Immigration: Le tabou du français

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Quand l'opportunisme économique est présenté comme la justification vertueuse du renoncement à notre identité culturelle

Il fut un temps où la “race” du Canadien - le Canadien français – reposait sur sa foi catholique et sur son héritage francophone. Des générations de Canadiens se définissaient ainsi. Le clergé catholique aidant, les familles de petits francophones étaient nombreuses, les bancs d’Église étaient remplis et la “race” survécut.
Aujourd’hui, bien malin celui qui prétendrait que les habitants du Québec s’affichent, se distinguent et défendent encore la religion catholique. Cette époque appartient au passé. Le patrimoine religieux se transforme en patrimoine culturel et si on est chanceux, abrite aujourd’hui des bibliothèques, des centres communautaires ou encore des coopératives d’habitation. Les “bonnes soeurs” sont maintenant des “vieilles bonnes soeurs” et très probablement la dernière génération d’exceptionnelles femmes qui ont fait de leur vie, une carrière dans la transmission de valeurs telles la rigueur, la discipline et le mérite du travail bien fait.
Qu’en est-il maintenant de la langue française, autre distinction héritée de la Nouvelle-France? De la même façon que le trait religieux s’est estompé graduellement de ce que d’aucuns appelleraient “l’identité collective”, le caractère francophone est-il sur le point de perdre en importance?
Si les élites religieuses d’antan étaient les grandes championnes de la défense de la foi catholique, qui défend aujourd’hui le caractère français au Québec? Et surtout, comment?
L’Église catholique a perdu son ascendance sur la population habitant le Québec dans un mouvement de révolution des moeurs et de contestation du pouvoir du clergé. La femme ne serait plus une usine à fabriquer des bébés, l’enfer n’était plus craint, et le voile sur l’hypocrisie des “gentils hommes d’Église” se levait, à la honte des croyants.
Est-on sur le point d’observer le même phénomène lorsqu’il s’agit de la crispation linguistique de certaines de nos têtes parlantes? Nos institutions d’enseignement sont-elles encore crédibles pour ce qui est d’assurer le bon usage du français parlé et écrit? Mieux encore, qu’en est-il des Office de la langue française, des Impératif français, et j’en passe? Pensez-y deux minutes. Vous croyez vraiment que les jeunes générations s’identifient et s’émeuvent devant les discours et surtout les excès de zèle de vos troupes?
Si la Révolution tranquille a été motivée en partie par une crispation de l’Église, peut-on imaginer les effets de la crispation des têtes parlantes folklorisées qui font la manchette dans la presse internationale? Et qui nous font honte?
Et oui, qu’en est-il des souverainistes pour qui le projet de pays est essentiellement lié à la survivance de la langue française, quitte à traiter de traître à la nation des gens qui ne trouvent rien de répréhensible au bilinguisme?
De la même façon que les Québécois ne se définissent plus aujourd’hui selon leur pratique religieuse, les livres d’histoire écriront-ils dans quelques décennies qu’ils ont donné leur 4% à tous ces porte-voix (hargneux et souffrant d’une profonde détestation de l’anglais avec une lettre minuscule et avec une lettre majuscule) qui défendent mal le fait français en Amérique et qui font honte? Je me le demande. Je me le demande sérieusement.
Enfin, dans sa chronique d’aujourd’hui, Lise Ravary pose une bonne question. Lorsqu’il s’agit d’immigration, quel facteur devrait primer? La maîtrise du français? Les “valeurs occidentales”, telles que l’égalité homme-femme, la liberté d’opinion, etc? La capacité d’injecter au Québec du nouveau capital humain, compétent et autonome?
J’irai plus loin. Peut-on s’interroger sur les effets d’une telle restriction (celle de la langue) sur la prospérité économique du Québec? Se peut-il qu’il y ait une relation entre nos obsessions et réglementations linguistiques et le retard relatif constant que le Québec maintient en terme de niveau de vie et sur notre difficulté à attirer des investissements privés?
Alors je serais vraiment curieuse que l’on pose la question lors d’un sondage aux Québécois? Selon vous, quel facteur devrait primer en matière d’accueil de nouveaux Québécois? La langue ou les “valeurs occidentales”, comme le souligne Lise Ravary? Enfin, vous croyez vraiment que le Parti québécois est l’instrument le plus crédible pour redéfinir une politique d’immigration? Personnellement, j’en doute beaucoup. C’est pourtant ce qui se passe. Présentement. Et c’est chapeauté par Diane de Courcy, la mère du projet de loi 14 qui durcit davantage la Loi 101.
Sérieusement, là. Vous lui faites confiance?


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