Faut être « riche » pour acheter une maison en 2023

290f83cb9a8a50874699f4f3721f3f2f

Les classes moyenne et pauvre détroussées par les mondialistes

La ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, lors d’une allocution, début juin, à Québec, au 50e congrès du Regroupement des offices d’habi­tation du Québec. Mme Duranceau a suggéré il y a quelque temps aux locataires mécontents de tout simplement devenir propriétaires, une déclaration qui a créé des remous. PHOTO TIRÉE DE TWITTER, @FEDURANCEAUCAQ





MISE À JOUR 


Acquérir une propriété est devenu extrêmement difficile alors que l’abordabilité du marché immobilier résidentiel s’est grandement détériorée au cours des quatre dernières années. 


Dans le grand Montréal, le revenu du ménage requis (seuil d’admissibilité) pour acheter une propriété type dont le prix est maintenant de 500 000 $ s’élevait à 120 523 $ lors du premier trimestre de 2023. 


C’est le double du revenu annuel qui était nécessaire pour mettre le grappin sur la même propriété type lors du deuxième trimestre de 2019. Il y a quatre ans, le seuil d’admissibilité était de 60 026 $. Cela vous permettait de devenir propriétaire de ladite propriété type dont le prix à l’époque gravitait autour de 346 000 $.  


Ainsi, à la lumière des données compilées par la Banque Nationale Marchés financiers, pendant que le prix de la propriété type dans la région métropolitaine de Montréal bondissait de quelque 44,5 %, le revenu brut du ménage qui est nécessaire pour l’acheter, lui, explosait de 100 %. 


Le problème ? Durant cette même période de quatre ans, le salaire médian dans la région montréalaise est passé de 62 962 $ à 78 495 $, pour une augmentation de 24,7 %. 


Comme on peut le constater, l’augmentation des salaires n’a pas suivi la flambée des prix du marché immobilier résidentiel et la forte hausse des paiements hypothécaires qu’elle a entraînée.


Un problème généralisé


Selon le « Suivi de l’abordabilité du logement » effectué par les économistes de la Banque Nationale Marchés financiers entre le deuxième trimestre de 2019 et le premier trimestre de 2023, la détérioration massive de l’accessibilité à la propriété est généralisée dans les 10 grandes régions métropolitaines du Canada.  


Cela dit, quand on se compare, on peut se consoler ! 


En effet, en dépit du fait que le seuil du revenu requis pour accéder à la propriété ait doublé, la région de Montréal demeure tout de même le quatrième marché le plus abordable parmi les 10 grands marchés urbains au pays. 


En tête de liste, on retrouve le marché de l’agglomération de Québec. Avec un revenu annuel (seuil d’admissibilité) de 84 802 $, il est possible d’acheter la propriété type dont la valeur s’élève présentement à 351 789 $. 


Remarquez que l’accessibilité a quand même été considérablement réduite même dans ce marché urbain qualifié de plus abordable au pays. En 2019, il suffisait de gagner un revenu de 49 446 $ pour mettre la main sur la propriété type évaluée à 284 950 $. 


Aujourd’hui, ça prend un revenu 72 % plus élevé qu’en 2019. Pendant ce temps-là, le salaire médian dans la région de Québec augmentait de 3,5 % ! 


Montréal versus Québec


Avec une mise de fonds de 5 % (17 589 $), le paiement hypothécaire mensuel pour acheter la propriété type de 351 789 $ de la région de Québec s’élève à environ 1960 $, à comparer à une mensualité hypothécaire de 1319 $ en 2019, en hausse ainsi de 48,6 % en quatre ans. 


Dans la région métropolitaine de Montréal, il en coûte aujourd’hui 2786 $ par mois en hypothèque pour la propriété type de 500 000 $, avec une mise de fonds de 25 000 $. En 2019, il suffisait de débourser mensuellement 1601 $ pour couvrir le coût hypothécaire de la même propriété type. Aujourd’hui, le paiement mensuel d’une hypothèque d’un terme de 5 ans amortie sur 25 ans est donc 74 % plus élevé qu’en 2019.  


Alors que le paiement hypothécaire gruge 30,2 % du salaire médian dans la région de Québec, il siphonne 42,6 % du salaire médian dans la région métropolitaine de Montréal. 


Je vous rappelle que la norme « maximale » du paiement hypothécaire pour accéder à la propriété ne devrait pas dépasser 32 % du revenu avant impôt du ménage ! 


Il ne faut pas oublier que plusieurs autres dépenses s’ajoutent lorsqu’on est propriétaire : les taxes municipales, les taxes scolaires, les frais d’entretien, l’assurance habitation, les frais de rénovation, etc. 


Gatineau-Ottawa


Accéder à la propriété dans la région urbaine d’Ottawa-Gatineau est beaucoup plus difficile que dans l’agglomération montréalaise. 


À un coût d’acquisition de 640 000 $, la résidence type de l’agglomération de la capitale fédérale nécessite un revenu de 152 640 $ pour y accéder, soit 56 % de plus que le salaire médian dans cette région urbaine. Et pourtant, c’est dans cette région que le salaire médian est le plus élevé au pays, soit 97 894 $. 


Le seuil d’admissibilité pour acquérir aujourd’hui une propriété dans cette dynamique agglomération de la capitale fédérale est 116 % plus élevé qu’il y a quatre ans. 


Les pires 


Sans surprise, ce sont les propriétés dans les régions urbaines de Victoria, Toronto et Vancouver qui sont financièrement les moins accessibles au pays alors que les paiements hypothécaires mensuels oscillent entre 5600 $ et 6600 $. 


Sur une base annuelle, on parle ici d’un coût hypothécaire allant de 67 200 $ à 79 200 $. C’est fou braque quand on sait que le salaire médian dans ces trois régions urbaines se situe entre 81 000 $ et 92 000 $.


La ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, lors d’une allocution, début juin, à Québec, au 50e congrès du Regroupement des offices d’habi­tation du Québec. Mme Duranceau a suggéré il y a quelque temps aux locataires mécontents de tout simplement devenir propriétaires, une déclaration qui a créé des remous.