loge en 1995 et de surcroit qui a décidé de dire le fond de sa pensée (attendons nous à un échos dans la médiacratie fédéraliste).
Ce que vous évoquez c'est qu'il ne suffit pas de faire le choix démocratique de la souveraineté, il faut rendre ce changement de statut effectif (Géopolitique: principe d'effectivité).
Ce constat a le mérite de ramener le projet dans le champs du réel. Et nous aide à comprendre le changement de paradigme dans la stratégie visant la souveraineté que constitue le Plan Marois: Fini le référendisme, on prend le pouvoir et on incarne sa volonté politique dans l'État du Québec souverainement et immédiatement.
Ce changement de paradigme découle de 2 constats géopoltiques incontournables:
UN: Le choix démocratique de la souveraineté ne mène pas nécessairement à un changement de statut; cela dépend si le rapport de force est favorable au moment de passé à l'acte (et le contrôle effectif de notre territoire est un élément clé de ce rapport de force).
DEUX. L'État est le déterminant de la politique. C'est donc à partir de l'État que l'on bâti le rapport de force.
Le Plan Marois découle donc de ces 2 constats. Reste à savoir si la direction politique du plan sera à la hauteur.
JCPomerleau