Je le répète [M. Barberis-Gervais->28091], vous êtes teigneux.
Je me doutais que vous agissiez pour le compte de quelqu’un. Maintenant, vous venez de m’en donner la certitude. Vous me demandez où je m’en vais. C’est très simple, vers l’indépendance. Sans calcul, sans arrière pensée, sans visées électoralistes, droit au but. En revanche, on ne peut pas en dire autant de vous, ni de ceux que vous représentez. Je vous le répète, je n’ai rien contre Pauline Marois.
Cela dit, n’étant pas membre de PQ, ni d’aucun autre parti d’ailleurs, je ne me sens aucune obligation envers elle, ni envers qui que ce soit. Je constate cependant que pour que vous vous intéressiez autant à ma petite personne, c'est que je dois contrecarrer bien des desseins. Et moi qui m'imaginais naïvement que seuls les fédéralistes pourraient s'objecter à mes propos.
Mais, pour tout vous dire, je n’ai pas voté depuis le référendum, tant mon haut-le-coeur était total. Ni au provincial, ni au fédéral, sauf peut-être une fois dans ce dernier cas, et encore, je n’en suis même pas sûr.
Vous me citez Pierre Drouilly pour justifier Parizeau. Vous pourriez me citer le Pape ou Karl Marx que je n’en aurais rien à foutre. Mais puisque vous me citez Drouilly, pour la compétence duquel j’ai le plus grand respect, je vous reviens avec une phrase que vous citez vous-même : « Même si l’on peut estimer inopportune cette déclaration de Jacques Parizeau, car elle était sans doute inélégante dans la bouche d’un chef d’État de la part duquel on attend un discours rassembleur et non pas un discours vengeur, cette déclaration exprime néanmoins dans une formule saisissante une vérité incontournable. »
Le fait que ce soit vrai n’invalide d’aucune façon ce que je vous ai dit : « Si la région de Québec avait voté comme le reste du Québec francophone, l’indépendance serait chose faite. En blâmant plutôt les ethnies de la région de Montréal, nous avons discrédité notre option et perdu plusieurs années. »
Ça aussi, c’est incontournable. Il n’y a qu’à faire le compte des voix. Il était autrement plus raisonnable de s’attendre au vote des francophones que de s’imaginer que ceux à qui notre option faisait peur, tout aussi irrationnelle cette peur ait bien pu être, allaient voter en faveur de notre option.
Vous essayez ensuite d’établir un rapport entre moi et Guy Bertrand. Il n’y a en a jamais eu. Mais ce n’est pas parce qu’il n’a pas essayé. En fait, il a cherché à me convaincre de son argumentation sur l’illégalité de l’indépendance, qu’il a d’ailleurs plaidée en Cour suprême. Je lui ai répondu que l’indépendance n’était pas une question de légalité, mais de légitimité, comme l’avait d’ailleurs suggéré la Cour suprême dans le référé sur le rapatriement de la Constitution. Et dans sa décision sur le droit du Québec de faire sécession, la Cour suprême s’est trouvée à confirmer ma lecture de sa décision sur le rapatriement. Vous ne trouverez personne de plus éloigné que moi de Guy Bertrand. Et lui le sait très bien. Guy Bertrand cherchait à vendre ses services d’avocat. Il y est parvenu. Moi, j’ai écrit un ouvrage sur la légitimité, et quiconque a publié un essai politique au Québec sait que ce genre ne génère pas le même genre de recettes qu’un best-seller, et encore moins qu’un compte d’honoraires de Guy Bertand.
Lorsque vous me parlez du dézonage à l’Île-Bizard comme si j’étais familier avec ce dossier, vous vous mettez le doigt dans l’oeil jusqu’à l’omoplate. J’ignore tout de ces affaires-là. J’ignorais même que ce fût une affaire. Je ne connais pas M. Blanchet, ni ses affaires. Et vous vous méprenez également sur des liens que j’entretiendrais avec des hommes d’affaires fédéralistes ou juifs. J’ai trop des doigts d’une main pour compter les liens que j’entretiens avec qui que ce soit. Je ne suis ni fédéraliste ni juif, même si les circonstances de la vie m’ont amené, à une certaine époque, à entretenir des rapports avec les uns et les autres. En cela, je ne suis guère différent de bien du monde, et je ne ressens vraiment pas le besoin de m’en excuser.
Quant à l’argent, je n’en ai jamais parlé.
Comme je n’ai jamais parlé non plus du fait que mon ancien collègue au Conseil des ministres, Jean Campeau, était allé témoigner, au moment des représentations sur la sentence, en faveur(???) de la personne qui avait commis un abus de confiance contre le Secrétariat à la Restructuration, en adjugeant à des entreprises qu’il contrôlait la réalisation de certaines études dont je n’avais même jamais entendu parler. Les propos du juge Mercier à l’endroit de M. Campeau avaient été particulièrement cinglants. Évidemment, personne n’en a parlé, sauf les pages du Journal de Montréal consacrées aux nouvelles judiciaires.
Vous en voulez encore ?
Pour ma part, je ne m’intéresse qu’à une chose, et je n’ai qu’un seul objectif : l’indépendance. Et j'ai compris que je n'avais rien à attendre ni d'un parti, ni de Pauline Marois, pour y parvenir.
Quo vadis, Richard?
Ad independentiam !
C'est clair, net, et sans détour
Chronique de Richard Le Hir
Richard Le Hir673 articles
Avocat et conseiller en gestion, ministre délégué à la Restructuration dans le cabinet Parizeau (1994-95)
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2 commentaires
Michel Laurence Répondre
25 mai 2010Comme je sais que monsieur Frappier aime bien les locutions latines, je vous dirai et à Richard et à Robert : Audere est facere - Oser c’est faire !
« Politiquer est à l’action et au pouvoir citoyens ce que l’amputation des jambes est au marathonien. »
Et j'ajoute pour tous ceux qui continuent d'en parler comme d'un rêve ou un projet : « Le pays doit cesser d'être un rêve ou un projet pour devenir un OBJECTIF ! »
Michel Laurence
Archives de Vigile Répondre
25 mai 2010Le OUI a fait 53,2% à Charlesbourg, 54,5% dans Chauveau, 60,1% aux Chutes de la Chaudière, 48,1% dans Jean-Talon, 54,7% dans La Peltrie, 56,5% à Lévis , 51,9% à Limoilou , 53,1% dans Louis-Hébert , 57,6% dans Montmorency, 59,1% dans Taschereau et 55,1% dans Vanier
En tout, 254,876 Québécois ont voté OUI et 208,150 NON ; le OUI a donc fait 55% à Québec. Comme Québec comptait 2% d’anglophones et 3% allophones qui, comme ailleurs au Québec, ont voté NO WAY à 95%, le OUI a donc fait 58% dans la population francophone, soit à peu près la moyenne nationale. Ce 58% est d’autant plus héroïque qu’André Arthur, au sommet de sa gloire à l’époque, frappait sur le OUI trois heures par jour le matin et deux heures le midi et que Parizeau avait commis la gaffe de garantir les emplois aux fonctionnaires québécois d’Ottawa soulevant beaucoup d’inquiétude chez les fonctionnaires de Québec.
Alors d’où vient ce foutu mythe montréalais, si persistant 15 ans après ? D’abord de l’ancienne ville de Québec, formée des comtés de Jean-Talon, Limoilou et Taschereau, qui a voté OUI à seulement 53,2%, mais surtout de Jean-Talon, la Haute-ville de Québec, qui a voté NON à 52%. Mais Jean-Talon n’est pas plus Québec que le Plateau Mont-Royal, Montréal. C’est juste un quartier de la ville où réside une bonne partie de la minorité irlandaise de Québec, juste le quartier qui compte la population la plus âgée au Canada. Voilà pour l’explication du mythe.
Par contre, la région au sud de Québec a effectivement voté NON. Bellechasse a voté NON à 52,9%, Beauce-Nord 55,4%, Beauce-Sud 57,5%, Mégantic-Compton 52,7% et Montmagny-L’Islet 55,1%. Outre le conservatisme de la région, la présence de nombreux producteurs laitiers, inquiets de la perte de leurs quotas de lait, quotas qui valent des centaines de milliers de dollars par ferme, pourrait être l’explication de la victoire du NON. Mais ce ne sont pas ces 78 759 NON contre 65 925 OUI qui ont fait la différence au finish ! (1)
Et si les Montréalais se mettaient en fin à regarder du côté des francophones de l’Outaouais qui ont voté NON à 66% ? Dans Papineau le OUI des francophones a fait 40,9%, Gatineau 37,5%, Hull 35,5%, Chapleau 30,3% et Pontiac 23,4%. (2) Voilà pour le mythe montréalais que c’est à Québec qu’on a perdu le référendum...
Sources :
1) http://www.electionsquebec.qc.ca/fr...
2) http://www.pum.umontreal.ca/apqc/95...