(Québec) Le gouvernement Charest doit éviter de s'acharner et mettre rapidement au rancart son idée d'introduire une franchise en santé. Le milieu de la santé, mais aussi les politiciens, ont mieux à faire que de mener un débat et de chercher des modalités d'application d'une franchise qui n'améliorera en rien la performance du réseau et dont le bienfait sur les finances publiques est loin d'être assuré.
Ce n'est pas un manque de courage politique que de reculer sur cette mesure proposée dans le dernier budget du Québec. Plutôt une occasion pour le gouvernement libéral de montrer qu'il peut être à l'écoute de la population et des professionnels de la santé, et qu'il sait compter.
À première vue, l'idée d'introduire une franchise peut paraître séduisante dans un contexte où le Québec doit renflouer ses coffres d'ici 2013-2014. Le ministre Raymond Bachand prévoit qu'il pourrait en tirer 500 millions $ par année. Certains pensent également qu'une franchise inciterait les gens à cesser «d'abuser» des services de santé, freinant ainsi la pression à la hausse sur les coûts du système.
Il est loin d'être garanti que ces effets escomptés seraient au rendez-vous. Si des comptables et des économistes y croient, les professionnels et les spécialistes de la santé ont une tout autre lecture. C'est l'avis de ces derniers qui doit guider le gouvernement.
Après la Fédération des médecins omnipraticiens, les doyens des facultés de médecine, les Médecins québécois pour le régime public, le Collège québécois des médecins de famille, la Fédération des médecins résidents, l'Association des médecins de CLSC, la Fédération étudiante médicale du Québec, la Fédération des médecins spécialistes et le Collège des médecins, voilà que le commissaire à la santé et au bien-être rejette à son tour la franchise santé.
Selon son président, Robert Salois, sur 200 experts consultés, aucun n'a mentionné le ticket modérateur ou orienteur comme un moyen d'améliorer le système de santé. Le commissaire signale de plus qu'une franchise peut engendrer des coûts supplémentaires en augmentant le nombre et la durée des hospitalisations.
À part de ménager l'ego des ministres Bachand et Yves Bolduc, on voit mal pourquoi Québec engagerait un dialogue sur une possible franchise. Les professionnels de la santé n'y voient que des effets indésirables. Interrogée par sondage, la population a également indiqué sa forte réprobation à son implantation.
Le ministre des Finances a indiqué que les 500 millions $ attendus de la franchise pourraient provenir de gains de productivité ou de deniers d'Ottawa. Voilà des voies plus porteuses à explorer.
La mobilisation des forces doit servir à améliorer les services de première ligne, à mieux les adapter aux malades chroniques, à faire de la prévention, à accélérer l'informatisation du réseau, à favoriser la concertation entre les professionnels de la santé, et non à défendre ou à pourfendre une franchise.
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