Comme ils contribuent déjà au Fonds des services de santé (FSS), des retraités et des travailleurs autonomes se demandent s'ils devront également verser la nouvelle contribution santé de 200$ que le gouvernement Charest vient d'annoncer dans le cadre de son nouveau budget.
Eh oui! à l'instar de tous les contribuables, ils seront eux aussi assujettis à ce nouvel impôt-santé, qui, selon les projections du ministre des Finances Raymond Bachand, devrait rapporter environ 1 milliard de dollars à partir de l'année 2012.
Et qui plus est, nos retraités et travailleurs autonomes qui contribuent au FSS (sur la portion des revenus dépassant les premiers 13 075$) devront eux aussi débourser pour le nouveau ticket modérateur de 25$ la visite médicale, poétiquement appelé «franchise santé», que le gouvernement Charest souhaite introduire d'ici 2012.
Le ticket en question devrait rapporter plus de 500 millions de dollars par année.
Selon les statistiques fiscales du gouvernement du Québec, il y a annuellement 1,1 million de contribuables (majoritairement des retraités et des travailleurs autonomes) qui doivent verser des contributions au FSS. On parle ici d'une ponction annuelle de l'ordre de 180 millions de dollars, juste à titre de contribution directe au financement des services de santé de la province.
Une parenthèse: concernant les gens qui gagnent un revenu d'emploi, ce sont leurs employeurs qui versent la contribution au Fonds des services de santé. Cette contribution (variant de 2,7% à 4,26% de leur masse salariale) va représenter en 2010 une «ponction santé» de 5,6 milliards de dollars pour les employeurs québécois.
Le cancer
À la décharge du gouvernement Charest, notre système de santé coûte excessivement cher. Le ministère de la Santé et des Services sociaux représente à lui seul 45% de toutes les dépenses des ministères. Il s'agit d'une méchante augmentation de coûts par rapport à 1980. À cette époque, la «santé» accaparait 31% des dépenses des programmes du gouvernement du Québec. Et la croissance des dépenses gouvernementales allouées à la santé va empirer au fil des années.
«Si rien n'est fait pour changer cette dynamique, indique-t-on dans les documents budgétaires du ministre Bachand, elles (les dépenses de santé) pourraient représenter deux tiers (66,7%) des dépenses des programmes d'ici 20 ans, alors que nous ferons face à un accroissement sans précédent de la demande en soins de santé en raison des changements démographiques.»
En chiffres concrets, le gouvernement du Québec a consacré l'an passé 27 milliards à la santé publique. C'est 10 milliards de plus que la somme investie huit ans plus tôt, dans le budget de l'année financière 2001-2002.
Avec le train de mesures financières qu'il entend introduire au cours des trois prochaines années, le ministère des Finances prévoit limiter l'augmentation de la contribution gouvernementale à 4 milliards de plus, soit à 31 milliards pour l'année financière de 2013-2014.
Comme débours pour le gouvernement, cela représente donc une hausse totale de 15,2% sur quatre ans. Mais attention, on ne fait allusion ici qu'à la portion de notre système de santé publique assumée par le gouvernement du Québec, à même les recettes qu'il tire des impôts, des contributions au Fonds des services de santé et des contributions du gouvernement fédéral
La pilule du Dr Bachand
Selon les prévisions élaborées par l'équipe du ministre Raymond Bachand, le total des dépenses de notre système public de santé va s'élever, en 2013-2014, à 38,1 milliards de dollars.
Alors que le gouvernement épongera 31 milliards, ce sont par le fait même les usagers qui épongeront le reste de la facture, soit 7 milliards.
Comment? Tout simplement par l'entremise de la panoplie de frais médicaux déjà existants, plus évidemment la nouvelle contribution-santé de 200$, et plus le ticket modérateur de 25$ la visite médicale.
Concernant ces dépenses de 7 milliards à être assumées par les usagers, elles représentent à elles seules une augmentation de presque 55% par rapport au montant des dépenses «santé» assumées par les usagers en 2009.
Avec la nouvelle médecine à la Bachand, on troque ainsi la «liberté 55» pour la «pilule 55».
La structurite
Le Comité consultatif sur l'économie et les finances publiques a indiqué au ministre Bachand que notre système de santé avait un sérieux problème de structures: une structure centrale répartie en sept directions et 20 unités administratives; plus, une structure en région avec 15 agences de la santé et des services sociaux, trois organisations régionales et 95 centres de santé et de services sociaux.
Résultat? Non seulement cette double structure entraîne une dépense superflue de 600 millions de dollars par année, mais, en plus, elle est lourde et remplie de chevauchements.
Autre grave anomalie dans notre système de santé: 81% des médecins de famille fonctionnent encore à la mitaine avec des dossiers médicaux en version papier.
Au Danemark, un pays de seulement 5,5 millions d'habitants, l'informatisation des cabinets de médecins permet à leur système public de santé d'économiser plus de 1 milliard de dollars par année.
Comme pilule financière, un petit ordinateur avec ça!
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