Un non fatidique

Droite québécoise - Force Québec



Le coup sera certainement très difficile à encaisser, sinon fatal, pour François Legault, qui comptait beaucoup sur Joseph Facal. Si même lui refuse de s'associer à un nouveau parti de centre droit, qui osera maintenant le faire?
Dans une entrevue accordée au Soleil il y a deux semaines, M. Legault avait reconnu que certaines personnalités désireuses de se joindre à un simple mouvement avaient été refroidies à l'idée qu'il se transforme en parti. Il assurait néanmoins que son projet était «plus vivant que jamais». Soudainement, l'avenir paraît bien sombre.
Dans la mesure où M. Facal refuse toute entrevue, il est difficile de savoir exactement ce qui a motivé son non fatidique. Les deux hommes ne s'entendaient sans doute pas sur tout, mais on ne peut pas parler d'une divergence d'ordre idéologique. M. Legault se situe un peu plus à gauche et il est moins préoccupé par la question identitaire que son ancien collègue, mais ils portent le même regard «lucide» sur la société québécoise et ils s'accordent sur la nécessité d'un sérieux coup de barre.
Le différend semble plutôt porter sur le timing. «Nous ne faisons pas la même lecture de ce qu'il convient de faire à l'heure actuelle», a expliqué M. Facal dans une chronique publiée hier dans Le Journal de Montréal. Autrement dit, la formation d'un nouveau parti politique est peut-être une bonne idée en soi, mais pas maintenant.
D'ailleurs, ceux qui connaissent mieux l'ancien ministre ont toujours douté qu'il se lance dans cette aventure. M. Legault a une âme d'entrepreneur, et l'action lui manque visiblement. Après avoir bâti une compagnie d'aviation de toutes pièces, partir de rien ne le rebutait pas. M. Facal, lui, n'a jamais caché que sa vie d'universitaire-chroniqueur lui plaisait énormément. L'idée de créer un nouveau parti pouvait sembler séduisante, mais le travail de terrain que cela exige aurait été nettement plus ingrat.
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M. Facal a trop d'expérience pour se laisser impressionner par un sondage qui lui accordait près de 40 % des intentions de vote. Les chances qu'il prenne le pouvoir à sa première tentative sont infimes. Dans l'état actuel des choses, il risquerait plutôt de favoriser la réélection des libéraux. Le dernier sondage Léger Marketing-Le Devoir accordait seulement 4 points d'avance au PQ. Un fractionnement accru du vote francophone pourrait lui causer un tort immense.
Dans la meilleure des hypothèses, un nouveau parti hériterait de la balance du pouvoir. Le regroupement de souverainistes et de fédéralistes que souhaite M. Legault aurait cependant bien du mal à négocier une alliance, que ce soit avec le PLQ ou avec le PQ. D'ailleurs, à en juger par l'expérience de 2007, il ne faudrait rien espérer de très audacieux d'un gouvernement minoritaire. Les lucides ne seraient sans doute pas en mesure de lui imposer leurs priorités.
M. Facal affirme que son analyse générale du Québec, telle qu'il l'a exposée dans son récent discours devant la Ligue d'action nationale, demeure la même. La souveraineté lui apparaît toujours souhaitable, mais il ne croit pas qu'un référendum gagnant soit possible à court terme.
Il plaide depuis longtemps l'urgence d'un redressement des finances publiques et des grands réseaux de services publics, santé et éducation. Dans son discours de L'Action nationale, il disait voir dans ce redressement un préalable à la souveraineté. Une fois remis en mouvement, les Québécois auront de nouveau envie de se pencher sur leur avenir politique, expliquait-il.
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Dans sa chronique d'hier, il a «malheureusement» dû ajouter un nouveau chantier: l'éthique publique. Pour se réintéresser à la question nationale, il faudrait aussi que les Québécois «reprennent confiance en leurs dirigeants».
À cet égard, favoriser la réélection des libéraux est certainement la dernière chose à faire. Les rumeurs selon lesquelles le premier ministre Charest s'apprêtait à annoncer la nomination d'un procureur spécial, qui ferait accélérer les enquêtes policières en cours, ont été rapidement démenties.
Dans le discours qu'il prononcera demain dans le cadre du débat sur la motion de censure présentée par le PQ, M. Charest se contentera vraisemblablement de réitérer les raisons pour lesquelles il exclut toujours la tenue d'une enquête publique.
M. Facal n'a jamais caché la déception que lui avait causée Pauline Marois qui, après avoir promis de moderniser la social-démocratie, y est allée de quelques déclarations sur la création de la richesse sans remettre sérieusement en question le «modèle québécois» hérité de la Révolution tranquille.
En revanche, si Mme Marois devient première ministre, il n'y a aucune raison de douter de sa détermination à tenir une enquête publique sur la corruption dans l'industrie de la construction et ses liens avec le financement des partis politiques, dans la mesure où elle aurait tout intérêt à faire en sorte que l'image du PLQ soit flétrie pour de longues années.
Voilà une autre semaine qui commence mal pour M. Charest. La création d'un nouveau parti aurait pu être une bouée de sauvetage inespérée. Elle risque maintenant de se dégonfler très vite.


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