CONSTITUTION "PROVINCIALE" POUR LE QUÉBEC

Un recul ?

Constitution québécoise

Veuillez prendre connaissance des textes ci-dessous et ci-contre (que nous transmet un membre du CA du FFI-Québec) en vous souvenant que, depuis la promulgation de la Loi 101 (1977), l'entreprise de bilinguisation du Québec ne cesse de s'intensifier.
Souvenez-vous également que, dans le contexte nord-américain, Québec bilingue signifie Québec de langue anglaise (c'est déjà fait en partie à Montréal), à plus ou moins brève échéance. Pendant combien de temps encore nos petites villes de province et nos campagnes nous protégeront-elles de cette calamité?

Gaston Laurion

Secr. gén. FFI-Québec
Réponse de Daniel Turp
Cher monsieur Laurion,

Je vous remercie pour l'envoi de ce votre courriel et la transmission du courriel de Louis Larochelle qui ne m'était pas encore parvenu.

J'apprécie l'intérêt de M. Smith pour une Constitution du Québec et c'est la raison pour laquelle j'ai accepté de le rencontrer.

Je ne partage pas l'ensemble des vues de celui-ci sur le contenu de cette constitution, et notamment de la question d'une éventuelle extension des droits linguistiques des anglophones du Québec et de la bilinguisation des écoles. Je compte bien lui faire part de mes vues sur cette question lors de la rencontre.

Je suis ouvert à tout débat sur le projet de Constitution du Québec et apprécierai tout commentaire sur le contenu du projet de loi no 191 dont je joins une copie à la présente. Je compte poursuivre par ailleurs le travail sur un projet de Constitution nationale d'un Québec souverain dans les prochains mois et vos commentaires sur le contenu d'un tel projet seraient également grandement appréciés.

Salutations cordiales,

Le député de Mercier,

Daniel Turp
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Texte de Louis La Rochelle
Cher militants, Cher Daniel,

Dans son dernier "mot du député" du 3 juillet (pièce jointe), Daniel Turp signale l'intérêt que suscite son projet de constitution québécoise en indiquant qu'il recevra jeudi prochain ( le 5 juillet) M. Richard Smith, ancien directeur d'Alliance-Québec, qui souhaite l'adoption d'une constitution du Québec, dans son statut provincial actuel, tel que mentionné dans un article qu'il a cosigné le [6 octobre 2004 dans The Suburban->7544] et que je résume ici.

Dans cet article, les auteurs souhaitent que la nouvelle constitution du Québec établisse un nouveau "contrat social linguistique holistique" afin de "constitutionnaliser" les droits linguistiques des anglophones à la lumière de la section 23 de la Charte canadienne des droits. Tout en maintenant le système scolaire anglophone au Québec, cette constitution québécoise pourrait transformer le système scolaire francophone en un système scolaire bilingue afin de créer une "identité québécoise réellement commune" aux francophones et aux anglophones, ce qui éviterait le recours aux tribunaux pour "redresser" les droits des anglophones.

Il s'agit donc d'utiliser le projet d'une constitution provinciale québécoise afin de consolider les droits des anglophones, tout en bilinguisant les écoles francophones, afin de créer une identité québécoise bilingue.

Cela contraste avec le Québec que nous voulons où la langue française serait la langue commune de tous les Québécois et où le systéme scolaire francophone pour tous (avec un enseignement raisonnable de la langue anglaise) permettrait de mieux intégrer les anglophones à la société francophone.

Depuis plusieurs années, le député de Mercier a fait progresser les réflexions sur la constitution d'un Québec souverain.

Dans le contexte politique actuel où la souveraineté pourrait attendre 2 ou 3 mandats d'un éventuel gouvernement péquiste selon Pauline Marois, il semble que l'initiative constitutionnelle du député de Mercier change radicalement de nature. Au lieu re représenter une offensive progressiste visant à accroître les droits du Québec, ce nouveau type de débat constitutionnel ferait plutôt régresser le Québec, car il soulèvera toutes les questions permettant de mieux intégrer la "province de Québec" au sein du Canada, et cela de façon plus confortable avec la petite rhétorique autonomiste, tout en donnant aux anglophones et aux fédéralistes l'occasion de faire valoir leurs propres combats contre nous les souverainistes pour consolider leur emprise au Québec dans le cadre du Canada.

Tant que l'agenda de l'indépendance sera repoussé (sine die ?), il me semble que pour les indépendantistes, tout débat sur une constitution québécoise devrait porter sur la constitution d'un Québec indépendant.

Par contre, il me semble que tout débat, portant sur une constitution québécoise, à la fois autonomisante et fédéralisante, ne sera qu'une occasion offerte aux forces fédéralistes afin de combattre les positions francophones et souverainistes du Québec que nous voulons.

Qu'en pensez-vous ?

Cette question pourrait faire l'objet de débats entre nous ainsi qu'avec Daniel Turp.

L'été sera une bonne occasion d'y réfléchir et d'y échanger.

Merci de votre participation à ce débat fondamental.

Louis La Rochelle


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    7 juillet 2007

    Il devient de plus en plus évident que les « Canadiens anglais, irlandais, écossais et leurs descendants (environ 300 000 selon N. Lester) qui habitent le Québec depuis la conquête » s'organisent et tentent de faire alliance avec nous. Ils n'ont pas changé; c'est la situation qui a changé. Ils s'organisent contre qui? Poser la question, c'est y répondre. Ils sont dans une mauvaise situation; ils ont perdu du terrain ces derniers mois. Charest ne disait-il pas lui-même que le PLQ entrait en période de réflexion? De quelle réflexion s'agit-il? Serait-ce une tentative de revenir chercher les bons « de souche » ouverts, tolérants et surtout, surtout très très progressistes, et les Canadiens français qu''il a perdu le 26 mars dernier? Et voilà-t-il pas que nous devenons intéressants maintenant. Je ne mangerai pas de ce pain, croyez-moi.

    Soyons prudents avec toute alliance. Ni les immigrants pour la plupart, ni les communautés culturelles et encore moins « les parlants anglais de toutes origines » ne nous serons reconnaissants de toute alliance que nous pourrions faire avec eux. Ils nous lanceront par-dessus bord à la première occasion lorsqu'ils auront repris l'assurance qu'ils ont perdu depuis Hérouxville et le 26 mars.

    Alors, ce M. Smith est à surveiller avec sa nouvelle idée!!!! d'enchâsser dans une constition québécoise, le bilinguisme et par la suite qu'ils confondront volontairement avec la canadienne. Méfiez-vous de la perfide Albion. C'est demander au renard de garder les poules. C'est là mon opinion.

  • Archives de Vigile Répondre

    4 juillet 2007

    Je ne peux qu'être d'accord et penser que toute bilinguisation de la société québécoise signifiera ni plus ni moins que son anglicisation à moyen ou long terme. Au minimum, elle confortera la minorité anglophone dans son refus de s'adapter à la majorité. Son refus, en somme, d'accepter sa situation minoritaire.
    Je travaille depuis quelques années dans une école bilingue de Montréal, l'école artistique FACE. Et je constate avec peine que la "bilinguisation" des élèves se fait beaucoup plus dans un sens que dans l'autre, alors que les petits anglophones négligent leurs leçons de français et les oublient carrément lorsque de retour à la maison ou dans leurs quartiers. Hormis pour les quelques anglophones inscrits du côté français (merci à leurs parents !), dans la cours d'école, cela signifie que les amitiés translinguistiques doivent se nouer en anglais. Sinon, les groupes d'amis demeurent séparés par la frontière linguistique.
    (D'ailleurs, j'attends encore de voir un seul élève redoubler une année ou même couler une "French class" parce qu'il ou elle ne sait toujours pas répondre à une question simple en français, même lorsqu'ils atteignent la fin du secondaire. Ce qui démontre le peu de sérieux que l'administration et les professeurs portent à cette question.)
    Par ailleurs, la question ne concerne pas la simple maîtrise de notre langue par la minorité anglophone.
    Combien d'anglophones ont dû acquérir un working knowledge du français depuis l'adoption de la loi 101, mais continuent tout de même de ne porter aucun intérêt à la culture québécoise francophone dans leur vie de tous les jours ?
    Pour un nombre important de ces Quebekers - je croirais pour une majorité - l'espace qui s'étend entre les Westmount/West-Island et Toronto ou New-York demeure un trou noir inintéressant, qui ne les concerne que lorsque plane la "menace" d'un référendum.
    Leur serait-il si pénible, une fois de temps en temps, de choisir un journal francophone au lieu de The Gazette ? De regarder Radio Canada ? D'aller voir un de ces films québécois qui, pourtant, gagnent des prix partout dans le monde ? Cela leur permettrait peut-être d'apprendre à connaître ces millions de personnes qui les entourent. En attendant, tant que ce n'est pas repris et traduit par The Gazette ou CJAD, ça n'existe tout simplement pas.
    Une constitution québécoise devrait viser à rallier les différentes minorités - ce qui veut aussi dire les anglophones - à un projet commun de société, plutôt que d'encourager une quelconque d'entre elles à faire valoir ses particularismes à la majorité. Surtout lorsque l'on constate que cette minorité ne fait elle-même que le strict minimum en termes d'efforts d'intégration culturelle.

  • Lionel Lemay Répondre

    4 juillet 2007


    Je suis d'accord avec Monsieur La Rochelle. Une constitution québécoise qui permettrait de perpétuer la minorisation du français au Québec est inacceptable. Il ne faut pas permettre au Canada anglais de faire progresser l'oeuvre de Lord Durham mise en chantier par l'Acte d'Union de 1840.
    Pourquoi le Québec donnerait-il plus de droits aux anglo-canadians que ceux-ci accordent aux canadiens-français des autres provinces. Réveillons-nous bandes de caves!
    L'article 1 du Chapitre 1 du projet de constitution original de M. Turp stipule que le Québec est un pays souverain et indépendant. On ne peut pas être indépendant et permettre aux anglo-saxons de continuer à nous coloniser.