Le Bloc cohérent

"Quitter Kandahar" ou quitter l'Afghanistan ?


Le ministre des Travaux publics, [Michael Fortier, a accusé le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe->8464], de chercher à se faire du capital politique aux dépens des soldats québécois morts en Afghanistan. «On dirait que les vies québécoises, pour M. Duceppe, sont plus importantes que des vies ailleurs au Canada, a déclaré M. Fortier samedi. Ça, ce n'est pas le Québec. M. Duceppe veut nous retourner dans la noirceur d'il y a 50 ans, un Québec refermé sur lui-même.»

M. Fortier commentait la menace exprimée par le chef bloquiste selon laquelle le Bloc votera contre le gouvernement si le prochain discours du Trône n'annonce pas la fin, en février 2009, de la mission canadienne à Kandahar. Le sénateur Fortier est un des ministres les plus solides du cabinet Harper. Mais cette charge contre M. Duceppe est injuste.
L'inquiétude de Gilles Duceppe au sujet de la mission canadienne en Afghanistan ne date pas du déploiement du 22e Régiment. Il y a plus d'un an, M. Duceppe exigeait que le premier discours inaugural du gouvernement conservateur comprenne l'engagement de soumettre toute mission militaire à un vote de la Chambre des communes. En décembre 2006, le chef du Bloc parlait de renverser le gouvernement si celui-ci ne «rééquilibrait» pas la mission en Afghanistan en faveur du volet reconstruction. Et dans un discours prononcé le mois suivant à l'invitation du Centre d'études et de recherches internationales de l'Université de Montréal (CERIUM), M. Duceppe déclarait que M. Harper «ne pourra compter sur le Bloc» à moins de s'engager fermement à mettre davantage l'accent sur l'aide au peuple afghan.
Dans cette colonne, nous appuyons depuis le début la participation des Forces armées canadiennes à la guerre en Afghanistan. Nous avons parfois déploré l'opportunisme dont ont fait preuve les partis de l'opposition dans ce dossier. Toutefois, il nous faut reconnaître que Gilles Duceppe a été remarquablement cohérent dans ses prises de position à ce sujet. Il a aussi fait preuve d'une certaine hauteur de vues. Compte tenu de l'opposition massive des Québécois à cette mission, il aurait pu exiger le retrait immédiat de nos soldats (c'est ce que souhaitent 62% des Québécois). Or, tout en exprimant des réserves, M. Duceppe n'a jamais cessé de soutenir l'opération. «L'intervention internationale en Afghanistan est une noble cause, a-t-il affirmé devant le CERIUM. Pour jouer notre rôle, nous sommes appelés à faire des sacrifices, mais ils en valent la peine.»
En réalité, le Bloc québécois a bien mieux expliqué sa position dans ce dossier que les conservateurs n'ont défendu la leur. M. Harper et ses ministres n'ont malheureusement pas su gagner l'appui de la population à cette mission. Or, en démocratie, un gouvernement ne peut envoyer ses soldats risquer leur vie si les citoyens ne sont pas dans le coup.
Voici que, après s'être longtemps moqué du Parlement, le premier ministre Harper prétend s'en remettre à lui pour la suite des choses. Cet étrange revirement ne fait qu'ajouter à la confusion et nourrit l'impatience des Canadiens. Dans l'état actuel des choses, le gouvernement ferait mieux de lever dès maintenant toute ambiguïté et d'annoncer que nos Forces auront quitté Kandahar en février 2009.
apratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

  • 308 197

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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