Action démocratique du Québec - À la recherche d'un avenir

Quel avenir pour les tiers-partis

C'est fait. Mario Dumont a donné officiellement sa démission comme chef de l'Action démocratique. Il abandonnera son siège de député de Rivière-du-Loup le 6 mars. Orphelin de père, ce parti est maintenant à la recherche d'un nouveau chef et, encore plus important, à la recherche d'un avenir.
Son surnom a été longtemps «Super Mario». C'était une façon pour ses admirateurs de reconnaître à Mario Dumont un talent exceptionnel. Son parcours politique aussi l'a été, non pas tant pour les postes qu'il a occupés -- ils se résument à trois: président de la commission jeunesse du Parti libéral, chef de l'ADQ et chef de l'opposition officielle, que pour les idées qu'il a inscrites à l'ordre du jour politique au cours d'une carrière de quelque 18 années. Parmi plusieurs, notons sa défense vigoureuse de l'autonomie du Québec qui l'a amené à quitter le Parti libéral de Robert Bourassa et à défendre l'option du OUI au référendum de 1995, la promotion de la place du privé en santé et en éducation, la remise en cause du système de taxation et de l'interventionnisme de l'État et la dénonciation des accommodements raisonnables.
Ses idées, souvent, ont pu ne pas être bien articulées et appuyées sur le plan intellectuel, mais il les a toujours défendues avec courage. Il est sain qu'elles aient pu s'incarner dans un parti dont la légitimité ne peut être mise en doute. Son programme, identifié à la droite, a eu un écho, à certains moments très fort, au sein de l'électorat. Même si elle a subi le 8 décembre un sévère recul, l'ADQ demeure, avec près de 17 % des suffrages, un tiers parti important.
L'analyse des causes de cette défaite a été faite plus d'une fois avec lucidité par Mario Dumont. Celles-ci se trouvent dans le résultat inattendu de l'élection de 2007 où, forte de 41 sièges, l'ADQ est devenue l'opposition officielle. Mal préparée à ce rôle, sa députation n'a pas réussi à s'imposer à l'Assemblée nationale. Lui-même n'a pas su s'adapter à son rôle de chef de l'opposition officielle. Le parti a déçu ses électeurs, qui se sont abstenus en grand nombre le 8 décembre.
Le prochain rendez-vous électoral sera le moment de vérité suprême pour ce parti. Les problèmes à surmonter sont nombreux. Les coffres sont plus que vides. Il faut amasser des fonds pour maintenir une permanence digne de ce nom, organiser un congrès à la chefferie et affronter l'élection partielle qui aura lieu dans Rivière-du-Loup pour occuper le siège laissé vacant par le départ du chef. Il faudra revoir le programme pour éviter de se disperser dans des directions contradictoires, par exemple à la fois condamner l'interventionnisme de l'État et réclamer de la Caisse de dépôt de soutenir les entreprises québécoises. Il faudra reconstituer l'effectif laissé en jachère que le Parti libéral et le Parti québécois voudront lui ravir.
Aujourd'hui, tous se demandent si l'ADQ survivra au départ de son chef. Inévitablement, le parti se sentira orphelin pendant un certain temps. Ce sera encore plus vrai pour son aile parlementaire, réduite maintenant à six députés et laissée à elle-même. Elle aura par contre l'occasion de se faire valoir maintenant que Mario Dumont n'est plus là pour occuper tout l'espace. Le défi pour les militants adéquistes sera, après avoir laissé l'avenir de leur parti pendant si longtemps entre les mains d'un chef charismatique, de le prendre entre les leurs. C'est là qu'on verra si l'Action démocratique peut par la seule force de ses idées et de son programme réussir à s'imposer à nouveau.
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bdescoteaux@ledevoir.com


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