De Taché à Dumont

Si l'adoption d'une constitution québécoise pourrait avoir un effet mobilisateur, il ne faut pas négliger le risque qu'au contraire, elle exacerbe les tensions.

Pratte - un chaud fédéraliste, mais un Québécois frileux...

Le chef de l'opposition officielle, Mario Dumont, a relancé la semaine dernière son idée de constitution québécoise. Selon M. Dumont, un tel document, exprimant nos valeurs communes, pourrait avoir un effet similaire sur la psychologie des Québécois que celui qu'a produit la loi 101. Le leader adéquiste voit aussi dans l'adoption d'une constitution une façon de baliser les accommodements consentis aux minorités religieuses.


Il y a quelques mois, nous qualifiions ce projet de «solution déraisonnable». C'était rejeter trop vite une idée qui mérite d'être étudiée. Peut-être correspond-elle à une volonté des Québécois d'affirmer solennellement leur personnalité et leurs valeurs propres. Toutefois, nous restons convaincus qu'une constitution québécoise ne saurait avoir les effets curatifs que lui prêtent ses partisans.
Le projet n'est pas nouveau. On en retrouve trace aussi loin que dans les écrits du politicien Joseph-Charles Taché qui, en 1858, soutenait que dans une future fédération des colonies anglaises d'Amérique, chaque province devrait avoir une «constitution autonome». Un siècle plus tard, à l'époque du gouvernement Lesage, un comité de députés s'est longuement penché sur la question.
De nos jours, les trois partis présents à l'Assemblée nationale s'intéressent au concept. Le ministre des Affaires intergouvernementales, Benoît Pelletier, l'a souvent évoqué. Le député péquiste, Daniel Turp, l'a formalisé dans un projet de loi.
Certains croient qu'en s'affirmant comme «nation» dans sa propre constitution, le peuple québécois s'éviterait d'avoir à quêter une reconnaissance auprès du reste du pays. Rien n'est moins sûr. Les Québécois n'ont pas besoin de se dire à eux-mêmes ce qu'ils sont. C'est bel et bien des Canadiens-anglais qu'ils attendent une acceptation de leur différence, non seulement dans les «love-in» et les discours, mais enchâssé au coeur du document fondateur du pays.
Pour ce qui est des accommodements raisonnables, on voit mal ce que changerait l'adoption d'une constitution québécoise. En matière de droits fondamentaux, en effet, cette constitution ne ferait que reprendre le texte de la Charte des droits et libertés de la personne. Or, les incidents qui ont soulevé la controverse portent justement sur l'application au quotidien des droits et protections exprimés par la Charte. Aucun texte constitutionnel ne pourra régir la recette de fèves au lard des cabanes à sucre.
Si l'adoption d'une constitution québécoise pourrait avoir un effet mobilisateur, il ne faut pas négliger le risque qu'au contraire, elle exacerbe les tensions. En notre époque de groupes d'intérêts multiples et de médiatisation extrême, il serait naïf d'espérer que la rédaction d'un tel document se fasse sans débats vigoureux, voire explosifs.
Pendant que de part et d'autre du Salon bleu, on réfléchit à cette question, on ferait bien de méditer ces propos de Joseph-Charles Taché, écrits il y a 149 ans: «Chercher le bonheur exclusivement dans la facture des constitutions, c'est comme demander la chaleur à la forme de nos habits sans s'occuper de la nature et de la qualité des étoffes dont ils sont faits.»
apratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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