Post-mortem du post-mortem adéquiste

Quel avenir pour les tiers-partis



Le 8 décembre dernier, 700 000 personnes qui avaient voté pour l'ADQ en mars 2007 sont tout simplement restées chez elles, sans même être tentées de voter pour une autre formation politique. Pour toutes ces personnes et pour les 500 000 citoyens qui sont restés fidèles à l'ADQ, un post-mortem honnête s'impose et, en ce sens, une approche véritablement responsable ne doit pas se limiter à jeter le blâme sur Jean Charest pour sa décision d'aller en élections ou encore de faire porter l'odieux aux médias. Le message des électeurs requiert des dirigeants adéquistes une introspection rigoureuse, un examen de conscience sans complaisance.
Pourtant, malgré la sévérité du jugement électoral, il semble que le post-mortem de Drummondville n'ait porté que sur la campagne électorale, alors que c'est de la piètre performance de l'ADQ à titre d'opposition officielle dont il aurait fallu d'abord parler. En effet, l'ADQ a lamentablement échoué à s'acquitter du mandat qu'il lui avait été confié en mars 2007. Stratégie parlementaire inadéquate, erreurs de jugement, prises de position contraires à la philosophie du parti: tous les ingrédients de l'incohérence étaient réunis pour conduire le parti vers la défaite cuisante du 8 décembre dernier.
Si Mario Dumont a compris qu'il y était pour quelque chose en donnant sa démission, le nouvel exécutif intérimaire du parti ne semble pas juger bon de suivre son exemple. Ainsi, la toute première décision d'importance du nouveau président (par intérim), Mario Charpentier, quant au choix d'un directeur général du parti, n'a rien pour redonner confiance aux membres. En dépit de ses qualités, Simon-Pierre Diamond n'a ni les états de service ni la crédibilité pour accomplir l'énorme tâche qui s'impose. La reconstruction du parti, jusque-là sous la tutelle de Mario Dumont et de sa garde rapprochée, requiert d'être prise en charge par des gens compétents et expérimentés, et non quelques dociles «yes men». Quand donc l'ADQ comprendra-t-elle que pour être crédible et efficace, il lui faudrait professionnaliser ses rangs?
Triple prescription
Pour l'avenir de l'ADQ, il est essentiel que:
1) l'exécutif soit renouvelé le plus tôt possible au prochain Congrès des membres; 2) ce nouvel exécutif remette en question la nomination de Simon-Pierre Diamond; et 3) le parti procède à l'élection d'un nouveau chef dès cette année. Si l'idée de retarder la course à la chefferie est d'attendre le «messie» ou encore de donner le temps à une nouvelle garde rapprochée de l'exécutif du parti de «recentrer» le parti, autant oublier ça, être honnête avec les citoyens et mettre la clé dans la porte.
Étant de tempérament optimiste, j'ai confiance que les députés adéquistes sauront faire rayonner la vision et l'espoir d'un Québec réformé, autonome, fier et ouvert sur le monde. J'accorde aussi toute ma confiance au nouveau chef de cabinet, Jean Nobert, pour orchestrer de façon cohérente et harmonieuse tant l'activité parlementaire que la reconstruction du parti. J'espère par ailleurs que le PLQ et le PQ sauront respecter l'expression de la démocratie québécoise en reconnaissant officiellement l'ADQ à l'Assemblée nationale. Le Québec ne peut se passer d'une formation politique résolument de centre-droite économique, mais progressiste en matière sociale, car il existe toujours un marché pour les idées réformatrices et un changement profond dans la culture politique québécoise. Aux dirigeants de l'ADQ de s'en rendre compte avant qu'il ne soit trop tard.
Bref, il est grand temps de passer d'une culture du pathétique à la fierté, d'une culture de la victimisation à l'affirmation, de la dépendance à l'autonomie, de la revendication à la contribution, d'une culture de droits acquis à une culture de l'effort, du travail et du mérite. D'une culture où nos leaders politiques sont suffisamment fiers pour trouver indécent de quémander continuellement une plus grosse péréquation ou de plus gros transferts d'Ottawa. Il est temps que le Québec passe de l'adolescence à l'âge adulte, passe d'un peuple de gagne-petit à celui qui exporte sa créativité et son ingéniosité.
Enfin, que la course à la chefferie débute et que les aspirants se fassent connaître!
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Joanne Marcotte, Réalisatrice du documentaire [L'Illusion tranquille->rub354], la signataire de ce texte a été conseillère de Mario Dumont en 2006-07


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