Les Québécois ont refait leurs forces

Super-Juneau déclare : Protégeons les femmes et les enfants !!!

1759-2009 : la résistance

C’est la raison exposée par Super-Juneau pour justifier la modification du programme humoristique des Fêtes du 250e. En fait, c’est ainsi qu’il a présenté à l’opprobre populaire les méchants séparatisses qui encouragent la violence. Les plus vieux d’entre nous se rappelleront qu’il s’agit ici du « remake » d’un vieux film que les autorités fédérales et provinciales ont passé et repassé en faisant les mêmes liens insidieux entre le PQ et le FLQ du temps. La charge avait été tellement violente que René Lévesque en avait avalé sa cigarette.
Aujourd’hui c’est le retour des vierges offensées. Offensées par le langage sacralisé employé par ceux qui en ont assez d’être pris pour des caves. Or, des injures et de gros mots provenant des deux côtés de la barrière ont foisonné ces dernières semaines.
Fidèle à son habitude, Jean Charest a affirmé que cette controverse a terni l’image du Québec à l’étranger. Pour sa part, le prétendant au trône Ignatieff 1er a écrit que les Québécois n’ont pas été « totalement » perdants lors de la Conquête. La preuve, dit-il : On parle encore français au Québec… Après tout, il faut bien reconnaître, que Champlain est le fondateur du Canada et la Guéguerre actuelle sa descendante en droite ligne… ;o)
Il est vrai que cela a gueulé pas mal fort et en français depuis quelques semaines. En fait, ça gueule encore plus fort, mais en anglais, depuis que les souverainistes ont remporté cette rapide victoire sur les Plaines. Cela reflète la nouvelle dynamique qui s’installe dans le merveilleux monde de la politique, particulièrement depuis la reconnaissance, forcée par le Bloc québécois, de la nation québécoise, plus de vingt-cinq ans après l’adoption de la Constitution de 1982 qui a officialisé le rejet définitif du Québec par le ROC.
On peut aussi établir un lien avec le référendum de 1995, volé pour cause de non-respect de la Loi, l’État fédéral ne pouvant être subordonné à une loi « provinciale ». Comme toujours au Canada, c’est business as usual, confirmant ainsi que les Québécois sont une quantité négligeable dans l’évolution d'un pays que l’on présente comme étant profondément « uni ».
Lorsque l’on rappelle ces incongruités qui ne datent pourtant pas de 250 ans, on se fait répondre que c’est du passé. Cela justifie largement les fédéralistes colonisés (ils ne le sont pas tous) à répéter ad nauseam le leitmotiv : C’est du passé! Pourquoi donc revenir sur le passé?
Comme si le passé n’influait pas sur le présent !
Devant les débordements appréhendés par rapport à cette gaffe monumentale qu’est la reconstitution de la Bataille des Plaines, les fédés ont rapidement mis en place un processus de «damage control».
Se sont alors présentés les bien-pensants pour se plaindre du ton belliqueux employé par certains souverainistes. Josée-la-poupée Verner, James-Patrimoine Moore, Jean-John-James Charest, l’ineffable Monsieur Juneau et même Madame Bombardier (oups, je crois bien que je viens d’employer un mot violent, là!) vomissent leur colère ou leur haine et font porter le chapeau de la violence au Parti québécois et au Bloc québécois. Et tous, de reprendre en chœur le refrain suivant : Les souverainistes sont des gueulards émotifs. Ce sont des brutes qui intimident les femmes et les enfants qu’il faut protéger; ce que Super-Juneau s'est empressé de faire en écartant les maudits séparatisses du champ de bataille.
Hélas, l’amnésie sélective dont est affublé le bon peuple fait que l’Histoire est un éternel recommencement. C’est le cas des Québécois qui loin d’être violents sont plutôt considérés comme de la bonne pâte que modèlent allègrement les prétendus détenteurs de la vérité historique en ce pays qui n’est pas encore nôtre.
Or, cette fois, la bonne pâte n’a pas levé dans le sens anticipé par les politiciens fédéralistes encore grisés par le succès des chiffons rouges du 400e. Préparons-nous à entendre à satiété le contenu des discours livrés par quelques Bonhommes Sept heures : Les intimidateurs souverainistes sont des terroristes en puissance, tonneront-ils du haut de leur chaire, pardon, de la tribune politique. Après tout, cela préparerait bien une nouvelle campagne électorale qui porterait encore une fois sur les méchants séparatisses, peut-être même des terrorisses potentiels qui refusent de jouer le jeu démocratique.
Beau programme en perspective !
Or, non contents d’avoir détourné le sens des Fêtes du 400e de la fondation du Canada (hum!), cette fois-ci, les fédéralistes ambitionnaient de détourner les conséquences de la défaite. À cet égard, admirez la nouvelle image prônée pour favoriser l’unité canadienne : La poignée de main entre le descendant de Montcalm et celui de Wolfe qui s’apprêtaient à danser le rigodon dans un bal masqué.
Juneau et sa clique ont préparé une série d’activités où le bon peuple en liesse aurait versé une larme de reconnaissance devant cette autre révision historique. Surtout que Juneau avait concocté une fin heureuse du genre : ils vécurent ensemble, en toute égalité, unis, et partageant les mêmes Rocheuses.
Or, ce n’est pas comme cela que cela se passe dans la vraie vie.
Les intimidations quasi feutrées (les conquérants n’ont pas besoin de gueuler pour se faire entendre) n’ont pas manqué d’apparaître tout au long de l’histoire récente: La Constitution de 1982 non signée et passée à travers la gorge des Québécois; le mépris ouvertement exprimé de Harpeur envers les séparatisses du Bloc qu’il refuse de consulter au même titre que les autres partis d’Opposition; la prétendue reconnaissance de la nation québécoise conditionnelle à son inclusion dans un Canada uni; la non-application de la Loi 101 pour les employés du gouvernement fédéral œuvrant en territoire québécois; l’insensibilité totale du ROC vis-à-vis la culture québécoise et j’en passe…
L'expression du mépris des conquérants et de leurs alliés québécois complètement assimilés n'a plus de limite. Il est plus que temps que nous cessions d’adopter cette vilaine attitude qui est celle de faire l’autruche. Heureusement que depuis la courte défaite de 1995, les Québécois ont refait leurs forces et les dos courbés par la fatigue, conséquence d’un combat à finir, recommencent à se redresser.
Ce n’est qu’un début.
Regardez-nous bien aller !
Serge Longval,
Longueuil


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