La bataille des Plaines - Une sage retraite

1759-2009 : la résistance

La bataille des plaines d'Abraham n'aura pas lieu, au propre comme au figuré. La Commission des champs de bataille a éliminé de son programme du 250e anniversaire de celle-ci les éléments festifs perçus comme une célébration de la défaite des troupes françaises et le début de la fin de la Nouvelle-France. Sage décision de sa part.
Cette journée du 13 septembre 1759 est une des grandes dates repères de l'histoire du Québec et du Canada. On la retrouve dans tous les manuels d'histoire et il n'y a guère de Québécois ne l'ont pas gravée dans leur mémoire. À une époque où l'on marque les anniversaires de toutes sortes, il y a lieu que l'on commémore celui-ci. Tout est dans la manière.
Certains anniversaires se prêtent à la fête, d'autres pas. Sûrement pas celui de ce 13 septembre. Avoir préparé, comme l'a fait la Commission des champs de bataille, un programme qui faisait place d'abord aux éléments festifs comme la reconstitution d'un bal masqué de l'époque et de la bataille elle-même manifestait certainement une absence de sensibilité à l'état d'âme des francophones québécois qui voient cette défaite pour ce qu'elle est, une défaite. Ce fut certes le début d'une autre époque, celle du Canada, mais une époque qui fut celle d'autres batailles pour la survie d'une langue et une culture françaises.
Le président de la Commission des champs de bataille, André Juneau, reprochait hier à ses détracteurs qu'il y avait eu «une perception erronée des intentions» des concepteurs du programme de commémoration de l'événement. Il est évident qu'en mettant l'accent sur un événement spectaculaire comme la reconstitution de la bataille, la Commission se trouvait à reléguer au second plan les éléments réflexifs ainsi occultés. Cette reconstitution était devenue l'événement touristique de l'année à Québec, ce qui correspondait bien à la mode de notre époque où tout est prétexte à festival.
Difficile de croire par ailleurs en l'absence de toute intention politique puisque le même M. Juneau écrivait dans son rapport annuel de 2007-08 que «les événements marquants qui se dérouleront en 2008 [100e anniversaire de la Commission] et 2009 [250e anniversaire de la bataille du 13 septembre] sur les plaines d'Abraham [...] constituent des occasions exceptionnelles et une opportunité [sic] unique et ponctuelle pour accroître la visibilité du gouvernement fédéral dans la ville de Québec».
La Commission des champs de bataille a accepté d'abandonner les deux éléments controversés de son programme. Tant mieux! Cette décision aurait dû être prise bien avant. Elle nous aurait évité des débordements verbaux inappropriés. La deuxième bataille des Plaines est terminée. Il ne sert à rien de vouloir la prolonger. Profitons plutôt des éléments qui demeurent au programme, et qui sont organisés en partenariat avec des institutions dont la crédibilité ne saurait être mise en doute, pour comprendre ce que fut et ce qu'entraîna cet événement du 13 septembre 1759.


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